Le retour de la Côte d’Ivoire au programme du Ppte (pays pauvres très endettés) annoncé le 9 mai 2024 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) signifie que Dramane Alassane Ouattara a échoué sur le terrain économique.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est un historien qui avait mis de l’ordre dans notre économie en faisant annuler en avril 2009 la dette extérieure du pays. En effet, le président Laurent Gbagbo avait hérité d’une dette de 6 700 milliards de francs CFA. Cette dette pouvait le décourager mais il travailla dur, bénéficia de l’expertise et de l’intelligence de deux patriotes (Mamadou Koulibaly et Bohoun Bouabré), réduisit surtout le train de vie de l’État pour aboutir à ce résultat. Seul un vaurien et un menteur peut constamment se vanter d’avoir été l’adjoint de Michel Camdessus, puis d’avoir sauvé de la faillite certains pays dont le Japon et ramener la Côte d’Ivoire dans l’initiative Ppte.
Mais existe-t-il un seul domaine où Ouattara n’a pas échoué? N’a-t-il pas échoué à réconcilier les Ivoiriens en ne promouvant que les gens d’une région et d’une religion et en persécutant les gens issus des autres ethnies? A-t-il jamais publié et appliqué les recommandations du rapport de la CDVR que lui avaient rendu Charles Konan Banny, Zacharie Séry Bailly et Siméon Ahouanan Djro? N’a-t-il pas été incapable de fournir aux Ivoiriens l’électricité, l’assurance maladie et l’école gratuite? N’a-t-il pas échoué à faire de la Côte d’Ivoire en 2020 un pays émergent comme il l’avait promis et à réhabiliter Yamoussoukro qui est à la fois la capitale politique et le village de celui dont il se dit disciple? N’a-t-il pas été incapable de sanctionner les voleurs et bandits de la République? A-t-il envoyé les criminels de son camp à la CPI? N’a-t-il pas passé son temps à gaspiller l’argent public en défilant en France, en créant des institutions inutiles et en réembauchant des médiocres juste pour bénéficier de leur soutien électoral?
Cet homme pour qui le respect de la parole (“j’ai juste besoin de 5 ans pour changer positivement le pays”, disait-il en 2010) n’a aucune importance, on n’est guère surpris qu’il produise un bilan aussi médiocre car il est plus dans le verbiage creux et la fanfaronnade que dans les actions concrètes et discrètes.
Ce qui en revanche est surprenant, c’est son incompétence notoire dans son propre domaine. Car un économiste est censé avant tout faire des économies, économiser plus et dépenser moins. Or l’endettement actuel du pays s’élève à 58% du PIB contre 38% en 2019, ce qui est excessif car le FMI considère que le fait de dépasser 49% d’endettement pour de petites économies comme celle de la Côte d’Ivoire est dangereux.
Et c’est cet homme dangereux que certains qui ne voient pas plus loin que leur ventre voudraient voir rempiler en 2025. Cet homme, qui privilégie les étrangers au détriment des Ivoiriens dans l’attribution des marchés, aura son quatrième mandat si, au lieu de le contraindre à partir, certains (les opposants) préfèrent s’insulter et se dénigrer pendant que d’autres (le peuple) se complaisent dans le buzz et l’amusement.
Jean-Claude Djéréké