Emmanuel Macron a donc décidé de prendre la tête d’une croisade contre la Russie. Il est difficile de bien identifier la motivation principale. La première qui vient à l’esprit est bien évidemment le narcissisme puéril qui habite ce personnage, et dont on a mesuré le caractère vertigineux dès les premiers jours de son avènement à la suite d’un coup d’état judiciaire. Mais probablement aussi un calcul politicien pour évacuer l’impact de la catastrophe médiatique de sa pantalonnade au salon de l’agriculture. Voire, sachant qu’il les exécute immédiatement, un ordre venu de Washington de prendre le relais en Ukraine d’une Amérique qui semble vouloir se consacrer à autre chose. Peut-être un mélange de tout cela, mais ce qui est sûr c’est que Macron, fidèle à lui-même et armé de ses différentes incompétences, fait une nouvelle démonstration de son irresponsabilité, et de son incapacité à diriger la France de façon rationnelle.
Il a donc dit à ses interlocuteurs, avant de le faire confirmer officiellement, «que vis-à-vis de la Russie, la France ne s’interdisait aucune ligne rouge». Sachant que notre pays est une puissance nucléaire, c’est donc un avertissement donné à la Russie. Que si nous envoyons nos 15 000 hommes disponibles, dotés d’environ huit jours de munitions, occuper une trentaine de kilomètres d’un front qui en fait 1200, et que ça se passe mal, gare. Parce que nous aussi, nous pouvons vitrifier les moujiks.
À une panoplie de défauts particulièrement fournie, Emmanuel Macron ajoute semble-t-il une incapacité à évaluer les ordres de grandeur et à comprendre des choses simples comme la règle de trois.
Le voilà qui toise la Russie du haut de nos 300 missiles nucléaires dont la dernière tête fut fabriquée en 1996 après l’essai nucléaire nommé Xouthos, qui a eu lieu en Polynésie française sur ordre de Jacques Chirac. Le dernier missile nucléaire français fabriqué était le missile Hadès. Il a été démantelé le 23 juin 1997. Depuis nous n’avons plus de missile sol-sol, et peu de vecteurs mer-sol.
Il ne nous reste presque plus que des missiles air-sol dont nous avons testé avec succès un missile nucléaire modernisé de type ASMPA (air-sol moyenne portée) en 2022. L’ancienne version de ce missile, qui fait partie de la composante aérienne de la dissuasion française, est en service depuis 2009 et sera remplacée vers 2035 (!).
En 2025, nous devrions aussi être livrés du missile mer-sol M51.3 de riposte pour équiper les sous-marins français.
La puissance de nos missiles est d’environ 300kt et ils volent à la vitesse supersonique de mach 3 avec une portée maximale de 500km, ce qui impose à nos avions d’entrer profondément sur le territoire russe pour espérer atteindre Moscou. En clair, une frappe nucléaire française détruirait tout sur un rayon de 5000m et ferait de gros dégâts sur un rayon de 15km.
De leur côté, les Russes disposent de plusieurs missiles antimissiles hypersoniques, donc proportionnellement 5 à 10 fois plus rapides. Par exemple le S-500 Prometeï intercepte à une vitesse hypersonique de mach 20 tout missile volant même à une altitude de 200km (soit 10 fois plus haut que le plafond de nos missiles).
En ce qui concerne la capacité de riposte des missiles russes, examinons les ordres de grandeur d’un seul d’entre eux et qui n’est pas le plus puissant : l’ICBM RS-28 Sarmat (SATAN 2).
Tout d’abord les Sarmat sont déployés sur toute la Russie et certains sont équipés de détecteur de radiation et programmés pour décoller automatiquement en cas de détection d’une frappe nucléaire ennemie sur sol russe.
• Le Sarmat est hypersonique et vole à mach 21 (25 900 km/h)
• Il atteindrait Paris en 2 minutes et New York en 18 minutes
• Un seul Sarmat est doté d’une ogive nucléaire à fragmentation qui transporte 10 ogives individuelles qui raseraient une zone de frappe d’environ 650 000km², ce qui est comparable à l’ensemble du territoire français.
Bref, en lançant sur la Russie toutes nos têtes nucléaires disponibles et à supposer que la Russie n’en intercepte aucune, alors qu’il est plus probable que toutes seraient interceptées, nous détruirions tout au plus quelques centaines de km² russes. Inversement sur les 8000 têtes russes, un Sarmat seul, qui à ce jour n’est pas susceptible d’être intercepté, raserait toute la France d’un coup.
Par conséquent, le moment n’est pas aux rodomontades, aux coups de menton, aux déclarations à l’emporte-pièce qui sont autant de sottises.
Décidément, la guerre, nucléaire ou pas, est une chose trop sérieuse pour la confier à Emmanuel Macron.
source : Vu du Droit