Octobre 2017:
Sokodé et tout Tchaoudjo sont sous la terreur militaire, plus précisément sous la terreur des parachutistes de l´armée togolaise, communément appelés bérets rouges. Les militaires de ce corps d´élite sont tristement réputés pour leur brutalié et leur sauvagerie sur les populations civiles au moindre pépin. Les bérets rouges, au cours de leur formation, apprennent les techniques qui leur permettraient, même désarmés, de mettre l´ennemi hors d´état de nuire en période de guerre. C´est ce corps d´élite de notre armée que Faure Gnassingbé et la hiérarchie militaire avaient décidé d´envoyer à Tchaoudjo et à Assoli pour bastonner, tirer à balles réelles, casser des bras et des pieds, quelquefois à coups de hâche, détruire les commerces, humilier et imposer un blocus total pendant des semaines à une population qui n´avait pas le droit de pointer le nez dehors pour aller trouver à manger et se faire soigner.
On dirait que le Togo était sous occupation militaire étrangère. Après le passage des bérets rouges aidés de miliciens dans les domiciles, les blessés graves sont laissés à leur sort, puisqu´il leur était interdit de sortir pour tenter d´aller à l´hôpital ou au dispensaire. Les images de bébés, d´enfants en bas âge, de personnes âgées, hommes et femmes, ayant fui en brousse pour sauver leur vie, avaient fait le tour du monde.
Voilà donc l´enfer où un homme courageux, bravant la terreur et les menaces, avait pris sur lui de sauver coûte que coûte la vie humaine que des militaires togolais sont entrain de détruire. Cet homme, c´est Assiba Biova Johnson, président du Réseau des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (REJADD). Ayant appris le martyre que vivent ses compatriotes du Centre du pays, il décide de se rendre à Sokodé avec certains de ses amis pour tenter de sauver ce qui pouvait l´être.
Ayant été envoyés pour détruire la vie humaine, nos para-commando en apprenant la présence de quelqu´un qui s´occupe de personnes qu´ils ont blessées par balles, par armes blanches, ou par bastonnades, se mettent en colère et décident de lui régler ses comptes. N´eût-été la vigilance de personnes de bonne foi au CHR de Sokodé, nul ne sait le sort qui aurait été réservé au président du REJADD s´il avait été pris. Et c´est dans des conditions rocambolesques que M. Assiba Johnson arrive à s´enfuir de l´hôpital sans demander son reste, à se cacher et à regagner Lomé le lendemain.
Début février 2018:
Le REJADD et le RAIDHS (Réseau africain pour les initiatives de droits de l’homme et de solidarité) publient un rapport accablant pour le régime RPT/UNIR, rapport préliminaire qui dit la vérité sur ce qui s´est vraiment passé en termes d´assassinats et de violations des droits de l´homme depuis le 19 août 2017. Le bilan, sans appel, de 100 morts et de personnes enterrées dans des fosses communes, fait naturellement mal au régime habitué au crime et au mensonge.
Depuis la pubication de ce rapport M. Assiba Biova Johnson est la cible de menaces de toutes sortes, et est régulièrement suivi par de sinistres personnes; le quotidien de beaucoup d´opposants togolais depuis des décennies. Il se savait en danger et s´attendait à être un jour ou l´autre arrêté. Il aurait même échappé à un enlèvement le 14 février dernier.
Mercredi 04 avril 2018:
Au nord-est de Lomé le courageux défenseur des droits de l´homme est kidnappé, les portes du bureau de son association défoncées et le matériel emporté. Quelques instants plus tard il se retrouve au centre de torture de la gendarmerie dénommé SRI (Service de Renseignements et d´Investigation). Nous ne nous étonnons plus de ces méthodes de gangsters utilisées par des fonctionnaires de la République pour interpeller des citoyens; tant ce régime nous a à plusieurs fois prouvé que nous vivons dans un état de non-droit.
Le maître de ces lieux de torture, le Commandant du SRI retient 3 chefs d´accuastion contre M. Assiba Johnson: propagation de fausses nouvelles, outrage à autorité et appel au génocide. Sous des cieux plus civilisés ce rôle revient à un juge qui décide en toute liberté, mais pas à un commandant de gendarmerie.
Revenons à ces fallacieux chefs d´accusation pour dire que M. Assiba et ses amis ont publié ce rapport après enquêtes et vérifications, donc il ne peut pas s´agir de fausses nouvelles. Quant à l´appel au génocide, comment quelqu´un qui dénonce des massacres sur des populations choisies selon une certaine appartenance, peut-il appeler au génocide? Entre celui qui assiège militairement certaines communautés de togolais, y commet des violations des droits de l´homme et celui qui dénonce, qui appelle au génocide ou l´exécute?
Tout ceci n´a pour but que d´intimider des compatriotes courageux qui osent braver ce régime en en dénonçant les abus de toutes sortes, malgré la terreur.
Nous nous joignons à la société civile et aux organisations de défense des droits de l´homme de notre pays pour saluer l´engagement patriotique de M. Assiba Biova Johnson et demander sa libération sans condition.
Il doit également être mis fin aux menaces et harcèlement sur les directeurs de publication de certains journaux de la presse privée.
Nous demandons au gouvernement togolais de faire en sorte que l´intégrité physique du président du REJADD soit préservée et qu´il puisse retrouver sa famille dans les meilleurs délais.
Samari Tchadjobo
Allemagne
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