La coalition des 14 partis politiques d’opposition et le régime ont fini par se mettre d’accord pour entrer en dialogue, le 27ème depuis la malheureuse rencontre de Colmar (1993). Ce jeudi 15 février 2018, un comité préparatoire s’est réuni pour étudier les modalités de la tenue du dialogue. Ce fut l’évènement majeur de la semaine. A l’issue de deux journées de pourparlers, le comité a fini par laisser entendre que le dialogue s’ouvrira le 19 février 2018.
Mais à l’évidence, les positions divisent les membres du comité. Certains veulent un dialogue exclusif, c’est-à-dire qu’il doit être mené exclusivement par le régime et la coalition des 14. C’était la position des 14 quand ils ont fini par accepter le principe du dialogue. Ils posent comme conditions préalables de la tenue du dialogue, la libération des détenus politiques, le retour à la Constitution de 1992, le droit de vote de la Diaspora et la démission de Faure Gnassimgbé.
D’autres se ont positionnés pour un dialogue inclusif, comme le voulait le régime ; ils considèrent les réformes adoptées par les députés de la majorité le mardi 19 septembre 2017 comme des acquis incontournables, et estiment qu’il ne reste plus qu’à les soumettre à un référendum.
Deux positions inconciliables par conséquent. A moins que les parties n’arrivent à un compromis. Mais laquelle ? A en croire la coordonnatrice de la coalition des 14, une concession est possible! Là aussi, quelle concession ? Venant de qui ? Du régime ? Ou des 14 ?
Vers quel dialogue ? demandait le Bureau Exécutif National de la CDPA-BT dans sa prise de position du 18 novembre 2017. La grande confusion dans laquelle l’idée de dialogue avait surgi dans ce contexte politique marqué par les manifestations populaires avait justifié l’interrogation.
A quelques heures de l’ouverture du dialogue, la confusion est loin d’être levée. Elle s’est même accentuée depuis. Le communiqué publié sous l’égide des deux ministres des affaires étrangères de la Guinée et du Ghana est si ambiguë ! Les réponses aux questions posées par la presse à Mr l’Ambassadeur Daniel Ossei sur l’ordre du jour, sur la composition des participants, sur « l’exclusif « et « l’inclusif, » sur la position du Nigeria… sont restées très diplomatiques.
On a atteint le comble de la confusion avec cette vidéo qui s’est mise à circuler sur les réseaux sociaux et qui donnait la composition d’un « bureau provisoire » du dialogue et 12 points sensés être l’ordre du jour…
Puisque les 14 ont fini par accepter ce 27ème dialogue comme l’issue de la « crise », il convient certainement de rappeler les enjeux du face-à-face qui oppose le régime et l’opposition togolaise depuis octobre 1990. Pour le régime et son parti, il s’agit de passer par tous les moyens pour se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire. Pour la masse du peuple insurgé en 1990, il s’agit de mettre un terme à ce régime d’oppression.
Si le mouvement d’opposition a repris la nouvelle vigueur qu’on lui connait depuis le 19 août 2017, c’est parce que la masse des opposants avait cru, à tort ou a raison, que les mots d’ordre lancés par les 14 allaient lui permettre de gagner son enjeu. Faut-il attendre plus longtemps le miracle ? Dans tous les cas, l’ordre du jour et le règlement intérieur publiés par le comité préparatoire ce dimanche 18 février semble indiquer, une fois encore, que les dés sont pipés d’avance ; nous y reviendrons.
De toute évidence, les positions du Comité sont très éloignées des aspirations profondes de la masse des opposants.
Fait à Lomé le 18 février 2018.
Pour le Bureau Exécutif de la CDPA-BT
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