Selon un article d’Abdoulaye Willard Sanogo publié dans « Notre Voie » du 14 septembre 2011, après Mamadou Koulibaly et d’autres qui avaient conseillé à Laurent Gbagbo de ne financer aucun homme politique français, Laurent Dona Fologo aurait demandé au président de « cracher au bassinet ». Pour mieux convaincre le président de la République, Fologo aurait alors avancé les arguments suivants: 1) C’est une tradition « françafricaine » de financer les hommes politiques français avec l’argent des contribuables africains, même si, en France, on qualifie les pays africains de pauvres; 2) un tel « cadeau » attendrirait et désarmerait le cœur de Jacques Chirac qui au départ ne voulait pas reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo face au général Robert Gueï en octobre 2000.
J’ajouterais que la droite française, la famille politique de Chirac, n’avait de respect et de considération que pour le président Houphouët-Boigny dans notre pays, pour des raisons que chacun peut aisément deviner et qu’il n’est pas nécessaire de rappeler ici.
Le premier problème que pose le cadeau de 3 millions de dollars, c’est qu’il a été fait sans l’accord du peuple. Or la démocratie est « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». La cohérence avec les valeurs auxquelles on croit et le respect du peuple qu’on dit être souverain exigeaient donc que les Ivoiriens soient consultés sur cette affaire et que leur avis soit pris en compte.
La leçon qui se dégage de cette histoire, et c’est le second point que je voudrais aborder, c’est que les Chirac, de Villepin, Sarkozy et autres ignorent ce qu’on appelle reconnaissance et sincérité. Faire du mal à un Noir qui a été généreux ou bon avec eux n’est pas un problème pour eux. Pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas d’amis, parce que l’argent est le dieu qu’ils adorent, parce qu’ils sont sans cœur, parce qu’ils sont insatiables (quand vous leur donnez un doigt, c’est de tout votre bras qu’ils finiront par s’emparer). Fologo et Gbagbo ont été naïfs de penser que Chirac « collerait » la paix au second après le fameux cadeau. Gbagbo aurait dû écouter Koulibaly et non Fologo. Opposant, il avait condamné ces financements occultes qui représentent un considérable manque à gagner pour la population. Par conséquent, il aurait dû se garder d’agir comme les Bongo, Mobutu, Sassou Nguesso, Houphouët et Compaoré.
Ceux qui dirigeront le pays demain doivent apprendre des erreurs de leurs prédécesseurs. Par dessus tout, ils doivent savoir qu’il n’est jamais bon de faire des choses dans le dos du peuple et que le diable finit par exposer ceux qui croient traiter avec lui en secret.
Jean-Claude Djéréké