La confrontation Etats-Unis-Iran entre dans une nouvelle et dangereuse phase

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La confrontation avec l’Iran, menée par les Etats-Unis, au sujet des programmes nucléaires a atteint un nouveau et dangereux stade suite au blocage de pourparlers internationaux et à l’imposition de sanctions supplémentaires destinées à paralyser l’économie iranienne. Le gouvernement Obama a à maintes reprises déclaré que toutes les options, y compris l’option militaire, restaient sur la table si Téhéran ne s’inclinait pas devant les exigences américaines.

En parlant cette semaine au New York Times, des responsables américains ont donné le détail du renforcement militaire déjà en cours dans le golfe Persique sous prétexte de maintenir ouvertes les routes de navigation. Deux porte-avions – l’USS Lincoln et l’USS Enterprise – se trouvent dans la région, ainsi que leurs groupements tactiques associés. La marine américaine a doublé le nombre de dragueurs de mines dans le golfe et l’aviation américaine a renforcé sa présence par des avions furtifs F-22 et des chasseurs bombardiers F-15C.

Le Pentagone a stationné dans le golfe une plate-forme commando en mer, l’USS Ponce. Elle peut être utilisée de diverses manières, entre autre comme base des forces spéciales américaines. Vu que la plateforme est déployée dans les eaux internationales, les troupes américaines seraient en mesure de mener des opérations à l’intérieur de l’Iran sans avoir à consulter les gouvernements régionaux pour utiliser leurs bases.

Un responsable américain du Département de la Défense a dit au Times : « Il ne s’agit pas seulement des ambitions nucléaires iraniennes, mais des ambitions hégémoniques régionales de l’Iran. C’est un ensemble complexe de la puissance militaire américaine qui est une preuve tangible pour tous nos alliés, partenaires et amis de ce que, alors même que les Etats-Unis se tournent vers l’Asie, ils restent vigilants partout au Moyen-Orient. »

Ces remarques soulignent le fait que des affirmations américaines infondées concernant les programmes nucléaires de l’Iran sont tout simplement le prétexte à une politique irresponsable visant à étendre l’hégémonie de l’impérialisme américain dans les régions riches en pétrole au Moyen-Orient et en Asie centrale. Washington considère le régime iranien comme un obstacle majeur à cette ambition.

La référence au « tournant » américain vers l’Asie – à savoir, l’intensification des efforts diplomatiques et militaires du gouvernement Obama pour contrer l’influence chinoise – est un indicateur de la stratégie sous-jacente. Les Etats-Unis ont pour objectif de contrôler les approvisionnements énergétiques de leurs rivaux, en particulier de la Chine, en s’assurant la mainmise stratégique sur le Moyen-Orient et aussi sur les routes maritimes-clés traversant l’Asie du Sud-Est à destination des ports chinois.

L’administration Obama a à présent atteint le dernier stade d’une stratégie de confrontation avec l’Iran et définie dès le premier jour de son entrée en fonction. La soi-disant approche de la « carotte et du bâton » fut conçue en détail dans un rapport publié en septembre 2008 par le Centre politique bipartite et parmi les auteurs duquel figure, entre autres, Dennis Ross, qui devint le principal conseiller d’Obama sur l’Iran. Les incitations américaines limitées pour que l’Iran négocie furent accompagnées par la mise en place de sanctions croissantes et la menace de frappes militaires.

L’offre d’Obama de discuter n’a jamais visé à parvenir à de véritables négociations avec le régime iranien. Elle devait plutôt garantir le soutien d’alliés européens-clés qui avaient été aliénés par la politique du gouvernement Bush. Les intentions de Washington devinrent évidentes lorsque, avec le soutien de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne, Obama a lancé en juin 2009 une campagne de changement de régime en Iran pour soutenir le mouvement Vert d’opposition petite-bourgeoise et annuler la réélection du président, Mahmoud Ahmadinejad.

Les pourparlers entre l’Iran et le groupe P5+1 – les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, la Russie et l’Allemagne – ont plus ou moins périclité le mois dernier à Moscou. L’Iran a refusé d’accepter l’ultimatum, parrainé par les Etats-Unis, de mettre fin à l’enrichissement d’uranium à 20 pour cent, de renoncer à son stock d’uranium enrichi et de fermer son usine d’opérations d’enrichissement d’uranium à Fordow. Téhéran était tout à fait conscient que cet ultimatum n’était que le premier volet d’une série sans fin d’exigences américaines pour des inspections inquisitrices et un arrêt de tout enrichissement d’uranium. D’autres discussions techniques de second ordre eurent lieu cette semaine à Istanbul sans que soit fixée une date pour de nouveaux pourparlers.

Le gouvernement Obama n’a jamais négocié de bonne foi avec l’Iran, refusant même d’accepter tout report ou moratoire pour les nouvelles sanctions américaines et européennes imposées le 1er juillet. Un embargo de l’Union européenne sur les importations pétrolières iraniennes est entré en vigueur dimanche, en complément à la législation américaine qui pénalise les entreprises étrangères faisant des affaires avec la banque centrale de l’Iran. Les exportations pétrolières cruciales pour l’Iran ont déjà chuté d’environ 40 pour cent, causant d’énormes difficultés pour la population laborieuse.

Washington a désormais quasiment épuisé toutes les « options diplomatiques » et imposé ce qui correspond à un blocus économique de l’Iran – ce qui en soi est un acte de guerre. La prochaine étape est l’option militaire. Comme le rapport de 2008 du Centre politique bipartite l’a souligné : « Nous estimons qu’une frappe militaire est une option envisageable et doit rester le dernier recours pour retarder le programme nucléaire de l’Iran. » Le rapport a expliqué qu’une attaque militaire américaine « aurait non seulement pour cible l’infrastructure nucléaire de l’Iran, mais aussi son infrastructure militaire conventionnelle dans le but d’éliminer toute réponse iranienne. »

Près de quatre ans plus tard, le renforcement des moyens miliaires par le Pentagone dans Golfe persique a créé la capacité de réaliser ces projets. Le gouvernement Obama a fait augmenter les tensions régionales par l’annonce de manoeuvres conjointes de grande envergure Etats-Unis-Israël en octobre ou novembre et ayant pour but de tester les systèmes de défense antimissiles. Le New York Times a rapporté que les Etats-Unis organiseraient dans le golfe Persique en septembre un important exercice de déminage avec 19 autres pays. Washington va également prendre d’autres mesures pour étendre ses liens militaires avec l’Arabie saoudite, le rival régional de l’Iran et avec les Etats du Golfe.

Ces agissements menaçants contre l’Iran, alors même que les Etats-Unis et leurs alliés menacent d’intervenir militairement contre l’allié de l’Iran, le régime syrien du président Bachar al-Assad, ont transformé le Moyen-Orient en une dangereuse poudrière. Indépendamment des intentions immédiates du gouvernement Obama, toute erreur de calcul militaire ou tout incident peut devenir le point de départ d’une guerre qui pourrait rapidement se transformer en un conflit régional où les grandes puissances se verraient entraînées.

L’unique force sociale capable de mettre fin au danger d’une guerre est la classe ouvrière internationale et ce, en abolissant les racines de la guerre – le capitalisme et son partage du monde en Etats-nations rivaux. Les travailleurs de toute cette région doivent s’unir avec leurs frères et sœurs de classe aux Etats-Unis, en Europe et internationalement dans une lutte commune contre les actions prédatrices de l’impérialisme américain et de ses alliés et pour l’internationalisme socialiste.

Peter Symonds

 

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