A) DEFINITION
L’urticaire (du latin urtica=ortie) correspond à un syndrome dermatologique fréquent, atteignant 15 à 20% de la population mondiale, et qui se traduit par un œdème dermique (urticaire superficielle commune) ou/et hypodermique (angio-œdème) résultant d’une vasodilatation périphérique avec hyperperméabilité capillaire et veinulaire. Ce gonflement transitoire, rouge et prurigineux de la peau et des muqueuses est une réponse à la libération d’histamine ou d’autres médiateurs vasoactifs…
B) Les aspects cliniques
La forme d’urticaire la plus fréquente, qui concerne un grand nombre d’individus au moins une fois dans leur vie, se caractérise par une éruption aigue et fugace, de papules qui confluent en formant des placards ou des nodules dont les contours sont bien limités, volontiers figurés, érythémateux ou rose-orangés (sur peau blanche), de taille, de nombre et de topographie variable, plus ou moins prurigineux. Les éléments apparaissent et disparaissent rapidement sans laisser de traces, la poussée durant quelques heures à quelques jours. Elle est généralement sans lendemain, sauf en cas de nouveau contact avec l’allergène (Voir Photo ci-dessous)…
L’angio-œdème ou œdème de Quincke se manifeste par une tuméfaction des tissus, plus douloureuse que prurigineuse, souvent pâle et ferme. Une urticaire prend cette apparence lorsqu’elle touche les zones corporelles où la peau est la plus lâche : le visage, et notamment les paupières, les oreilles, la langue, le pharynx, le larynx, le scrotum, les paumes des mains et la plante des pieds…Une raucité de la voix, une odynophagie et des difficultés respiratoires peuvent s’observer. L’œdème de Quincke peut être isolé ou associé à une urticaire superficielle, la précédant ou lui succéder (voir photos ci-dessous).
L’urticaire peut ne s’exprimer que sous la forme de lésions cutanées prurigineuses, ou bien s’accompagner de symptômes généraux : douleurs abdominales, avec diarrhées motrices, nausées ou vomissements, toux spastique, fébricule, arthralgies, hypotension, voire choc anaphylactique.
Ces manifestations traduisent une importante histamino-libération.
C) Les causes (étiologies) des urticaires
Mécanismes de survenue d’une urticaire : La réaction urticarienne provient de la libération d’histamine ou d’un autre médiateur vasoactif à partir des granules contenues dans les cellules mastocytaires sanguines. Elle correspond, histologiquement (examen anatomopathologique) à une vasodilatation et un œdème dermique, un infiltrat périvasculaire de lymphocytes et d’éosinophiles, et à une atteinte du derme profond et du tissu sous-cutané (en cas d’angio-œdème)
La dégranulation des cellules mastocytaires peut être le résultat de leur stimulation directe ou peut faire intervenir un mécanisme immunologique. Ainsi, certains médicaments (morphine, codéine, polymyxine B…) et certaines toxines provenant de bactéries, de végétaux ou d’animaux invertébrés, provoquent une dégranulation directe des cellules mastocytaires.
Les immunoglobulines E (IgE) interviennent par contre dans les réactions allergiques, déclenchées par les médicaments, les injections de vaccins et sérums (antitétanique, antivenimeux, antirabique…), les pénicillines contenus dans les produits laitiers, certains aliments et les pneumallergènes (allergènes à tropisme trachéo-broncho-pulmonaire). Cette forme d’hypersensibilité immédiate correspond à une réaction entre l’antigène et les IgE (anticorps) fixés sur les basophiles sanguines ou sur les mastocytes tissulaires sensibilisés (peau, voies respiratoires, tube digestif, ou système cardio-circulatoire). La réaction survient dans un délai variable, de quelques minutes à 36 heures, après exposition. La Pénicilline en est une cause potentielle. Dans la maladie sérique, en revanche, l’urticaire induite par les complexes immuns, survient dans un délai de 4 à 12 jours après l’exposition : l’antigène doit rester suffisamment longtemps dans la circulation, afin de permettre la formation des complexes antigènes-anticorps, lorsque sont synthétisés les anticorps de type IgG ou IgM…
Les urticaires mécaniques et physiques :
• Le dermographisme : c’est la propriété que possède la peau de certains sujets à répondre par la formation d’érythème et de papules, au simple frottement avec une pointe mousse, appliquée avec une pression modérée; l’apparition est immédiate (2 à 5 minutes), intermédiaire (30 à 120 min.), ou retardée (4 à 6 heures). (Voir PHOTO ci-dessous.)
• L’urticaire retardée à la pression : c’est un angio-œdème localisé sur une zone soumise à une pression forte et prolongée ; l’urticaire survient 3 à 12 heures après la pression.
• L’urticaire cholinergique à la chaleur excessive, exogène (sauna, bain chaud), ou endogène (effort ou/et stress émotionnel).
• L’urticaire de contact au froid : le test de provocation repose sur le test au glaçon, celui-ci étant appliqué sur l’avant-bras, dans un sac plastique, pendant 20 minutes ; ou le test à l’immersion de l’avant bras à 5 à10 degré pendant 10 à 30 minutes.
• L’urticaire aquagénique+++, très fréquente au Togo : l’urticaire est déclenchée par le contact de l’eau, surtout froide : le patient se gratte pendant 10 à 20 minutes après la sortie du bain !
• Autres : angio-œdème vibratoire, urticaire psychique (la simple vue d’une toilette ou douche sale déclenche un prurit avec éruption urticarienne !)
Les urticaires d’origine alimentaire
Les aliments sont une cause très fréquente d’urticaires et interviennent soit par histamino- libération non spécifique, soit par un mécanisme d’allergie spécifique IgE-dépendant :
• Aliments d’origine animale : lait de vache, œufs de poule, poissons et fruits de mer (crabe, crevette, langouste) +++ ;
• Aliments d’origine végétale : légumineuses (arachide+++), noisettes, noix, pistaches, fruits du groupe latex (avocat, • L’urticaire cholinergique à la chaleur excessive, exogène (sauna, bain chaud), ou endogène (effort ou/et stress émotionnel).
• L’urticaire de contact au froid : le test de provocation repose sur le test au glaçon, celui-ci étant appliqué sur l’avant-bras, dans un sac plastique, pendant 20 minutes ; ou le test à l’immersion de l’avant bras à 5 à10 degré pendant 10 à 30 minutes.
• L’urticaire aquagénique+++, très fréquente au Togo : l’urticaire est déclenchée par le contact de l’eau, surtout froide : le patient se gratte pendant 10 à 20 minutes après la sortie du bain !
• Autres : angio-œdème vibratoire, urticaire psychique (la simple vue d’une toilette ou douche sale déclenche un prurit avec éruption urticarienne !)
Les urticaires d’origine alimentaire
Les aliments sont une cause très fréquente d’urticaires et interviennent soit par histamino- libération non spécifique, soit par un mécanisme d’allergie spécifique IgE-dépendant :
• Aliments d’origine animale : lait de vache, œufs de poule, poissons et fruits de mer (crabe, crevette, langouste) +++ ;
• Aliments d’origine végétale : légumineuses (arachide+++), noisettes, noix, pistaches, fruits du groupe latex (avocat, melon+++ ,pastèque +++), rosacées (pêche, fraise, prune +++), ombellifères (carotte, céleri…),crucifères (choux, moutarde+++, navet, radis , colza), sésame (goussi en éwé), épices
Les urticaires d’origine médicamenteuse
En principe, tout médicament peut déclencher une urticaire, qu’il soit administré par voie orale, par injection intramusculaire ou intraveineuse : les antibiotiques (pénicillines+++), les antiseptiques, les laxatifs, les vitamines, les anti- inflammatoires non stéroïdiens(AINS), les analgésiques, les antipaludéens (Nivaquine, Fansidar,
Le dermographisme
Maloxine, Quinine…), les vaccins et sérums (antitétanique, antirabique, antivenimeux), les antihypertenseurs…
Les urticaires dues aux insectes et hyménoptères : guêpes, abeilles, frelons, fourmis, moustiques, puces, punaises, poux…
Les urticaires provoquées par les animaux domestiques : poils de chien, de chat, de cheval, de cobaye, plumes de pigeon…
Les urticaires et angio-oedème de contact : par substances végétales (ortie), animales (chenilles, papillons, méduses), ou par contact immunologique (latex : gant, préservatif, sonde urinaire, sparadrap…)
Les urticaires héréditaires : c’est surtout l’Œdème Angioneurotique Héréditaire (OANH). C’est une affection génétique rare, transmise sur le mode autosomique dominant, lié à un déficit quantitatif (type I, 85%), ou qualitatif (type II, type III)
de l’inhibiteur de la C1 estérase (C1 INH), dues à des mutations ponctuelles des délétions ou des insertions d’ADN sur un gène du chromosome 11…
Elle atteint les 2 sexes, toutes les races et apparait dans l’enfance ou l’adolescence, s’atténue spontanément entre 50 et 70 ans.
Enfin, les urticaires des maladies infectieuses et endocriniennes
• L’hépatite virale+++ : fièvre + urticaire + arthralgie= triade de Caroli, qui suspecte fortement une hépatite virale B ;
• Maladies bactériennes : infection à Mycoplasma pneumoniae, syphilis ;
• Maladies parasitaires : oxyure, amibe, anguillule, filaire, etc. ;
• Maladies endocriniennes : thyroïde, surrénales…
• Certaines hémopathies : leucémies, maladie de Hodgkin…
D) Le traitement des urticaires
Comme on le voit, les causes des urticaires sont très nombreuses. Le praticien doit chercher la cause, ou les causes de l’urticaire, pour une prise en charge efficiente de l’affection. Il faut aussi rechercher une maladie infectieuse ou endocrinienne, si l’urticaire prend une évolution chronique. L’urgence absolue est la prise en charge du choc anaphylactique, qui est une réanimation codifiée.
La prescription des antihistaminiques et/ou des anticholinergiques est la règle dans la prise en charge des urticaires, et selon les cas.
Dr David IHOU, dermatologue, allergologue