Hommage à M. Djimbare Nadjombe : le syndicaliste, l’engagé, l’artiste. L’homme qui rêvait de sauver le Grand Bassar ! [ Par Tchapo Sina]

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C’est avec émotion et tristesse, que nous avions appris la disparition de Mr Djimbare  Nadjombé , le 31 décembre 2020.

 Il était d’une telle discrétion, d’une telle modestie et d’une si grande bienveillance !

 Chaque génération, nous dit F. Fanon : « doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir » Le Grand Djimbaré a fait sa part ; sans cor ni cri. Retenons qu’il l’a surtout fait avec pragmatisme et détermination.

Bassar perd un valeureux fils animé d’une conviction réelle et qui ne transige pas avec les valeurs.

Sa vision pour l’émancipation individuelle et collective, pour la justice sociale, pour la démocratie au Togo a structuré son engagement syndical  et social  tels que nous les montrent quelques extraits ses œuvres.

L’homme syndicaliste

Du 29/10/05  au 27/01/07 il a été Secrétaire Général du SYNDICAT (SYNTRASEL) à la CEET où il est resté jusqu’à sa retraite.

Il restera une figure de proue du monde syndicaliste. Ardent défenseur des travailleurs, il œuvra à l’amélioration des conditions de travail de sa corporation. Il joua, comme en témoignent ses collègues, un rôle déterminant  lors de grandes revendications qui ont abouti à l’obtention de diverses primes et autres avantages

Djimbare l’artiste de la chanson

Homme de culture il avait une passion pour la musique.

Il nous a laissé  quelques albums à succès. Entre autres cette comptine <<les vacances à Bassar>> dans laquelle il chantait l’amour, la beauté de cette ville plantée aux pieds du mont barba – Bassar et y  invite le monde à la célèbre fête  D’pontre.

Le dernier combat d’un homme rassembleur.

Voir sa ville s’éteindre, s’assécher culturellement socialement et économiquement attriste Nadjombe Djimbaré. Aussi,  en véritable patriote, se donne t-il la noble tâche de la faire renaitre de ses cendres. Il comprit très tôt qu’une prise de conscience collective est indispensable pour reverdir sa ville et par delà son pays. Il s’adressa aux Bassari…

Les lettres aux cadres de Bassar

SOUFFREZ AVEC NOUS, CADRES BASSAR

Si nous avions été des enfants de cœur, d’il y a de cela très longtemps, souffrez avec nous, Cadres BASSAR, que plus jamais nous ne nous prêterons plus à ce jeu.

Au jour d’aujourd’hui, nous sommes ce drone, dans les firmaments qui plane invisible, de jour comme de nuit, pour la collecte de tout ce que les sans voix murmurent ou disent tout bas et nous le faisons rejaillir afin que cela vous atteigne.

Pour vous qui nous menacez inbox, par personne interposée, ou encore vis-à-vis, pour notre soit disant acrimonie épistolaire, nous vous promettons de ne plus jamais redevenir cet enfant de cœur, ou d’accepter de vous caresser dans le sens des poils.

« Nous ne laisserons pas le brut de votre opinion noyer notre voix intérieur. » (Steve Job) car, nous ne cesserons pas de vous prêcher l’évangile qui est le nôtre, « LE BIEN-ETRE DE BASSAR.»

L’adage populaire ne dit-il pas que : « Tu peux quitter le village, mais le village ne va jamais te quitter ? »

Quel qu’en soient les cas, tant que nous serons en vie et jouissant d’une bonne santé physique et mentale, nous continuerons et nous vous  ferons parvenir sans complaisance, ce que nous aurons pu collectés de cette population meurtrie.

Vous devez le savoir très bien comme l’écrit (Morgan Fremaan) : « La meilleure façon de garantir la défaite, est d’abandonner. » c’est pourquoi, nous persévérons. Car comme disait Victor Hugo : « persévérance, secret de tous les triomphes. »

Ce n’est pas à cause de vous, pour vos beaux yeux de Cadres BASSAR, qui ne voulez pas voir la vérité en face, ‘’Que nous laisserons la peur avorter notre mission qui consiste à vous rappeler chaque jour que Dieu fait, que notre Bassar continue à s’engouffrer.’’ Sachez bien que nous n’avons pas autre paradis ailleurs que celui que le créateur nous a déjà donné. C’est donc à nous de construire comme il se doit.

La Religion et la Politique n’ont pas la même terminaison, mais, elles a les même effets de la drogue enivrante de ses adeptes, ses ‘’Brebis.’’

Comme dans Mathieu 10,34-35 et 36, « 34, Jésus Christ disait, n’allez pas  croire pas que  je sois venu apporter la paix sur la terre ;  Je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien l’épée. 35, Oui, je suis venu séparer l’homme et son père, la fille et sa mère, la belle fille et sa belle-mère. 36, Et l’on aura pour ennemis les gens de sa famille. »

         Voici l’endroit où la Religion et la Politique se rejoignent.

La politique mal comprise est venue avec elle aussi son épée pour diviser les membres d’une même famille que nous sommes, peuple Bassar.

C’est ce pourquoi, l’interpellation que nous vous faisons, notre souhait qu’à cette rencontre que nous continuons à souhaiter, nous ne serons pas là ce jour en politicien, encore moins en religieux. Nous y serons en frères et sœurs de la même famille pour laver notre linge sale.

C’est vrai que vous êtes plus nombreux à n’avoir pas assistés ou entendu parler de différentes sortes des rassemblements qui s’est déjà tenus à Bassar.

Il s’agit de :

  • Colloque de Bassar du 01et 02 Septembre 1978, où on pouvait voir des intervenants comme le Ministre Moussa BARRY BARKE, Mr MONKPEBOR, SEI Lantame c’était au temps du Chef de Circonscription ADJABANDJA.
  • De la journée de réflexion de 1982, où étaient présent, les Ministres BITOKOTIPOU Yagninime, TCHALIME Tchakoza, pour ne citer que cela,  
  • Une autre rencontre, celle de 1992, qui est sanctionnée par « LA LETTRE CIRCULAIRE » dons nous avions fait écho dans la parution « LE SILENCE NEFASTE DES CADRES BASSAR, »
  • La toute dernière de 2000 qui s’est terminée en queue de poisson, et pour cause,

Que sont devenues les Résolutions, Recommandations et autres ? Et les comités de suivi mis en place ? A quoi ont-ils au juste servi ?

Ce que nous vous demandons calmement aujourd’hui, si rien n’ai fait, ne soyez pas surpris que demain, plus jeunes que nous viennent à vous tirer par les cravates.

Car Thomas Sankara disait : « la jeunesse mobilisée est dangereuse, une jeunesse est une puissance qui effraye même les bombes atomiques. »

Nous ne voulons pas vous croyez que le combat que nous menons afin que nos Cadres Bassar viennent à comprendre et à se conscientiser pour le Bien-Etre qui nous ait si cher,  pour ce peuple Bassar, « ressemble à quelqu’un qui s’immole par le feu pour éclairer la route à un aveugle, »

Loin de là, nous avons vu scintiller dans le ciel noir des ‘’ETOILES’’  comme celui qui avait conduit les Rois Mages de Galilée à Bethléem, pour voir où était né le Roi.

Nous saluons donc la bravoure de certains de ces Cadres qui se sont surpassés en sortant du cercle dans lequel ils se savaient embrigadés les aveuglait  et ils se réfugiaient derrière leur silence.

Ceux-là qui ont eu l’amabilité de nous inviter à échanger sur notre vision de la chose commune, (LE BIEN-ETRE DE BASSAR,) et de nous apporter quelques sujétions afin de nous aider à arriver au bon port comme de ‘’VRAI CAPITAINE.’’

Cette fois-ci nous avons la certitude que le combat que nous menons ne sera plus celui d’une seule personne contre le moulin à vent, et que bientôt, tous les Bassar vont se l’approprier. Alors notre CRI ne sera plus perdu dans le néant du désert, mais il aura percuté le mont BARBA-BASSAR que l’écho amplifié et plus audible est revenu aux oreilles de ses fils et ses filles.

Nous ne voudrons pas que l’on nous taxe de chercher toujours à médire les Cadres Bassar, cause pour laquelle, si infime soit une réalisation faite par vous, Cadres Bassar pour nos parents, nous ne nous tairons pas la dessus.

Car,  notre objectif n’est pas celui de (il me manque un mot ici) (sic) nous ne sommes pas là que pour vous noircir comme le disent certains.

L’effort consenti cette année pour l’aération de la commune de Bassar par le traçage de plusieurs rues prouve que si nous mettons de la bonne volonté et la cohésion, (ou et qu’on se mette ensemble,) nous parviendrons à faire quelque chose de bien pour le Bien-Etre de nos populations.

Hier encore, pour visiter un parent ou amis à Bikpassiba ou Bikotiba, l’homme de Binaparba devait faire un détour pas moins de sept kilomètres sans compter le mauvais état de la route avant d’arriver.

Aujourd’hui, grâce à cet effort, en moins de dix minutes même à pied, la mission sera accomplie.

Nous ne passerons pas inaperçu sans donner des éloges au donateur de cette statue du danseur de la danse du feu appelé communément (T’bol.)

Par toujours ma voix, les sans voix vous remercient et disent : « Que le pigeon ne remercie jamais le dépotoir. » Proverbe Bassar.

Ainsi donc, nous resterons ce ‘’Coq’’ qui chante à longueur du temps pour appeler le jour.

                            Nadjombé DJIMBARE

Le peuple du Grand Bassar  rendra  hommage à ce grand patriote et éclaireur, le samedi 30 janvier 2021, à la hauteur de ce qu’il lui doit et de ce qu’il a apporté à notre société.

Il fut et restera pour nous et beaucoup d’autres une référence incontournable. 

Tchapou Sina( N’Galogoumdjéme)

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