On en compte plus, tellement il y en a, chaque jour, par dizaines, par centaines: les enlèvements, les arrestations, les détentions arbitraires… Ces phénomènes très en vogue, importés en Côte d’Ivoire par les FRCI, l’armée de Ouattara, sont devenus « le pain quotidien » des ivoiriens, certains ivoiriens.
Si bien que cela est devenu banal, pratiquement passé dans la catégorie « faits divers ». Jour et nuit, on peut entendre dans les conversations ou lire dans les quotidiens: « un tel a été kidnappé par des hommes armés en tenus, les FRCI. Puis, a été conduit vers une destination inconnue. Et depuis, ses proches sont sans nouvelles de lui ». Les motifs de l’arrestation – quand il y en a – vont des plus fallacieuses au plus saugrenues: le concerné serait un « milicien », aurait tenu des propos «trop durs» envers le président « Adoré » et son régime « éclairé »…
Le fait est tellement gravissime que la communauté dite « internationale », en a perdu la parole, tellement tétanisée par le déshonneur et l’opprobre – pour ne pas dire la honte – d’assister l’homme qu’elle a « reconnu », en train de tout « gnagami » en Côte d’Ivoire. Les médias – notamment français – pour leur part, ont échoué à vouloir faire passer ces récurrents cas de violations graves et massives des droits de l’Homme, au stade de rumeurs et de fiction. Les ONG non plus, qui se disaient défenseurs des droits de l’Homme, ont soudainement perdu la voix. Poussant – à présent – plus de miaulements que de rugissements, comme elles savaient le faire du temps de Laurent Gbagbo. Voici donc les ivoiriens biens seuls, face à leur triste sort. Celui de subir le courroux d’un régime répressif dépassé par les évènements. Mais il y a pire…
Monsieur Ouattara est rentré de ses vacances. Sur les attaques des positions des FRCI par le « commando mystérieux », il a dit : « la Côte d’Ivoire est un pays de paix et les Ivoiriens aspirent à vivre en paix». De quels ivoiriens parlait-ils ? Ceux qui ont été enlevés, torturés, séquestrés ? Ou ceux qui se sont vus replongés – par ses FRCI – dans les sombres heures de la guerre post-électorale ? Si c’est de ces ivoiriens-là qu’il s’agit, disons-le tout net, ses FRCI ont une bien curieuse façon à eux, d’interpréter la « paix ».
Des FRCI qui, à l’occasion ont repris du service. Même ceux qui devraient être démobilisés. Sans oublier leurs supplétifs, les dozos – entre autre – spécialistes dans l’art d’égorger. Eux aussi, sont de la « fête », de la chasse aux « pro-Gbagbo ». Plus questions de nouveaux treillis. Ça, c’était pour le défilé. Place à la réalité. Les revoilà – donc – sur leurs « grands chevaux », ces « sauveurs » de la ouattarandie. Les voilà repartis dans leur conquête, leur soif de sang humain, d’orgie de brutalité et de violence excessives. Les voilà, ces FRCI – pervers – se réjouissants et jouissants à l’extrême, à l’idée de faire souffrir leurs semblables, tous ceux qui ont le malheur d’être appelés les « pro-Gbagbo » ou, ceux qui sont soupçonnés de l’être. Entre leurs mains, vos explications et vos supplications, ne valent rien, rien du tout. D’ailleurs, ils n’en n’ont pas besoin. Savent-ils seulement lire ? Comprennent-ils – au moins – le français que vous tenterez, en vain, de leur parler pour les raisonner ? Vous êtes tout simplement un « animal » qu’ils se feront le plaisir de torturer avant de l’achever, si la chance décidait, à cet instant, de vous quitter. Sinon vous êtes bon pour « la destination inconnue » et son lot de tortures inhumaines.
Ces FRCI ont reçu des instructions, très fermes. Leurs commanditaires – les sbires du régime – leur ont dit : « tout, sauf du Gbagbo ». En d’autres termes, « nettoyez » tous ce qui a trait à Laurent Gbagbo, tout ce qui lui est proche. De l’ethnie au faciès, en passant – bien sûr – par les villes et villages, rien n’échappe à leur furia. De passage, ces tortionnaires – tout aussi voleurs – ne se privent pas de s’en mettre plein la poche, prétextant des fouilles dans les domiciles des citoyens, pour dénicher, selon eux, des caches d’armes. Les populations sont – très souvent – dépouillés avant d’être brimées. C’est ce que monsieur Ouattara, selon le communiqué de la réunion tenue avec « le conseil de sécurité », appelle : « offrir la quiétude aux ivoiriens et à tous ceux qui vivent en Côte d`ivoire ».
Par ailleurs, ce communiqué précise – aussi – que monsieur Ouattara « a décidé de la mise à disposition de moyens additionnels à toutes les forces en charge de la sécurité des populations et de nos institutions ». Bien beau. Nous aurions même applaudis de nos deux mains une telle initiative, s’il n’y avait pas un couac : les FRCI, cette armée ethnique et tribale de Ouattara, car c’est bien d’elle qu’il s’agit. A elle aussi, il sera « mise à disposition » des « moyens additionnels ». A cette bande hétéroclite de rebelles, d’apprentis « gbakas », de mécaniciens, de repris de justice…, qui ignore tout, des valeurs républicaines, du sens de l’honneur et, surtout des droits de l’Homme, en temps de paix comme en temps de guerre, il sera mise à disposition des moyens additionnels, c’est-à-dire de l’armement pour continuer à brimer les populations.
Le plus dur reste donc à craindre pour la Côte d’Ivoire et les ivoiriens. Non pas de la part du « commando mystérieux » – qui lui, ne s’attaque qu’à des cibles militaires – mais des dérives et des excès des FRCI qui s’en prennent, sans état d’âme, aux civils sans armes.
A côté du plus dur, il y a le pire, hélas : l’impunité. Y a-t-il pire douleur que de voir son bourreau aller et venir sans être inquiété, après vous avoir dépouillé et fait subir les pires formes de traumatismes ? Après avoir enlevé et/ou assassiné sauvagement et lâchement un proche ? Y a-t-il plus grande souffrance que de ne savoir à qui se plaindre quand les autorités elles-mêmes apportent leur caution aux agissements de vos bourreaux ? Et qu’en définitive, tout ce que ces FRCI vous feront subir, vous et vos proches resteront purement et simplement impunis, voire – selon un langage bien ivoirien – au nombre des « ça fait rien » ?
Si leurs crimes restent impunis, mieux si ces FRCI, que monsieur Ouattara s’apprête – de plus belle – à armer jusqu’aux dents, sont conscients qu’ils ne courent aucun risque en s’adonnant à toutes les monstruosités dont ils aiment à se délecter, sûrs du quitus de leur mentor, il y a lieu de s’inquiéter.
De l’inquiétude et de la profonde douleur, rien de plus. C’est là tout sens de ce que peuvent ressentir et exprimer les ivoiriens, seuls face leur sort. Ne pouvant que constater les dégâts d’un régime incapable, retranché derrière la violence, l’arme des faibles. Même, là encore, il y a un choix à faire. Ces ivoiriens, sauront-ils faire le bon ?
Marc Micael La Riposte