Le journaliste Désiré Oué abattu à son domicile à Abidjan

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Je viens d’apprendre la nouvelle du meurtre de Désiré Gnonsiohoué, nom de plume Désiré Oué, rédacteur en chef du journal ivoirien Tomorrow Magazine. Etant un peu déconnecté de l’actualité ivoirienne, je n’apprends cette triste nouvelle qu’aujourd’hui, alors que le crime a été commis le 14 novembre à 20H. Je m’incline respectueusement devant la dépouille du confrère et je présente mes condoléances les plus attristées à la famille, aux proches et aux amis de Désiré Oué, ainsi qu’à la rédaction de Tomorrow Magazine.

C’est ici l’occasion pour moi d’appeler mes confrères ivoiriens (de tous les bords politiques) à davantage de responsabilités. En effet, tandis que d’un côté, des médias proches du pouvoir, laissent lire que le journaliste a été tué, parce qu’il aurait joué un rôle « négatif » lors de la crise postélectorale, en sa qualité de « milicien » et de secrétaire général des Parlements et Agoras d’Angré (association patriotique proche de l’ex-pouvoir), de l’autre, des médias proches de l’opposition, laissent lire qu’il a été tué par des soldats du pouvoir.

Et pourtant, il suffisait simplement de se rendre sur la page Facebook (comme je l’ai fait) du journal qui employait le journaliste, pour avoir les faits, les vrais, sans parti pris, sans passion, sans animosité et sans haine : le « rédacteur en chef de Tomorrow Magazine a été emporté par les balles meurtrières des braqueurs qui ont fait irruption à son domicile », information publiée le 15 novembre.

Cette façon absolument criminelle de faire, d’une partie de la presse ivoirienne, qui consiste à proclamer d’autres faits en vue d’éloigner le lecteur, de la vérité, si ce n’est du mercenariat y ressemble fort bien. Cette bien piètre façon de faire du journalisme, a contribué à nous éloigner de la reconstitution des faits, chaque fois qu’il y a eu meurtre ou assassinat d’un journaliste, hier sous Gbagbo, et aujourd’hui sous Ouattara.

Chers confrères, la meilleure façon de rendre hommage à nos morts, c’est de mener des investigations sur les circonstances de leurs disparitions, sans passion, ni volonté de nuire à un camp comme à un autre, guidés par notre unique souci de présenter les faits, au nom de notre sacro-saint devoir d’informer et du légitime droit du public à l’information. La meilleure façon de leur rendre hommage est de restituer les faits (tels qu’ils sont) non à les prostituer ou à les inventer, pour servir notre cause politicienne.

Encore une fois, yako à toute la famille de la presse ivoirienne. Que l’âme de notre confrère repose en paix et aide (en Afrique, « les morts ne sont pas morts ») les pouvoirs régaliens (police et justice) à retrouver les coupables du crime qui ne doit pas, comme d’autres, resté impuni !

 André Silver Konan

Journaliste-écrivain, Prix spécial Norbert Zongo du journalisme d’investigation

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