Le Guillaume Soro, qui a rencontré le général nigérien Abdourahamane Tchiani le 13 novembre 2023, je l’ai trouvé amaigri, pas au mieux de sa forme. A-t-il perdu du poids parce qu’il souffre d’une grave maladie ou bien parce qu’il est rongé par des soucis et regrets liés à sa participation active d’abord à la tentative de coup d’État du 19 septembre 2002 qui endeuilla et divisa le pays, ensuite au renversement de Laurent Gbagbo en 2011?
Quoi qu’il en soit, l’ancien secrétaire général du syndicat estudiantin (la Fesci) a déclaré qu’il voulait retrouver la terre de ses ancêtres. La question que l’on pourrait légitimement se poser ici est la suivante: pour faire quoi? Je doute qu’il cherche à se réconcilier avec Dramane Ouattara. Sinon, il n’aurait pas décoché quelques flèches à ce dernier tout en encensant les autorités nigériennes qui entretiennent des relations exécrables avec le régime d’Abidjan depuis leur arrivée au pouvoir à Niamey.
Certains pensent que Soro désire rentrer dans son pays parce qu’il sait ses jours comptés et parce qu’il n’a pas envie de mourir à l’étranger. D’autres estiment qu’il compte utiliser le Niger, le Burkina et le Mali comme bases arrières pour dégager l’homme qu’il a aidé à prendre le pouvoir en 2011 et qui veut sa peau aujourd’hui. Pour eux, ce serait le meilleur cadeau de fin d’année, le meilleur service que le patron de Générations et peuples solidaires (GPS) rendrait au pays. Ils ajoutent que Dieu, dont les voies sont insondables, veut peut-être passer par Soro pour mettre fin au calvaire des Ivoiriens, calvaire qui n’a que trop duré.
Quant à l’argument selon lequel Soro a fait preuve de courage en annonçant qu’il mettait fin à son exil de 4 ans, il est non seulement farfelu mais risible. Le courage et la dignité se trouvent plutôt du côté de ceux et celles qui sont en exil depuis 2011 à cause de lui, qui ont tout perdu à cause de lui, qui sont obligés d’exercer aujourd’hui n’importe quel boulot pour survivre et qui affrontent stoïquement leur situation comme le loup qui meurt sans jeter un cri dans “Les destinées” d’Alfred de Vigny.
“Avec la patience, les nuages se dissipent, le ciel s’éclaircit et le soleil réapparaît “, disait Mazouz Hacène. Attendons donc!
Jean-Claude Djéréké