L’introduction d’un Visa d’Entrée au Maroc : L’autre conséquence de la Naturalisation des étrangers à des fins électoralistes

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Vraiment, la haine du pouvoir RDR RHDP à l’égard des ivoiriens et de la Côte d’Ivoire a la peau dure. Treize années de pillage de nos ressources et de violence à l’endroit de leurs adversaires politiques n’ont pas atténué la volonté de Ouattara et son clan d’écraser les ivoiriens. Alors, chaque fois qu’ils en ont l’occasion, ils nous enfoncent davantage dans la misère et humilient notre pays. Et, c’est presque tous les mois que ce régime trouve de quoi ébranler le moral des populations et attrister leurs âmes à l’excès.

A-t-on besoin de rappeler les nombreuses frustrations que les ivoiriens subissent depuis que la France et ses alliés ont bombardé leur palais présidentiel pour installer Ouattara? Je crois que non. Non, parce que personne n’ignore toutes ces souffrances. Cependant, le gouvernement Mambe vient de nous révéler sa dernière trouvaille pour nous faire payer davantage notre refus de les voir diriger la Côte d’Ivoire: ils important désormais les problèmes en Côte d’Ivoire pour que le peuple en subisse les conséquences. Cette façon de faire souffrir son peuple est inédite et mérite l’attention de tous. Alors, parlons-en.

Le plus récent problème que le régime Ouattara nous a importé est l’instauration d’un visa à sens unique entre la Côte d’Ivoire et le Maroc. Avant de vous révéler les conséquences de cette décision irréfléchie et totalement arbitraire, situons d’abord le contexte dans lequel elle a été prise.

En effet, nous savons tous qu’à défaut d’atteindre l’Europe, certains de nos frères et sœurs finissent souvent par s’installer au Maroc. Et à ma connaissance, le Maroc n’y a jamais trouvé de mal. Malheureusement, en secret, cette hospitalité du Royaume marocain à l’égard des ivoiriens ne plaisait pas aux autorités ivoiriennes; surtout que leurs parrains européens ne cessaient pas d’accuser ce pays frère de servir de point de transit pour les migrants africains.

Pourtant, tous les pays Europeens qui font frontieres avec l’Afrique ont presque tous érigé des barrières électriques pour contenir les flux de migrants en provenance du continent noir. Une politique qui semble ne pas marcher. Alors, pour Ouattara, il fallait agir en faveur de la politique européenne anti-immigrants pour plaire à ses sponsors occidentaux. Pour son régime, il faut continuer à faire un peu plus pour aider les alliés européens en difficulté même si c’est au détriment des intérêts nationaux.

C’est pourquoi, depuis quelques jours, le gouvernement Ouattara a décidé de révéler la conclusion des négociations qu’il tenait secrètement avec le gouvernement marocain sur la question de la réinstauration d’un visa d’entrée au Maroc pour les ivoiriens.

Evidemment, c’est le cœur meurtri que les ivoiriens ont appris, dans un communiqué rendu public, le 04 Août 2024, qu’à partir du 1er Septembre prochain, tout ivoirien détenteur d’un passeport ordinaire aura besoin d’un visa pour se rendre au Maroc. La cause officielle serait relative à l’éradication de la fraude sur la nationalité ivoirienne. À la première lecture de ce communiqué, on est tenté de se dire : Si c’est pour combattre le trafic du passeport ivoirien, il n’y a pas de problème.

Et puis, quand on laisse éclore la réflexion et qu’on s’éloigne des considérations partisanes, on réalise qu’il y a bien problèmes.  Et, en poussant la réflexion un peu plus loin, on finit par se dire: Ah non, ce n’est pas normal étant donné que la source de la fraude sur la nationalité ivoirienne est connue de tous. Alors pourquoi faire payer aux populations les conséquences d’un acte revendiqué publiquement par une entité bien connue?

Eh bien, comme beaucoup d’ivoiriens, nous disons aussi qu’il y a problèmes. Nous disons également que ce n’est pas normal d’instaurer un visa à sens unique entre deux pays frères. Ca ne l’est pas pour au moins trois raisons : premièrement, l’instauration du visa ne mettra pas fin à la fraude sur la nationalité parce que le crime est organisé, à Abidjan, par le parti au pouvoir à des fins électoralistes. Deuxièmement, le dossier du visa va aggraver les difficultés financières auxquelles sont déjà confrontés la majorité des potentiels candidats en cette période de cherté de la vie. Enfin, il faut reconnaître que l’introduction de ce visa à sens unique est un revers diplomatique sérieux pour les deux pays au moment où la coopération entre Yamoussoukro et Rabat semble excellente.

Disons-en un peu plus sur chacune des raisons que nous venons d’évoquer. Au cours des débats publics qui ont suivi la publication du communiqué du ministère des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, les autorités ivoiriennes ont laissé entendre qu’elles contribuaient au combat que mène les européens contre les migrants africains. Surtout que de l’autre côté de la méditerranée se trouvent 14800 migrants qui prétendent être des ivoiriens.

Quoi de plus normal quand par la bouche du ministre Kouassi Adjoumani, le gouvernement ivoirien affirme qu’il n’a pas honte d’inscrire des étrangers sur des listes électorales pour qu’ils votent pour le candidat RHDP à l’élection présidentielle. Alors, l’utilisation des passeports ivoiriens par ces étrangers n’est que la contrepartie du service rendu au parti au pouvoir. C’est évidemment le choix que ces étrangers qui ont servi de betail electoral avait d’utiliser à leur guise les passeports qu’ils ont reçus. C’est pourquoi nous nous étonnons de la décision du gouvernement. Surtout que depuis 2010, c’est à cela qu’on assiste, impuissants, après chaque élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Le nœud du problème n’est donc pas à la frontière marocaine mais plutôt à la rue Lepic, au siège du rdr rhdp, à Abidjan. Alors, il faut que le gouvernement ivoirien arrête son hypocrisie et assume ses responsabilités dans la crise des migrants. Introduire une mesure inique alors qu’on sait qu’elle ne mettra pas fin à la fraude sur la nationalité ivoirienne et qu’elle n’aura aucun effet positif sur la résolution de la crise des migrants est malhonnête.

Ensuite, le communiqué en question n’a pas révélé le contenu du dossier à fournir pour la demande de ce visa, y compris le coût du visa. Mais ce que nous savons déjà, nous l’avons déjà dit plus haut, est que sa réinstauration répond à un souci politique. Alors, quand on sait que l’objectif est de décourager les candidats à l’immigration, on peut aisément imaginer que le contenu du dossier à fournir sera complexe et difficile à obtenir.

Aux nombreuses barrières que l’Union Européenne, le Maroc et la Côte d’Ivoire  s’apprêtent à dresser sur le chemin de l’obtention de ce  visa, il faudra aussi ajouter les frais liés aux services illicites des “margouillats” qui pullulent autour des ambassades à Abidjan. Ainsi que  “les gombos” exigés par certains agents corrompus des mairies, sous-préfectures et tribunaux pour accomplir des services pour lesquels ils reçoivent déjà des salaires.

Au niveau diplomatique, quand on sait que les relations entre nos deux pays remontent aux années 1960s et que depuis lors les citoyens ivoiriens et marocains se sont rendus visite sans trop de contraintes, l’instauration de ce visa vient installer un rideau de fer entre Yakro et Rabat. De plus, pour l’intégration africaine, la décision de Ouattara est contraire à l’idée largement partagée par les africains de voir lever toutes les frontières héritées de la colonisation et ouvrir ainsi l’Afrique à ses enfants. Surtout au moment où l’Europe se barricade contre la migration de la jeunesse africaine.

L’autre frustration dans l’histoire se trouve dans la partie du communiqué gouvernemental  qui précise que c’est la Côte d’Ivoire qui est demanderesse de la réinstauration du visa et qu’elle a décidé que la mesure ne soit pas appliquée aux marocains qui veulent se rendre dans notre pays. Cette disposition discriminatoire  nous rappelle quelque chose de très coloniale.  Bref, je suis certain que mes lecteurs savent déjà à quoi je fais allusion.

Cependant, lui, Ouattara et ses proches peuvent visiter le Maroc sans encombre. Pourtant ce sont eux qui sont en partie à l’origine du problème. La réinstauration du visa d’entrée au Maroc ne résoudra pas le problème des européens s’il se trouve toujours des personnalités comme Adjoumani pour donner la nationalité ivoirienne aux étrangers pour des motifs électoralistes. L’année 2025 arrive avec la plus importante de toutes les élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Assurément, viendront avec elle les naturalisations à tour de bras pour donner au RHDP la chance de gagner.

A preuve, dans une note circulaire publiée le 25 Juillet 2024 par le ministère ivoirien de la Justice, le ton de la fraude est déjà donné en ces termes: “ Cette procédure de délivrance accélérée d’actes de naissance sera utile à certains de nos concitoyens puisqu’elle servira , entre autres, à l’obtention de certificat de nationalité en vue de leur inscription sur la liste électorale”. Ceci apparaît comme l’une des sources de la fraude sur la nationalité ivoirienne.

Pour terminer, il suffit à ceux qui soutiennent encore le rdr rhdp d’ouvrir enfin leurs yeux et leurs esprits pour voir et comprendre que le mal dont souffre notre pays à tous les niveaux est le régime qu’ils nous ont imposé.  Il est donc inutile de chercher la solution au problème de la fraude sur la nationalité et de l’immigration clandestine là où elles ne sont pas. Par ailleurs, si l’Europe est vraiment sérieuse dans sa volonté de stopper la migration de la jeunesse africaine, il lui suffit de se désengager de la politique africaine. C’est simple. Lever des forteresses contre les migrants africains et demander aux Etats africains d’opter pour la même politique entre africains est incompréhensible. Surtout qu’en Europe, les états s’ouvrent de plus en plus aux européens. Cette décision d’instaurer un visa à sens unique est donc injuste. Et, c’est d’ailleurs la façon la plus inattendue d’exprimer à l’ivoirien sa trop grande hospitalité à l’égard des étrangers et particulièrement des marocains.

Arsène Dogba

 

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