Le mystère BHL

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Pourtant la France lui met toujours à disposition ses caméras, ses plateaux…

Partout ailleurs, un BHL aurait fini par exaspérer son propre milieu. Essayiste pompeux, romancier sans saveur, témoin partial et cinéaste grotesque, ce fils à papa dont la seule oeuvre durable est, de l’aveu de tous, son carnet d’adresses, eût été relégué de longue date parmi les ratés de bonne famille. Mais la France est trop sociable pour cela. A la différence des Anglo-Saxons ou de l’Italie, la France officielle ne connaît pas le débat de fond. Rompre pour des questions de principe et d’idées, dans la haute société, est une inconvenance simplement impensable. Le grand bourgeois s’abêtit mais ne rompt pas.

D’où l’exceptionnelle résilience du fantoche. Ridiculisé — en terrain ami, pourtant — lors de sa tournée de conférences américaine, sifflé dans tout pays libre, il est la risée du monde entier, à l’exception de quelques régimes récents et douteux en mal de reconnaissance. Son itinéraire d’«intellectuel engagé» dans le monde est balisé de cataclysmes dont il n’a cure, Néron moderne composant son épopée autoérotique sur les ruines fumantes de pays entiers. Pourtant la France lui met toujours à disposition ses caméras, ses plateaux (où il débarque, en diva, flanqué de sa propre maquilleuse!), ses unes et ses heures de pointe, ses services diplomatiques et ses forces armées, comme si elle tournait en grandeur nature une farce de Sacha Baron Cohen, dit «Borat».

Slobodan Despot

 

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