Charles Gueboguo a publié en 2007 le premier ouvrage de sociologie consacré à l’homosexualité en Afrique sub-saharienne. Il s’agit d’un travail de fond, étendu sur plusieurs années, une démarche de pionnier et un acte de courage qui laisseront une profonde empreinte dans la sociologie africaine tout en contribuant à l’évolution des mentalités.
En Afrique, le thème du suicide lié à l’homosexualité, ne fait tout simplement pas partie des centres d’intérêt actuels des chercheurs. En outre le phénomène de l’homosexualité, reste encore mal connu et largement marginalisé. En effet, dans ces sociétés, l’homosexualité est largement déniée. Comme argument, on fait appel au vide conceptuel et linguistique qui entoure cette orientation sexuelle. Le raisonnement devient alors :
Comment parler de quelque chose qu’on ne peut même pas nommer dans les langues vernaculaires locales ? S’il n’y a pas de mot pour désigner une chose, n’est-ce pas la preuve que cela n’existe tout simplement pas ? Et si l’on ne peut pas nommer l’homosexualité, on peut encore moins évoquer ses conséquences comme par exemple le suicide chez les homosexuels… Non seulement l’homosexualité n’existe pas dans le vocabulaire, mais elle est aussi niée par le domaine politique qui la condamne farouchement. En effet, l’article 347 bis du code pénal camerounais stipule clairement que tout individu qui a des rapports sexuels avec une personne de même sexe est passible d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d’une amende de 20000 à 200000 FCFA.
Cependant, l’étude récente menée par Gueboguo prend le contre-pied des idées reçues et met clairement en exergue l’existence de l’homosexualité en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Selon lui, l’homosexualité au Cameroun ne relève pas du mythe, car il s’agit d’une réalité bel et bien observable. Les homosexuels forment aujourd’hui dans ce pays une sorte de communauté plus ou moins cohérente, d’ailleurs ils ont leur propre marché sexuel.
Pour Gueboguo, l’homosexualité dans toutes ses formes, a toujours été connue de l’Afrique, et ce, bien avant l’avènement des missions civilisatrices. Pour le Dr Pandey, ces propos ne sont pas du tout conformes avec la vérité historique. Dans la deuxième partie de l’émission, il reviendra sur la sexualité dans l’afrique antique.
Dr Pandey Tala Théophile