Dans son numéro paru hier, L’Express publie un entretien avec, Ahmed Kadhaf al-Dam, le cousin d’El Gueddafi, exilé en Egypte depuis la «fameuse révolution» de Benghazi en 2011. Connu pour la confiance sans limite dont il bénéficiait auprès d’El Gueddafi, ce parent était pratiquement de tous les déplacements de l’ex-Guide de l’ex-Jamahiriya, comme il était aussi sur tous les dossiers sensibles de la Libye.
«Quand les Rafales français passent à l’attaque, le 19 mars, il (Kadhaf al-Dam) appelle El Gueddafi, se réconcilie avec lui et décroche son feu vert pour prévenir les Français et leurs alliés que Tripoli veut négocier. «El Gueddafi acceptait, si l’Occident arrêtait les bombardements, de se retirer du pouvoir, de discuter avec les rebelles et de garantir aux Libyens le libre choix de leur régime. Mais les Occidentaux n’ont rien voulu savoir». (2)
L’accusation est claire. Il dit avoir averti les Français de la disposition d’El Gueddafi à se retirer du pouvoir et à laisser le peuple décider mais personne n’a voulu rien entendre. Pas même l’ONU, fait-il comprendre.
L’affaire du livre de l’ex-compagne de Hollande qui a définitivement terni l’image de l’homme est venue, ces derniers jours, attiser le feu d’une scène politique française.
Dans son numéro paru hier, L’Express publie un entretien avec, Ahmed Kadhaf al-Dam, le cousin d’El Gueddafi, exilé en Egypte depuis la «fameuse révolution» de Benghazi en 2011. Connu pour la confiance sans limite dont il bénéficiait auprès d’El Gueddafi, ce parent était pratiquement de tous les déplacements de l’ex-Guide de l’ex-Jamahiriya, comme il était aussi sur tous les dossiers sensibles de la Libye.
Dans cet entretien, Kadhaf al-Dam fait quelques révélations dont deux semblent éminemment importantes: le financement de la campagne de Sarkozy en 2007 et la réaction d’El Gueddafi lors de ladite «révolution» qui eut lieu dans son pays.
Sarkozy et le financement de la campagne
Pour ce qui est du financement de la campagne de Sarkozy pour l’élection présidentielle de 2007, en déclarant qu’El Gueddafi «était prêt à engager tous les moyens pour qu’il (Sarkozy) soit élu en 2007» (1) il ne fait que confirmer un ensemble de témoignages recueillis depuis longtemps en France. Est-ce que cette révélation a une importance? Cela dépend pourquoi le magazine en question a eu maintenant précisément l’idée d’aller interviewer cet homme et pas un autre. Autrement dit, cela semble carrément impossible que la parution de cet entretien, ces jours-ci, soit du domaine du hasard. En effet, lorsqu’on sait que Sarkozy, qui s’est toujours gardé de se préparer en silence, vient de lever, cette semaine, le voile sur ses intentions de retour au-devant de la scène, on s’étonnerait presque qu’un tel entretien paraisse presqu’aussitôt.
L’affaire du livre de l’ex-compagne de Hollande qui a définitivement terni l’image de l’homme est venue, ces derniers jours, attiser le feu d’une scène politique française qui, malgré son calme apparent, doit connaître des remous et des agitations fiévreuses dans les coulisses, comme jamais auparavant. A gauche, beaucoup de questions se posent. La déflagration causée par la parution du livre a étourdi plus d’un et l’on se demande, ici et là, sur l’aptitude de Hollande à aller plus loin dans son mandat. Le coup reçu par le PS est d’une telle force que les gens préfèrent d’abord, laisser passer la surprise et la douleur. Cependant, la chute de Hollande dans les sondages et dans la réalité est aussi considérée comme une opportunité par certains des membres du parti qui nourriraient quelque ambition «présidentielle». Aubry, Fabius, Royal, pour ne citer que ceux-là pourraient vouloir rebondir le moment venu.
Mais il n’y a pas que cela. Du côté de l’UMP, on continue à mal digérer les échecs répétés et le parti, hier essoufflé, est aujourd’hui au bord de l’explosion à cause d’un problème de leadership qui divise ses membres. Juppé, Raffarin, Fillon, Copé se regardent en chiens de faience avec une seule idée derrière la tête, la présidentielle de 2017.
En plus de tout cela, le FN des Le Pen (père et fille) attend, dans son coin, en procédant aux calculs pour voir comment, le moment venu, profiter au maximum de cette faiblesse concomitante et historique des deux grands partis français.
Dans ce brouhaha paradoxalement silencieux et alors que chacun croit entendre l’heure de sa gloire sonner, Sarkozy annonce, clairon en main, qu’il débarque dans l’arène. Avec ses soutiens, dont une partie demeure importante et même puissante, l’ex-président pourrait s’avérer un candidat à prendre très au sérieux car il pourrait constituer le vote sanction des déçus de la gauche, ce qui n’arrange point les affaires des autres candidats éventuels.
Qu’un entretien soit accordé par un acteur direct à ce moment même et qu’il rouvre l’égout du financement de la campagne électorale de 2007, cela ne peut qu’étonner.
El Gueddafi voulait quitter le pouvoir
La deuxième révélation est tout aussi à retenir. Il s’agit de l’accusation lancée par Kadhaf al-Dam, sans détour, contre les Américains et les Français quant à la poursuite des bombardements destructifs de la Libye et de l’assassinat d’El Gueddafi.
On mit dans l’article cette confession selon laquelle: «Quand les Rafales français passent à l’attaque, le 19 mars, il (Kadhaf al-Dam) appelle El Gueddafi, se réconcilie avec lui et décroche son feu vert pour prévenir les Français et leurs alliés que Tripoli veut négocier. «El Gueddafi acceptait, si l’Occident arrêtait les bombardements, de se retirer du pouvoir, de discuter avec les rebelles et de garantir aux Libyens le libre choix de leur régime. Mais les Occidentaux n’ont rien voulu savoir». (2)
L’accusation est claire. Il dit avoir averti les Français de la disposition d’El Gueddafi à se retirer du pouvoir et à laisser le peuple décider mais personne n’a voulu rien entendre. Pas même l’ONU, fait-il comprendre.
Encore une fois, ce témoignage d’un acteur direct vient renforcer la théorie du complot contre la Libye. Une théorie qui se vérifie de jour en jour et qui ne reviendra, jamais seule, toujours avec le fantôme d’El Gueddafi pour hanter ses assassins, les fossoyeurs de la Libye.
Aissa HIRECHE