Le Togo à la recherche d’une administration moderne

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En septembre 2008, par exemple, le nouveau Premier ministre du Togo, Gilbert Fossoun Houngbo, reprenait à son compte ces objectifs dans son programme de politique générale. «Le programme de modernisation et de reforme de l’administration dont le cadre stratégique a été validé au cours de cette année sera rapidement mis en œuvre.

Une administration efficace, réactive, proche de la population. “Certains pays en rêvent, le Togo tente de le faire”, lance très modestement le site de la présidence de la République du Togo.

«Un Togo meilleur, un Togo plus efficace et au service de ses concitoyens passe par la réforme de l’État et la modernisation de l’administration», a renchéri Elliott Ohin, le ministre en charge de ce portefeuille, lors d’une réunion d’information sur les réformes en cours, le 23 septembre, en présence de la représentante résidente du Programme des nations unies pour le développement (Pnud) au Togo, la Sénégalaise Khardiata Lô N’Diaye. Son institution accompagne Lomé dans cet objectif avec l’appui également de la Banque mondiale et de l’Union européenne.

Mais si le Togo affiche ainsi un projet très ambitieux pour moderniser son administration, il prend son temps ! La volonté de formuler une stratégie nationale pour réformer et moderniser l’administration avait déjà pris corps lors des états généraux de l’administration publique en décembre 2006.

6 réformes prioritaires

Déjà mobilisés sur le sujet, des experts du Pnud rendaient, en avril 2008, à la demande du gouvernement, un audit de l’administration togolaise et formulaient des recommandations pour la moderniser. L’audit préconisait une réforme «systématique et progressive de l’administration pour donner un meilleur niveau de compétitivité».

Les experts de l’institution internationale traçaient alors une feuille de route en 6 réformes à destination du gouvernement : la redéfinition et la clarification des missions de l’État ; le renforcement des capacités de l’administration publique ; la rationalisation des structures et des normes ; le renforcement de l’efficacité du travail gouvernemental ; la promotion d’un environnement de travail motivant et moderne dans l’administration et l’amélioration de la coordination de l’action gouvernementale.

En septembre 2008, par exemple, le nouveau Premier ministre du Togo, Gilbert Fossoun Houngbo, reprenait à son compte ces objectifs dans son programme de politique générale. «Le programme de modernisation et de reforme de l’administration dont le cadre stratégique a été validé au cours de cette année sera rapidement mis en œuvre. Il vise notamment à procéder à un recadrage des missions de l’État et à la mise en valeur des ressources humaines», lançait-il aux députés.

Ancien chef de la diplomatie

Des années après, la fonction publique togolaise reste en grande majorité marquée par l’inefficacité, la corruption, handicapée par le manque de moyens financiers et de directives claires. «La réforme dans un État est un travail à la chaîne et quand un maillon arrive à manquer, c’est le résultat final qui en pâtit. Voilà pourquoi des synergies d’action sont devenues incontournables pour notre réussite commune et, par ricochet, pour le développement de notre pays», a promis Elliott Ohin le 23 septembre dernier.

C’est à cet homme de 63 ans, qui n’est ministre de la Réforme de l’État et de la Modernisation de l’administration que depuis septembre 2013 et qui fut chef de la diplomatie togolaise de 2010 à 2013, après des décennies passées dans l’opposition, qu’il revient d’ancrer enfin dans le réel ces réformes de l’appareil d’État togolais.

Lancé par son prédécesseur à la tête de ce ministère, Kolani Gourdigou, un recensement des fonctionnaires est en cours pour identifier et radier les fonctionnaires fictifs. Mais ce comptage sera-t-il plus efficace que ceux réalisés en 1995, en 2000 et en 2011 ? Le dernier recensement avait bien dénombré 50 400 agents de la fonction publique togolaise, mais il avait été incapable de discerner les agents fictifs.

Réduire la masse salariale

Le recensement terminé, les fonctionnaires qui auront une affectation réelle recevront une carte biométrique d’identité. Outre le fait d’être reconnu comme agent de l’État, cette carte leur permettra de gérer leur compte dans les banques publiques, d’obtenir un prêt ou de bénéficier de la couverture médicale auprès des établissements agréés.

L’État sera peut être plus efficace cette fois, puisqu’il a comme objectif de réduire la masse salariale des fonctionnaires, qui représente 35 % de son budget…

JEAN-MICHEL MEYER

 

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