« Nous, peuples africains, ne voulons plus être dominés, exploités, abusés, tyrannisés, appauvris et assujettis. Ni par la France, ni par leurs valets nègres qu’ils ont installés à la tête de nos pays.….»
Le Palmier Africain : Farida Nabourema bonjour, vous êtes la coordinatrice de la manifestation unitaire du 28 Septembre 2010 contre la Françafrique. Pouvez-vous nous dire quel est le but de cette initiative ?
Farida Nabourema: Bonjour M. Agbekponou. Je souhaiterai vous remercier en premier de m’avoir accordé cette interview. La manifestation du 28 Septembre est organisée par les africains de par le monde pour dénoncer la Françafrique et annoncer aux dirigeants et aux pillons de ce système que les peuples africains ne veulent plus êtres dominés, exploités et tyrannisés et ont donc choisit de se libérer du néocolonialisme et du despotisme. Le 28 Septembre 2010, pour commémorer le referendum guinéen de 1958, date a laquelle les peuples africains de la Guinée ont votés « NON » a la colonisation, et pour marquer le cinquantenaire des « indépendances dépendantes» des pays africains, les africains ont choisit de manifester simultanément dans le monde entier, leur aversion de la domination et de l’exploitation ; plus particulièrement celle de la Françafrique. Ceci dit, le but de notre manifestation est de dire « NON » à la Françafrique, de proclamer notre affranchissement du néocolonialisme, et d’annoncer à nos oppresseurs que nous allons leur résister s’ils s’obstinent à vouloir nous maintenir sous leur joug.
Le Palmier Africain : Quels sont les pays dans lesquels cette marche unitaire aura lieu et les associations qui y prendront part ?
Farida Nabourema: En ce jour il y a au total 12 pays qui participeront a cette manifestation à savoir la France, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre, le Togo, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, les Etats-Unis, le Canada et la Malaisie.
Cependant, la liste est ouverte et il y a de fortes chances que les africains vivant dans d’autres états, se joignent à nous et organisent aussi cette manifestation dans leur pays de résidence.
Le Palmier Africain : D’aucuns disent que la Françafrique est un concept désuet datant de la période de DeGaulle et que de nos temps elle a totalement disparut. Pouvez-vous nous dire concrètement quels sont les éléments qui vous font croire que la Françafrique est toujours vivante ?
Farida Nabourema: La Françafrique n’est pas morte avec De Gaulle, Houphouët Boigny, Sedar Senghor et ces autres anciens dirigeants fantoches qui ne sont plus de ce monde. La Françafrique existe belle et bien toujours et je dirai même qu’elle a grandit au fil des années a telle enseigne qu’il nous devient de plus en plus difficile de la déraciner. Les preuves de l’existence de la Françafrique sont si visibles et si nombreuses qu’il faille être aveugle pour ne pas les voir. Je vais citer un événement récent qui prouve la soumission de nos dirigeants africains à l’Elysee et vice versa. Il s’agit du défilé de la honte qui a eu lieu le 14 Juillet dernier ; un défilé qui a servit à dénigrer les peuples africains. Par ailleurs, en Janvier 2008, le secrétaire d’état Français de la coopération, Jean-Marie Bockel a annoncé dans le journal Le Monde qu’il « veut signer le certificat de décès de la Françafrique ». Et bien, si un homme d’état de la France reconnait lui-même que la Françafrique vit toujours, c’est qu’elle vit. Personne ne connait mieux les détails d’un crime que le criminel lui-même. Nous les victimes, pourront dire qu’ils pillent nos ressources (Total, Areva, Bolloré etc..), installent des régimes dictatoriaux obscurantistes et fantoches a la tète de nos pays (RPT, PDG, RDPC etc.), continuent d’assassiner et de faire assassiner les africains patriotes qui luttent pour l’épanouissement de leur peuple (Norbert Zongo, Atsutse Agbogbli…), aident les ces régimes sanguinaires à réprimer nos populations (Romuald Letondot) et j’en passe. Mais outres ces crimes humains, socioéconomiques et diplomatiques qu’elle perpètre dans nos pays et qui prouve que la Françafrique existe toujours, il y a d’autres choses que cette Françafrique fait dans les coulisses dont nous les victimes ne voyons pas les actes, mais justes les conséquences de ces agissements. Et la plus affreuse de ces conséquences est l’extrême pauvreté de nos populations.
Le Palmier Africain : Que vous inspire le récent événement au Togo ou on a vu un officier français en train de menacer le confrère Didier Ledoux ?
Farida Nabourema: Et bien pour être franche avec vous, c’est cet événement qui m’a décidé à ne plus observer la lutte contre la Françafrique mais à regagner cette lutte et agir contre nos malfaiteurs. Cette année 2010, les africains et les togolais particulièrement, ont encaissé trop d’humiliations et d’abus de la part des autorités francafricaines. Il n’y a rien de nouveau à la tyrannie du RPT et des troupeaux de fauves qu’ils ont habillés en treillis et font passer pour des militaires et des gendarmes. Et je sais que ce n’est pas la première fois non plus que les oppresseurs français baptisés « coopérant » par la Françafrique abusent nos populations. Mais ce qui m’a le plus choqué et révolté dans l’affaire Letondot est la manière hautaine dont ce monsieur à osé dire dans le journal l’Express.fr que c’est lui qui est la victime du peuple togolais. Ce monsieur après avoir exploité, réprimé et abusé le peuple togolais a eu le culot de se faire passer pour la victime. J’ai trouvé cet acte cynique très outrageux et insultant pour mon peuple et je me suis dite que ca suffit : Je ne peux plus rester inactive et gober plus d’injures. Je souhaiterai donc remercier énormément Letondot, de m’avoir motivé de plus belle dans la lutte pour la libération de mon pays et du continent africain. Merci de m’avoir inspiré à organiser une manifestation panafricaine unitaire pour dénoncer simultanément dans le monde entier ce système mafieux auquel il appartient et qui altère l’épanouissement de notre peuple : la Françafrique. J’ai toujours été contre ce système, l’ai toujours dénoncé mais l’affaire Letondot m’a poussé à le combattre farouchement contre jusqu’à sa destruction totale. Plus jamais, l’on ne doit tolérer les humiliations et les abus de la Françafrique ! Plus jamais !
Le Palmier Africain : Quel est le contenu de votre message a la France le 28 Septembre 2010 ?
Farida Nabourema: Notre message à la France est tout simple. Nous, peuples africains, ne voulons plus être dominés, exploités, abusés, tyrannisés, appauvris et assujettis. Ni par la France, ni par leurs valets negres qu’ils ont installés à la tête de nos pays. Nous nous proclamons libres et combattrons toute personne ou système, qui cherchera à nous ôter cette liberté. Les africains ont payés trop chers pour s’affranchir et il est hors de question que nous nous laissons voler cette liberté la. Bref, notre message à la France est que nous disons « Non » à toute forme de domination. Nous sommes libres et pouvons décider nous même de notre destinée. Que la France ne s’ingère plus dans la politique intérieure de nos pays et qu’elle n’essaye plus d’empêcher notre lutte contre ces rois negres qu’elle a mis au pouvoir.
Le Palmier Africain: De plus en plus, les chefs d’état africains cherchent à se faire succéder par leurs fils. Pensez-vous que la France est derrière ces initiatives ?
Farida Nabourema : Je répondrai Oui et Non. Oui parce que la France décide avec ces dirigeants fantoches de qui va leurs succéder. Et ces chefs d’états despotes et égoïstes ont tendance à positionner leurs enfants afin que le « soupé » demeure dans la famille. Les Eyadema et les Bongo ont joués au « Patron, si je pars il y a aussi mon fils qui est la hein ! » Non parce que ce n’est pas la France qui souhaite forcement que leurs valets soient remplacés par leurs enfants. Cependant, elle n’est pas contre les dynasties africaines du moment où celles-ci sont manipulables et protègent les intérêts de la France. La France veut pouvoir avoir la main mise sur les richesses de nos pays et n’importe quel individu lettré (Senghor) comme illettré (Eyadema), père comme fils, neveu comme oncle ou ami, qui peut permettre a cette dernière d’atteindre ses objectifs en Afrique, l’arrange. Le rejeton d’Eyadema serait contre la Françafrique et la domination étrangère qu’il ne serait pas président du Togo. Je pense que ca importe peu a la France que les enfants des dirigeants les remplacent. Tout ce que la France veut, c’est de nouvelles soubrettes et ce sont nos dirigeants qui positionnent leurs enfants à les remplacer comme laquais, dans la maison de la Françafrique.
Le Palmier Africain: Quel est votre vision de la situation actuelle au Togo, notamment la lutte fratricide au sein de l’UFC et la division du parti en UFC-AGO et UFC-Fabre ? De quel coté vous situez-vous ?
Farida Nabourema : Ma vision de la situation politique actuelle du Togo n’est pas « cette lutte fratricide » au sein de l’UFC comme vous le dites. Pour moi, il n’existe pas d’UFC-AGO et d’UFC-Fabre. Il n’existe et n’existera qu’une seule et unique UFC. Celle crée par les membres de ce parti et non celle crée par le RPT. Gilchrist Olympio a décidé de s’allier au RPT pour enfoncer le Togo de plus belle. C’est son choix et c’est très dommage. Mais je déplore le fait que l’on lui accorde trop de privilège en continuant à parler de lui au point de demander à une militante togolaise, ce qu’elle pense de GO et de son groupe de vendus que d’aucuns appellent les AGO. Et bien pour moi Gilchrist Olympio est une affaire classée. Dans une lutte politique, on perd souvent les gens en cours de route. Certains se font tuer et d’autres se font acheter par l’adversaire. Et bien je suis d’accord que l’on pleure ceux qui sont morts pour la cause noble mais ne conçoit pas que l’on puisse toujours parler des traitres. Parler des vendus énerve, déçoit et décourage. Et c’est ce pourquoi je n’aime pas que l’on continue à se morfondre sur le cas Gil. Gil est au RPT et son parti politique ne s’appelle pas UFC-AGO mais s’appelle AGO tout court. Car, ce ne sont pas les forces du changement du parti qui ont rejoint le RPT mais plutôt quelques individus égarés et affamés qui ont besoin des aumônes du RPT pour survivre. Alors employer le terme UFC-AGO est une aberration. Et aussi, la personnification des partis politiques est très dangereuse. C’est le fait que pendant des années, les gens n’ont pas su distinguer Gilchrist Olympio de l’UFC et voient ces deux entités comme une seule, que Gil s’est permis de prendre des décisions autocratiques comme si le parti était son entreprise privée et les militants du parti ses cacaotiers et ses cafiers. Par là, je recommande que l’on cesse d’employer les expressions UFC-AGO et UFC-Fabre. L’UFC n’appartient ni a Gilchrist Olympio, ni a Jean Pierre Fabre, mais a tous les militants de ce parti. Et ces militants, ont choisit de continuer leur lutte avec Jean Pierre Fabre.
En outre, je ne trouve pas l’UFC divisée. Des centaines de milliers de togolais sont officiellement membres de ce parti et ce n’est pas parce que moins d’une centaine de ces militants ont regagnés le RPT que l’on doit parler de division au sein du parti. Les vrais militants de ce partis sont toujours présents et le nombre des manifestants hebdomadaires contre le RPT est la preuve que l’UFC vie toujours et que les AGO ne constituent qu’une goutte d’eau dans la mer.
Le Palmier Africain : Votre mot de fin
Farida Nabourema: En mot de fin, je souhaiterai remercier mes compatriotes et mes frères africains qui sont engagées dans cette lutte pour libérer nos pays de toute forme de domination et d’exploitation. Je souhaiterai dire a ces derniers de ne pas se laisser décourager par les traitres et les vendus. Notre lutte n’est pas un combat facile mais nous devons résister, et seule la mort doit nous vaincre. Ni le RPT, ni la Françafrique ne doivent remporter la victoire. La victoire appartient au peuple : a nous.
Et à ceux qui ont peur de s’engager, je voudrais dire que dans nos pays africains, nous mourrons plus des conséquences de la mauvaise gouvernance et de la Françafrique que nous ne mourrons des balles de nos oppresseurs. La pauvreté, les maladies, les accidents de routes dus au manques d’infrastructures et j’en passe, font plus de mort que n’en font directement ces régimes totalitaires. J’invite donc tous les africains et amis de l’Afrique ou qu’ils se résident à se joindre a nous pour manifester notre ras-le-bol et lutter contre la Françafrique. Nous seuls, pouvons écrire notre histoire. Enfin, je convie tout le monde à visiter le blog www.afrmomanif.com pour avoir plus d’informations sur la manifestation du 28 Septembre 2010.
Le Palmier Africain : Merci, Mademoiselle Nabourema
Farida Nabourema: C’est moi qui vous remercie Mr Agbekponou
Interview Réalisé par Joël Y. Agbekponou