Depuis quelques temps, je vous entends commenter les résultats de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Je suis complètement abasourdi par votre méconnaissance du dossier Ivoirien, de la Constitution ivoirienne, des accords inter-ivoiriens sur les élections et des accords de Pretoria ou de Ouagadougou sur les élections, le rôle de la Commission électorale indépendante et même les pouvoirs donnés par l’Onu au certificateur.
En effet, depuis les accords fantaisistes de Marcoussis, par lesquels le constitutionnaliste Pierre Mazaud a imposé un Premier ministre et des ministres rebelles au Président régulièrement élu de la Côte d’Ivoire, (dont deux chefs de guerre assassins patentés dénoncés à l’époque par des Ong et de surcroît illettrés), jusqu’aux accords de Ouagadougou, il y a une constante. C’est que l’Onuci doit désarmer les rebelles qui ont agressé la Côte d’Ivoire et les encaserner. La France a même été contrainte de l’accepter par une résolution de l’Onu. A ce jour, la rébellion est toujours armée ! Et que peut-on constater?
Depuis le coup d’Etat en 2002 et le cessez-le-feu de 2003, il y a un acharnement incompréhensible de la France contre le Président Laurent Gbagbo régulièrement élu en 2000, ainsi que contre le Peuple du Sud de la Côte d’Ivoire. Je n’ai pas vu de pareil déchaînement depuis le Vietnam, ou l’Irak (et encore la France s’était abstenue contre l’Irak). L’Onuci n’a jamais imposé quoi que ce soit aux rebelles envahisseurs du Nord, ni même déclenché quelque enquête que ce soit contre eux pour des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre, plus d’une trentaine de charniers recensés en zone tenue par la rébellion par un ethnologue et des atrocités sans nom dont vous avez sûrement connaissance. Ces crimes, dignes du génocide au Rwanda ou des crimes Nazi de la Seconde Guerre mondiale, ont été commis à l’Ouest par des mercenaires anciens de Charles Taylor, au Nord par des Dozo redoutables guerriers du Mali et sur le reste du territoire par des mercenaires africains venus du Burkina, du Niger, du Nord du Nigeria, du Bénin, entraînés pendant deux ans par l’armée française au Burkina et auxquels se sont joints environ 2000 jeunes Ivoiriens musulmans pour la plupart. La France, tête de pont de la contestation de la légitimité du Président Gbagbo, n’a cessé depuis son élection en 2000 de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, la Côte d’Ivoire, signataire de la charte des Nations unies, disposant d’une Constitution, d’un Gouvernement, d’une Assemblée nationale, d’une Administration, d’une Justice Indépendante, d’une Armée républicaine, et de tous les éléments qui en font une Nation selon la Communauté internationale. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette en son nom de contester le fait qu’il y ait un litige sur le résultat portant sur 630 000 votes illicites en faveur d’Alassane Dramane Ouattara. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette de soutenir officiellement Alassane Dramane Ouattara, dont, les partisans armés ont fait ou commis dans les bureaux de vote ou à proximité immédiate, une vingtaine de viols, 23 morts par balles ou armes blanches et plus de cinq cent blessés, le jour du vote tous en zone Nord par ceux qui sont appelés les rebelles par tous les Ivoiriens. Les résultats des bureaux de vote, où se sont déroulés ces violences ont été invalidés par le Conseil constitutionnel ivoirien, seul juge en la matière, comme cela se fait dans tous les Pays du monde lorsque les élections sont démocratiques et transparentes. Il a appliqué une jurisprudence créée par la Commission électorale indépendante ivoirienne elle-même, pro-Ouattara, à propos des élections ivoiriennes en France. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette de désigner nommément le vainqueur d’une élection d’un pays souverain et encore moins de contester les décisions de la plus haute juridiction de ce pays. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette, en son nom, de qualifier de dictateur le Président déclaré vainqueur par la plus haute juridiction d’un pays souverain. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette de dire ou de laisser dire par des ministres français que le Président élu d’un Pays souverain soit digne du Tpi, alors même que vous soutenez ouvertement le père reconnu internationalement d’une rébellion absolument sanguinaire. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette d’entériner les erreurs d’addition des voix en faveur d’Alassane Dramane Ouattara (134 000 sur la seule ville de Bouaké) et reprises comme étant normales par M. Choï le représentant de l’Onu en Côte d’Ivoire. Je ne crois pas que le mandat qui vous a été donné par le Peuple français vous permette de cautionner Mr. Choï qui a outrepassé ses droits en déclarant le vainqueur d’une élection, alors même que son mandat de certificateur s’arrête avant la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel de ce Pays selon sa lettre de mission.
Monsieur le Président de la République française, les droits fondamentaux reconnus par notre Constitution nous permettent de nous exprimer et contester par voie de presse les manquements à vos obligations de réserves. Dans cette affaire, directement ou indirectement par l’intermédiaire de Mme le ministre des Affaires étrangères et d’autres, vous n’avez pas donné l’avis du Peuple français en parlant comme vous l’avez fait, mais en plus, vous mettez en péril la vie de 15 000 Français qui sont, selon notre Constitution, libres d’aller et venir et résident en Côte d’Ivoire. Penchez-vous sur une petite équation. Combien de temps faut-il à 3 ou 4 millions d’Abidjanais pour éliminer physiquement 15 000 ressortissants français. Quel serait dans ce cas l’efficacité des neuf cent hommes de l’armée française basés à 350 Km de là en soutien caractérisé des forces rebelles par l’intermédiaire d’un appui bidon à l’Onuci ?
Dans l’ensemble de l’Afrique, Monsieur le Président, il nous apparaît à nous résidents sur divers territoires africains, que vous n’avez pas mesuré les ravages causés par votre discours de Dakar et que vous persistez dans votre erreur. Depuis ce jour, la jeunesse africaine dans son ensemble vous exècre. Dans sa quasi-totalité, elle rejette les chefs d’Etat d’un autre âge mis en place par la France Afrique, car, avec les moyens de communication actuels, elle est maintenant sortie de l’ignorance dans laquelle vous et ces mêmes chefs d’Etat l’ont maintenue pendant si longtemps. Pour elle, la Côte d’Ivoire mène un combat symbolique contre l’impérialisme français, et, demain les intérêts des multinationales qui pilotent maintenant la politique étrangère de la France risquent fort d’être mis à mal, et, par extension les intérêts du Peuple français. J’en veux pour preuve le congrès d’une très importante association de la jeunesse africaine regroupant 59 pays d’Afrique qui s’est tenu au Mali. Dans ses conclusions, ce congrès soutient l’action et l’élection du Président Laurent Gbagbo à l’unanimité des délégations présentes. Attention Monsieur le Président, demain ce sont eux qui seront aux affaires et ce ne sont plus des esclaves taillables et corvéables à merci. Ils n’ont pas du tout envie de subir la loi des multinationales qui maintenant pilotent la politique étrangère des Etats aussi puissantes soient-elles. Déjà ça et là en Afrique, des bruits de boycott des banques françaises circulent. Qu’en sera-t-il demain?
Monsieur le Président de la République française, avec tout le respect qui est dû à votre fonction.
Jean-Paul Ducluzelet
Citoyen français