L’appel des Hypocrites !

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La sagesse nous recommande de comprendre, sinon de connaitre notre histoire, c’est-à-dire, de retenir de toutes les péripéties qui ont  pu jalonner notre vie, l’essentiel qui nous permettra d’être suffisamment outillés, afin d’affronter les défis à venir et de les surmonter. Or, notre histoire personnelle se confond aussi avec celle de ce pays, la Côte d’Ivoire, pour finalement devenir, notre histoire commune. Ce n’est pas que notre histoire à nous, individus mortels. Mais l’histoire de tout un peuple, d’une nation, d’un pays. Les hommes passent, mais le pays reste. Mieux, il doit avancer vers l’avant pour que prospèrent les générations futures. Dès lors que nous nous projetons dans une telle perspective, nous comprenons très vite qu’il est urgent de ne pas faire de notre propre histoire, malheureusement et si souvent, entachée de haines viscérales, de passions aveugles, de rancœurs, de mensonges éhontés… En somme, ne pas faire de la « bulle » dans laquelle, malheureusement, nous nous enfermons ; de la folie meurtrière qui, quelques fois nous étreint et nous dresse les uns contre les autres, bref, ne pas limiter l’histoire de la Côte d’Ivoire, à notre seule personne. Ce pays n’en n’a nullement besoin.

Aujourd’hui, au sortir d’une guerre particulièrement sanglante, la Côte d’Ivoire est à la recherche de sa cohésion. Comment parviendra-t-elle à réconcilier ses fils et ses filles, si elle n’arrive pas à tirer les leçons des crises successives qui continuent de la secouer ? Comment les ivoiriens arriveront-ils à se rapprocher, à s’entendre sur le minimum vital, s’ils ne parviennent pas à s’entendre sur leur histoire commune? Pourtant les faits sont là, connus de tous. Ne dit-on pas, d’ailleurs qu’ils sont sacrés ? Mais il semble bien que des ivoiriens, décidés à faire boire aux autres, jusqu’à la lie, le calice de leur haine, les foulent aux pieds. Ils sont encore nombreux, ceux qui, aujourd’hui, veulent faire croire qu’ils sont des saints tout droit descendus du ciel. Ils sont nombreux, ces politiciens qui, entretiennent ce dogme de la « sainteté » ; ceux-là même qui, après mille coups foireux, sont enfin parvenus à s’emparer du pouvoir d’Etat. Ils mentent impunément aux ivoiriens depuis qu’ils sont aux affaires. Ils ont, pour ce faire, confisqué les médias d’Etat et établi partout dans le pays le règne de la terreur. C’est grâce à leurs mensonges, grâce à ceux qui y croient ou à ceux qui naïvement se sont laissé prendre à ce piège ; c’est surtout grâce à ces relais qu’ils prospèrent tristement dans leurs ignominies.

Ils affirment partout, à qui veut l’entendre, que c’est le FPI, principal parti d’opposition qui est l’unique responsable de tous les malheurs qui sont arrivés ou qui arrivent à la Côte d’Ivoire. C’est le FPI et Laurent Gbagbo qui sont à la base des conflits, des tensions socio-politiques, de la corruption qui gangrène le pays ; des divisions, du retard économique…, y comprit, tout récemment, des 3000 morts de la crise post-électorale, martèlent-ils, partout, ivres d’un pouvoir inespéré, animés de ce qui n’est plus à démontrer : leur mauvaise foi. Du coup, ils deviennent à leurs propres yeux, et aux yeux de ceux qui daignent encore leur accorder du crédit, les victimes du FPI et de Laurent Gbagbo. Ou encore, des justiciers irréprochables qui auraient sauvés ce pays d’un péril certain.

Or, ont-ils, oui ou non, encouragés et soutenus la rébellion  de septembre 2002 qui aujourd’hui est totalement acquise à leurs causes? Ont-ils, oui ou non, fait de concepts supposés ou avérés de xénophobie et d’exclusion leur cheval de batail, au point d’instrumentaliser, à fond, les clivages ethniques et religieux en Côte d’Ivoire? Ont-ils, au plus fort de la crise post-électorale, appelés de tous leurs vœux à une solution radicale, c’est à dire armée ? Et comme si cela ne leur avait pas suffit, n’ont-ils pas orchestré une véritable chasse à leurs opposants, jetant, par la même occasion, des milliers d’ivoiriens en prison ou contraignant plusieurs autres à l’exil ; leurs bras armés ne se sont-ils pas appropriés en toute impunité et par la seule force de leurs armes, ce qui ne leur appartient pas ? N’ont-ils pas, enfin, commis la plus grave faute politique de leur vie, en déportant Laurent Gbagbo, cet illustre personnage ivoirien, à la CPI (cour pénale internationale) ? Laurent Gbagbo qui, malgré tous les sobriquets de dictateur et de tyran dont on l’affabule, jouit toujours d’une popularité certaine auprès des ivoiriens qui se reconnaissent en son combat ?

Ce sont ces mêmes personnes qui, aujourd’hui disent appeler les ivoiriens à la réconciliation. Ce sont eux qui, exigent des autres actes de contrition, repentance et pardon.

Avec une telle attitude, peut-on sincèrement espérer que la réconciliation puisse connaitre des avancées significatives dans ce pays ? N’est-ce pas là, ce qui freine aussi la réconciliation ?

Reconnaissons-le. La réconciliation en Côte d’Ivoire a ceci de particulier qu’il ne s’agit pas pour un groupe d’ivoiriens d’appeler  les autres à la réconciliation. D’en profiter pour se faire passer pour des êtres sans péchés. Mais il s’agit de le vouloir sincèrement. Chaque ivoirien doit pouvoir aller de lui-même, à la réconciliation. Chacun, en son âme et conscience ; dépouillé de tout orgueil, de toute haine et de tout désir de vengeance. Chaque ivoirien doit pouvoir entendre et comprendre ce refrain de notre hymne : « fiers ivoiriens, le pays nous appelle ». Voici le seul appel à la réconciliation qui mérite d’être entendu par les ivoiriens. L’appel de la patrie, l’amour du pays, le sursaut d’orgueil pour la survie de notre pays. Ce n’est point l’appel d’un groupe d’individus, d’hypocrites rompus à l’art du mensonge et du complot, encore moins d’un homme, fut-il Alassane Ouattara. En effet, leurs cris resteront vains tant qu’ils refuseront d’ouvrir leurs yeux sur leurs propres crimes. D’ailleurs, l’on s’interroge, veulent-ils vraiment de la réconciliation ?

Marc Micaèl La Riposte

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