Un Sénateur américain charge Ouattara / « Il ne méritait pas une audience avec notre président… » – « C`est un chef rebelle et un potentiel criminel de guerre »
Jim Inhofe est Sénateur américain dans l’Oklahoma, un Etat du Centre-Sud des Etats- Unis d’Amérique. Il est membre éminent de la commission sénatoriale des services armés (SASC) et du comité chargé des relations étrangères du Sénat (SFR). M. Inhofe s’illustre par ses critiques virulentes contre le régime Ouattara. Il a dénoncé le vendredi 29 juillet dernier, dans une déclaration filmée et publiée sur internet, l’audience accordée par le président américain Barack Obama à son homologue ivoirien, Alassane Ouattara. Ce même vendredi en effet, le président Obama recevait en audience quatre chefs d’Etat africains dont celui de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Cette rencontre, avaient indiqué des sources de la Maison Blanche à l’Afp, était l’occasion pour l’administration Obama de « souligner son soutien à des démocraties en développement, de mettre en valeur les partenariats avec ces pays et de discuter de l’élaboration d’institutions démocratiques fortes, du développement économique et d’autres sujets régionaux ».
Cette audience au sommet, notamment celle avec le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, a cependant été vertement critiquée par le Sénateur Jim Inhofe. Avec des documents photographiques à l’appui pour illustrer ses propos, le Sénateur de l’Oklahoma a traité le président ivoirien de « chef rebelle » et l’accuse d’être à l’origine du massacre d’au moins 3000 personnes pendant la crise post-électorale. Et que par conséquent, il ne méritait pas d’être reçu par le président américain dans le prestigieux bureau oval de la Maison Blanche. « Et maintenant, au moment même où nous parlons, le président Obama accorde une audience au chef rebelle et potentiel criminel de guerre, Alassane Ouattara (…) un homme responsable de la mort d’au moins 3.000 personnes et du déplacement de milliers de refugiés ivoiriens », a-t-il dit dans sa déclaration filmée. Présentant des images comme celles de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, le Sénateur Jim Inhofe en déduit que Alassane Ouattara n’a pas gagné les élections en Côte d’Ivoire de façon régulière. « L’année dernière (2010 ndlr) Ouattara a gagné frauduleusement les élections présidentielles en Côte d’Ivoire ; et, lorsque le président Gbagbo a révélé les fraudes, l’armée rebelle a écarté son gouvernement par la violence avec le soutien des militaires français », a-t-il dénoncé. Sur sa lancée, M. Inhofe a fait référence au dernier rapport d’Amnesty international sur la Côte d’Ivoire qui fait état d’un demi-million d’Ivoiriens déplacés par les violences post-électorales, mais également privés de retourner chez eux en raison d’un climat de peur qui continue de régner sur le pays.
Le rapport d’Amnesty international, note t-il, signale de manière spécifique que « les milices de Ouattara composées de militaires et de Dozos continuent de prendre pour cibles les groupes ethniques jugés pro-Gbagbo ». Le Sénateur Inhofe n’a pas manqué de rappeller les massacres perpétrés à Duékoué à l’ouest du pays pendant la bataille post-électorale, et imputés aux soldats pro-Ouattara. Il a fait remarquer que ces crimes ont été dénoncés tant par l’Onu, la Croix-Rouge que par une frange importante de la société civile internationale. Ces violences et abus, poursuit le Sénateur, incluent des exécutions sommaires, des violences sexuelles, des tortures, des détentions arbitraires ainsi que diverses violations des lois internationales et des droits humains. Autant de faits pour lesquels Jim Inhofe pointe un doigt accusateur sur le régime Ouattara. « Il ne méritait pas une invitation à notre Maison-Blanche ou une audience avec notre président dans le Bureau Oval », martèle t-il. Faut-il le rappeler, le Sénateur de l’Oklahoma n’est pas à sa première sortie contre le régime Ouattara, installé au pouvoir depuis le 11 avril 2011 à la suite d’affrontements meurtriers entre ses partisans et ceux de l’ancien président Laurent Gbagbo, qui ont causé au moins 3000 morts selon le gouvernement ivoirien. Déjà le lundi 04 avril 2011, soit une semaine avant la chute de l’ancien chef de l’Etat, Jim Inhofe a indiqué lors d’une conférence de presse devant la chaîne américaine « RightNetwork » que « les récents rapports des massacres perpétrés par les forces de Ouattara sont des preuves supplémentaires que les Etats-Unis doivent changer leur position en Côte d’Ivoire. Il est maintenant clair, basé sur les rapports des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire, que des massacres ont eu lieu sous le contrôle d’Alassane Ouattara. Cela remet en question sa légitimité à diriger ce pays (…) », avait-il dit. L’homme n’a pas changé de position, car le vendredi dernier, il a estimé que le président ivoirien n’était pas le bienvenu à la Maison Blanche.
Hamadou ZIAO