Le plaisir féminin augmente avec l’âge, selon une étude américaine. Même si le désir, lui, se fane.«J’ai 74 ans. Ma vie sexuelle n’a jamais été aussi épanouie», lance une Jane Fonda rayonnante dans le dernier Paris Match. Serait-elle une exception? Pas du tout, 3e âge et septième ciel riment parfaitement. Mieux: le plaisir féminin augmente même avec le temps qui passe, affirme une étude scientifique qui vient de paraître dans The American Journal of Medicine. Mais le désir, lui, décline avec le vieillissement.Moins mais mieux Pour parvenir à ces conclusions qui semblent paradoxales, les chercheurs de l’Université de Californie ont questionné plus de 800 femmes de 40 à 99 ans, avec un âge moyen de 67 ans. Elles n’ont rien caché de leurs galipettes, leur libido et leur satisfaction sexuelle.
Résultat: les femmes les plus âgées ont moins d’activités sexuelles, que ce soit seules ou avec un partenaire. Mais près de la moitié des plus de 80 ans se disent «toujours» ou «presque toujours» sexuellement satisfaites, y compris celles qui n’ont plus de partenaire. Cette proportion tombe à 33% pour les femmes de 40 à 55 ans. Enfin, deux tiers des octogénaires ayant une vie sexuelle affirment atteindre l’orgasme la plupart du temps ou à chaque fois. Bref, pour ces dames, ce serait moins mais mieux. Pourtant, selon l’étude, la libido se fane avec l’âge. Un tiers des dames actives sexuellement disent n’avoir jamais ou quasi jamais de désir. Et ce pourcentage augmente avec les années. «La moitié des octogénaires évoquent l’excitation ou l’orgasme, mais rarement un désir sexuel», a résumé le Dr Elizabeth Barrett-Connor, l’une des chercheuses qui a mené l’étude. Pas de désir mais du plaisir? L’un n’entraîne-t-il pas l’autre? «En opposition avec le modèle linéaire traditionnel dans lequel le désir précède le sexe, nos résultats suggèrent que les femmes s’engagent dans une activité sexuelle pour des raisons multiples, qui peuvent inclure l’affirmation ou la préservation d’une relation», note le Dr Barrett-Connor. Des galipettes sans désir, donc, mais qui n’empêchent pas de grimper aux rideaux.
«Un désir qui décroît avec l’âge? C’est a priori surprenant», réagit le Dr Dominique Chatton, sexologue à Genève, qui se mon-tre sceptique sur ce volet de l’étude. Avant de souligner: «La population vieillit, la recherche s’intéresse de plus en plus à la sexualité du 3e ou du 4e âge. Tant mieux, car ce domaine reste méconnu et est le parent pauvre de la sexologie.» «On sait ce qu’on veut» Il trouve par contre logique que le plaisir augmente avec les années. «La sexualité féminine nécessite plus d’apprentissage que celle de l’homme. Les femmes qui ont une vie sexuelle active au-delà de la ménopause continuent à s’approprier leur sexualité et deviennent toujours plus expertes.» Un avis de spécialiste confirmé par Jane Fonda. «Un des bénéfices de la vieillesse, c’est qu’on sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus. Je sais enfin ce dont mon corps à besoin.» Elle n’est pas la seule.
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