Le Togo appartient à cettte famille !

0

De 1967 à 1979, le Togo vit sans Constitution. Le pays est gouverné par arrêtés, décrets et ordonnances. En août 1969, c’est la création du Rassemblement du Peuple Togolais le RPT, le tout puissant parti unique qui prime sur toutes les institutions de l’État, et qui achève de verrouiller le pays en infligeant aux togolais une véritable « police de pensée ». Eyadema élevé au rang de « Père de la nation » est affublé de toutes ses éminentes qualités « guide éclairé », « timonier national »« président fondateur », « héros infatigable », il ne résistera pas longtemps à la tentation du pouvoir personnel et au culte de la personnalité élevant ses propres statues et délaissant, petit à petit les réalités du Togo

• De 1967 à 1979, le Togo vit sans Constitution. Le pays est gouverné par arrêtés, décrets et ordonnances. En août 1969, c’est la création du Rassemblement du Peuple Togolais le RPT, le tout puissant parti unique qui prime sur toutes les institutions de l’État, et qui achève de verrouiller le pays en infligeant aux togolais une véritable « police de pensée ». Eyadema élevé au rang de « Père de la nation » est affublé de toutes ses éminentes qualités « guide éclairé », « timonier national »« président fondateur », « héros infatigable », il ne résistera pas longtemps à la tentation du pouvoir personnel et au culte de la personnalité élevant ses propres statues et délaissant, petit à petit les réalités du Togo. De 1970 à 1990 on peut parler d’un régime dictatorial sans état d’âme. En ces temps post coloniaux le peuple togolais se satisfait de son sort dans un pays calme et dont la stabilité a longtemps servi à l’étranger de vitrine honorable au général. Eyadema c’est son prénom, il est habituel au Togo d’appeler les dirigeants par leur prénom. Son nom de famille est Gnassingbé. Ce qui va renforcer la mythologie du chef et tétaniser ses adversaires est l’incroyable série d’accidents et d’attentats auxquels le général va échapper. Le plus spectaculaire d’entre eux à lieux le 24 janvier 1974 au-dessus du village de Sarakawa, dans le nord près de Kara, l’avion présidentiel lourdement chargé, un DC 3 piloté par deux pilotes français s’écrase au décollage faisant quatre morts. Eyadema seul survivant sortira indemne. Pour continuer à puiser une partie de sa légitimité l’épisode du Sarakawa occupera une place centrale dans l’imagerie officielle. Il en profitera pour prononcer un discours ou il dénonce un complot de l’étranger et en profitera pour nationaliser les phosphates. Il exploitera son image d’homme béni, choisi, et protégé des Dieux. Patron tout en ruse, en volonté, en instinct de survie, déjouant moult conspirations, sortit indemne de plusieurs tentatives d’assassinat et de six ou sept tentative de coup d’état. C’est aussi le quasi sorcier, inquiétant, le chasseur bardés de talismans, des croyances d’armes magiques, le broussard intelligent et brutal.

 

• Quatrième plus grand producteur de phosphate au monde, le détournement d’argent sur les ventes d’une des principales matières première, ont servi à développer la région d’où est natif le Président « la Kozah ». Comme son homologue ivoirien feu Félix Houphouët Boigny qui en son temps avait fait ériger à Yamoussoukro sa ville natale une construction grandiose à la mesure de sa mégalomanie, une construction délirante : « Notre Dame de la paix », majestueuse cathédrale, comparable à celle de Saint Pierre de Rome. Porter par le boom des phosphates le général Eyadema se lance dans une politique de grands travaux qui se soldera par une succession de chantiers industriels ruineux, laissés en friche sitôt leur construction terminée. Il s’est fait construire entre autre, à Niamtougou en pleine savane près de Kara, un aéroport de classe internationale d’une piste de 2500 mètre pouvant ainsi accueillir les gros porteurs. Au départ le projet part d’un bon principe, désenclaver le nord du pays. Cette intention a été très dévoyée pour verrouiller militairement la région, et servir une corruption distributive de prébendes. Cet aéroport fonctionne surtout depuis des années comme un aéroport privé, lui permettant de poser son avion personnel un Boeing 707 et recevoir tous ces hôtes de marque. Il sert également d’escale continentale pour d’important mouvement de marchandises plus ou moins licites comme le consigne un rapport de l’ONU. En arrivant à Lomé, on saisit mieux l’ampleur de la gabegie, avec son étonnement réseau de banques, d’hôtel de luxe à moitié vide, d’usines abandonnées, de bâtiments administratif fantôme en béton démesuré et inepte. Des constructions massives et ruineuses des années 70I80 laissées en friches et désaffectées aussitôt leur construction terminée, sans étude de rentabilité, sans projection sur le long terme, sans appel d’offre internationale. La France et ses intermédiaires obtenaient des gouvernements en place d’investir des sommes faramineuses, prélevées sur leur budget, pour participer à des projets de développements complètement inadaptés aux réalités locales et réalisés directement au titre de la coopération bilatérale. Le Canard enchainé résumera plus tard : « le Togo est en tête du hit-parade des pays pauvres qui gaspillent le peu d’argent qu’ils ont pour réaliser des projets couteux et inutiles mais générateurs de grosses ristournes ».

• Toutes ces réalisations de prestige et d’envergure d’initiative publique qui s’avère plus couteuse que bénéfique et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier sont responsable du naufrage du Togo, appelés « éléphants blanc ».Les éléphants blancs sont des projets somptuaires et inutiles que la France acceptait de financer pour faire plaisir aux chefs d’États qui leur mangeaient dans la main. C’était bien sûr des entreprises françaises qui en assuraient les constructions.

• Je vous communique quelques exemples d’une liste non exhaustive de projets avortés (extrait du livre de Gilles Labarthe : « Le Togo de l’esclavage au libéralisme mafieux ».

• – Le mieux intentionné de tous ces grands projets et seul échec reconnu officiellement à l’époque par la Caisse française de développement, fut la cimenterie de l’ouest africain installé à Lomé (CIMAO). Cette société dont le capital était réparti entre les États de la sous-région a sombré comme un navire amiral un mois après sa mise en exploitation, victime de mauvaise gestion.

• – Une usine de textile à Kara « Togotex » n’a jamais tourné à plus de 10 pour cent de ses capacités avant de fermer plusieurs milliard de francs CFA engloutis.

• – Un brasserie et une usine de noix de cajou fruit de la coopération germano togolaise fermée et envahie par les hautes herbes quelques années après son ouverture. Encore quelques milliard de dilapidés

• – 13 milliards (CFA) parti en fumé pour la Société togolaise de sidérurgie, fiasco total.

• – 14 milliards (CFA) pour une raffinerie, alors que le pays ne produit pas une goutte de pétrole. La société togolaise des hydrocarbures fermée sera transformée en simple dépôt.

• – 35 milliards (CFA) dans une construction de 37 étages à l’époque ou le régime caressait l’espoir d’y voir s’installer l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Transformé en hôtel appelé le 2 février déficitaire et couteux.

• – Le barrage de Nangbéto estimé à 80 millions de francs français aura finalement coûté 50 milliards de francs CFA.

• – Près de 1,2 milliard de francs CFA sont siphonnés chaque mois dans les caisses de l’État pour arroser, récompenser, une horde de courtisans, communicants, juristes avocats, faux opposants.

• – Les recettes fiscales et douanières d’État sont versée sur un compte unique la Banque centrale des États d’Afrique de l’ouest (BCEAO), sous le contrôle du Président de la République.

• Conclusion d’un rapport accablant en juillet 2002 de l’ex-premier ministre Agbéyomé Kodjo :

• – Les marchés publics sont truqués aux profits des parents et amis. Ces dysfonctionnements se traduisent, par le déclin de l’autorité de l’État, un marasme économique et financier, l’inefficacité de la fonction publique, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, la gestion patrimoniale et opaque des finances publiques, pour les spécialistes de la corruption généralisée, le Togo permet le développement des pires trafics menés en toute impunité».

• Après des années de folles illusions et de vie au-dessus de ses moyens, l’État togolais plombée jusqu’à la moelle tombe en faillite et son économie est placée sous tutelle par le FMI et la Banque mondiale. Mais il a engendré dans le même temps des fortunes privées colossales. Quand on sait que la tête est pourrie la corruption allait pouvoir se répandre de haut en bas et descendre jusqu’à l’agent de circulation et le douanier.

• En termes de coopération militaire avec la France, le Togo reste cependant un allié de longue date et par conséquent un bon client de l’industrie d’armement française. Les régimes militaires africains représentent d’assez bons débouchés pour les pays vendeurs d’armes. Un militaire au pouvoir est donc par essence plus rentable en matière d’achats d’armements. L’armée mal structurée au niveau de son commandement, peu disciplinée, et victime de purges sanglantes reste tout de même la pièce maîtresse du dispositif autoritaire mis en place par le régime. Ce pays représente un bastion militaire non négligeable dans la sous-région. Depuis son arrivée au pouvoir en 1967 Eyadema issue de l’ethnie Kabyé qui représente environ 14 pour cents de la population togolaise, « tribalise l‘armée ». En s’appuyant sur la politique de l’authenticité importée du Zaïre par le Président Mobutu, il met en avant sa propre ethnie d’origine, la plus ancienne à occuper les terres togolaise selon une théorie solide et sans fondement mais rapidement imposé par l’État, avec l’idée qu’un groupe ethnique détiendrait un titre de propriété historique sur le pays, et serait , in fine, légitimement qualifié pour gouverner. Ce redoutable discours identitaire qui prédomine engendre nous l’avons vu avec le Rwanda entre Hutus et Tutsis, massacre inter ethnique et génocide. En Côte d’Ivoire se sera « l’ivoirité », un concept politique ivoirien définissant les caractères nationaux, lancé par Henri Konan Bédié candidat à la présidence, qui consistait en une épuration ethnique, et surtout la neutralisation des ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire dont son rival, Alassane Ouattara était issue. Au Togo elle ne fait qu’attiser les haines et les rancœurs entre le nord et le sud.

• Les forces armées togolaises (FAT) :

• C’est une armée quasi mono ethnique, mais fragmentée en diverses factions appelées « clans », relevant plutôt de la bande ou de la milice échappant à tout contrôle. Forte d’environ 13000 hommes, 12000 appartiennent à l’armée de terre. Pour Eyadema la tribalisassions de l’armée est un des clivages qui tient du prestige. L’armée de terre est pour lui éminemment une affaire de « muscles », de physique ou excellerait son groupe identitaire les « Kabyés », exigeant ainsi une spécialisation ethnique du commandement. Le commandement de l’armée de terre est systématiquement confié aux kabyés, groupe dominant au sein des FAT. Les commandements de l’armée de l’air et de la marine perçu par le dictateur comme des structures trop intellectuelles, sont attribués aux autres ethnies. Le numérus clausus d’officiers qui forment le pilier du pouvoir politique est constitué surtout par les liens ethniques, de village, de mariage et à cet égard les FAT sont une véritable armée de cousins. L’installation durable des FAT dans la gestion des affaires publiques contribue largement au pillage des ressources économiques et fait de ce pays un véritable État voyou et ou le népotisme est roi. Les officiers occupent des fonctions dans le gouvernement et l’administration civile et s’enrichissent sans vergogne par des trafics en tous genres, (détournement de fond, drogue, armes, voitures volées venant d’Europe, passeports, cartes grises, carte de séjour, racket etc…).Les trafiquants ont recours à de nouveaux circuits exemples : les diamants de la guerre de Sierra Léone transitaient par le Togo. Comme l’ont signalé plusieurs rapports des organisations du trafic illicite de stupéfiant français, le Togo demeure un lieux charnière pour la contrebande, le trafic d’armes, de diamants et de drogue impliquant les milieux policiers, militaires et politiques. Véritable plaque tournante depuis 25 ans du cannabis et de l’héroïne (Indes, Pakistan) de la cocaïne(Colombie).Le rapport d’un comité d’experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU implique directement Eyadema dans la violation de l’embargo international contre la fourniture d’armes à la rébellion angolaise de Jonas Savimbi (UNITA) achetés avec les diamants du chef rebelle.

• La discipline hiérarchique de l’officier à l’homme du rang est souvent mise à mal en raison des liens tribaux, ou simplement affectifs. Certains subordonnés refusant d’obtempérer en raison de leur lien de parenté avec la famille d’Eyadema, arrivent à faire sanctionner leurs supérieurs et obtiennent ainsi leur promotion en les dénonçant. La discipline entre militaires de même grade, n’est pas garantie non plus. Elle est sérieusement ébranlée par un système de délation et une surveillance rendant toute tentative de déstabilisation du régime. On neutralise les ambitieux et on récompense les médiocres. Les règlements de comptes, les frustrations et les mécontentements sont légions du fait qu’il n’y a pas de statut militaire et de tableau d’avancement. Pour éliminer un collègue, voir un ami dont on convoite la place ou le poste, il suffit de rapporter auprès du dictateur qu’un coup d’État se prépare pour que la sanction tombe sans que l’on se donne vraiment la peine de réunir des preuves.

• C’est donc une armée aux dérives mafieuses qui échappe aux contrôles institutionnels. Les FAT sont au-dessus des lois et n’ont de comptes à ne rendre à personne, pas même à la justice qui au contraire est soumise entièrement aux officiers supérieurs et généraux de l’armée.

• Au moment des troubles insurrectionnels des années 1990-1993, Eyadema se reposait sur son armée et avait dénoncé les revendications de la Conférence nationale souveraine comme une stratégie des gens du Sud visant à lui ravir « son » pouvoir. Il s’est alors replié de plus en plus vers un radicalisme ethnique en confiant les directions de la haute administration publique ainsi que la quasi-totalité des directions des sociétés d’État à des Kabyés, surtout issue de son village natal. Pour garder la main sur tous les leviers du pouvoir, toutes les grosses pompes à fric que sont le port autonome de Lomé, l’Office des phosphates, la zone franche industrielle, la Société d’aéroport, la Loterie nationale, la Société togolaise de coton, les grandes ambassades à l’étranger (État Unis, France, Allemagne, Canada etc.) sont contrôlés par des kabyés. Les magistrats et les juges sont issus du nord, rendant un énorme service au pouvoir qui les a nommés. Par contre les avocats proviennent la plus part du temps du sud.

• Cette pratique de recrutement massif dans le nord du pays se retrouve dans la gendarmerie, la douane, les sapeurs-pompiers et la police. Autant de corporations choyées par le régime Eyadema. La coopération militaire française active depuis 1976 s’est montré très généreuse envers les Forces armées du Togo, les encadrant par une soixantaine de militaires français (instructeurs, conseillers). La seule école militaire dont dispose le Togo, dirigée par des officiers français, se trouve à Tchichao en pays kabyé. Elle recrute ses élèves à 80 pour cents parmi les membres de l’ethnie à laquelle appartient Eyadema. Cette coopération longtemps critiquée a servi non seulement à accentuer les divisions nord-sud, mais aussi à pérenniser le nouveau régime en le conseillant, en l’encadrant, en suréquipant son armée. Une armée plus entraînée a opprimé un éventuel ennemi intérieur qu’à défendre les citoyens d’une hypothétique agression extérieure.


Philippe Desmars Gendarme d’élite Français GSPR et GIGN

Partager

Laisser une réponse