Le courant dominant de l’opposition s’engage dans un nouveau cycle de dialogues. La CDPA-BT déplore ce nouvel engagement. On obtient jamais quelque chose d’un dialogue qu’en ayant le rapport des forces de son côté. La seule manière de mettre le rapport des forces du côté de l’opposition démocratique est de mobiliser la masse des opposants, dans le but de faire émerger d’elle une force d’appui cohérente, capable d’exercer une pression conséquente et soutenue sur le régime. Une telle mobilisation ne sera possible que si des partis d’opposition acceptent de se mettre ensemble pour fonder une alliance politique solide ; mieux, un pacte sur la base d’une plate-forme politique minimale où cette mobilisation sera un objectif prioritaire.
L’ANC et le CAR ont finalement engagé un nouveau cycle de dialogues avec le régime. La première séance a eu lieu le 5 mars 2012. La présidence du dialogue est attribuée à l’ANC qui, de toute évidence, s’en est réjoui. « J’ai eu l’honneur d’être désigné président », a déclaré avec satisfaction Patrick Lawson, Premier Vice-président de ce parti.
Rappelons que le CAR avait été désigné Président du 12e dialogue en 2006 avec l’appui du RPT. L’UFC qui avait aspiré à cette fonction, n’avait pas beaucoup apprécié. A l’époque, l’UFC avait à sa tête ceux qui conduisent aujourd’hui l’ANC.
Le CAR et l’ANC avaient boudé le « CPDC rénové », que l’on s’efforce de confondre désormais avec le CPDC originel, pour accentuer la confusion dans les esprits. Le CAR a boycotté le « CPDC rénové » parce que le régime a ouvert le CPDC originel à d’autres formations politiques, passant ainsi du « dialogue exclusif » voulu par ce parti, au « dialogue inclusif » préféré par le régime dès le lendemain de la signature de l’APG.
Quant à l’ANC, la première des exigences posées en novembre 2011 avec fermeté par ses responsables comme condition préalable de leur participation à tout dialogue avec le régime est la réintégration des 9 députés exclus de l’Assemblée sur la demande de Gilchrist Olympio et ses AGO. L’ANC a pourtant accepté de participer au nouveau dialogue en cours avec le régime, alors que les 9 députés sont toujours sur la touche, attendant d’être fixés sur leur sort par le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO.
Que le CAR ait finalement repris le chemin du dialogue avec le régime ne surprend guère. Ce parti a toujours été partisan d’un dialogue avec le régime, du moment qu’il est « exclusif ». Comme le régime a accepté, depuis février, de discuter exclusivement avec ce qu’il est convenu d’appeler l’opposition parlementaire, le CAR a certainement estimé qu’il s’agit là d’un dialogue « exclusif », même si le dialogue « inclusif » se poursuit parallèlement ailleurs, dans le « CPDC rénové ».
Quant à l’ANC, la confusion est encore plus grande. Le nouveau verdict de la CEDEAO vient de tomber ce 13 mars 2012. Il est identique au précédent. Les 9 députés sont toujours sur la touche. La conférence de presse tenue par l’ANC en réaction au verdict ne dit pourtant rien du dialogue. Les responsables de l’ANC semblent ne plus faire de la réintégration des 9 députés un préalable absolu à la participation au dialogue avec le régime. Ils continuent donc d’y participer et d’en assumer la présidence.
Dans tous les cas, le courant dominant de l’opposition s’engage, dans sa totalité cette fois-ci, dans un nouveau cycle de dialogues avec le régime, les uns dans le « CPDC rénové », les autres au niveau de ce qui est pris pour « l’opposition parlementaire ». Dans une confusion totale. Et toujours dans un rapport des forces plutôt favorable au régime, comme dans le cas de tous les précédents dialogues.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de voir Esso Solitoki, Secrétaire général du RPT et ministre de la fonction publique, se réjouir en disant que « Ce dialogue cette fois-ci, on peut dire que ce sera le bon ».
La CDPA-BT déplore l’engagement du CAR et de l’ANC dans ce nouveau dialogue, surtout dans cette présente situation pré-électorale où tout est toujours aussi flou qu’avant, où la détermination de Faure et ses amis de se maintenir au pouvoir à tout prix est si évidente et où, par contre, rien ne permet de dire que le CAR et l’ANC, à eux seuls, pourrons imposer au régime et à son parti les réformes fondamentales, sans lesquelles parler de démocratie n’est qu’un leurre et une tromperie.
On n’obtient jamais rien d’un dialogue que l’on mène en n’étant en position de faiblesse. Le nombre impressionnant de dialogues menés jusqu’à présent avec le régime par les partis du courant majoritaire de l’opposition le montre bien. On obtient jamais quelque chose d’un dialogue qu’en ayant le rapport des forces tant soit peu de son côté. Ce n’est toujours pas le cas pour les partis qui se précipitent à ces types de dialogues depuis plus de 20 ans.
On ne cessera jamais de le dire : la seule manière de mettre le rapport des forces du côté de l’opposition démocratique est de mobiliser la masse des opposants, dans le but de faire émerger d’elle une force d’appui cohérente, capable d’exercer une pression conséquente et soutenue sur le régime.
Une telle mobilisation ne sera possible que si des partis d’opposition résolus à créer les conditions du changement démocratique acceptent de se mettre ensemble pour fonder une alliance politique solide ; mieux, un pacte sur la base d’une plate-forme politique minimale où cette mobilisation sera un objectif prioritaire.
La CDPA-BT est depuis longtemps déjà dans cette logique d’une mobilisation conséquente et efficace. Elle a fait des propositions dans ce sens. Elle continue d’en appeler avec force à la constitution d’une telle alliance.
Fait à Paris le 22 Mars 2012.
Pour la CDPA-BT
Section de France
Emmanuel Boccovi