Gilchrist Olympio : c’est la fin

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Le Togo vit une période douloureuse. Période de petites et grandes trahisons. A cause de ce fléau, le pays est à l’orée d’un abysse et pourra, à tout moment, sombrer. Alors qu’il est temps de lutter, sans faux-fuyant, pour que l’homme togolais quitte les soutes sombres de la dictature, les leaders de l’opposition, les uns après les autres, vont à la soupe. Hommes et femmes se livrent à la transhumance politique sans se soucier ni de l’opinion, ni des dommages qu’ils causent à leur propre dignité.
Le cas le plus retentissant, c’est celui de Gilchrist Olympio [1]. Les togolais en ont les coeurs fendus et ne semblent pas prêts a pardonner, tôt ou tard, l’acte de “haute trahison”du président de l’UFC qui a changé son fusil d’épaule en plein combat existentiel contre la tyranie, après ces milliers de victimes. L’imposteur, lui, se dit mû par le souci d’un « partage du pouvoir avec le RPT… pour soulager les souffrances du peuple ». Pendant qu’il déclamait une telle fourberie, un bon nombre de ses partisans crèvent toujours dans les prisons du régime, lequel continue la traque sans frontière aux opposants. Comment peut-on d’ailleurs parler de partage de pouvoir, au Togo, en oubliant d’exiger, avant tout autre portefeuille, celui de premier ministre pour son parti ? Bancale finasserie qui ne convainc personne. Sinon, une ubuesque trahison qui cache mal « le dieu argent facile ». Gil a profané les martyrs de la démocratie dont son propre père,Sylvanus Olympio, et poignardé dans le dos ceux qui, par loyauté et conviction, l’ont porté en hamac pendant des années.

En effet, la traîtrise se généralise au Togo, dans une proportion inquiétante. Parfois au-delà de l’entendement humain. Trahir est devenu, aujourd’hui, une seconde nature chez beaucoup de togolais. Comment ont-ils pu tourner si facilement le dos au respect de la parole donnée et à l’intelligence pour s’embourber aussi profondément dans la médiocrité.

Le mal : l’argent

C’est l’ivoirien Serge-Nicolas NZI, chercheur en communication qui a bien diagnostiqué le mal : L’argent. « L’argent roi, l’argent devenu maître, a étouffé les énergies, dicté les extravagances et les faiblesses de notre société en ouvrant les portes à toutes les indécences et à tous les abus. L’argent, à tout prix et maintenant, a mis en danger la culture authentique de nos peuples africains. Cela débouche sur de moins en moins de liberté, moins de respect des uns envers les autres et met la famille déboussolée en hypothèque ».Un tel constat ne laisse pas pressentir des lendemains qui chantent au Togo. Gilchrist, tel un judas Iscariote, a pervertit les solidarités, brisé l’ordre social et la cohésion du parti dont ses pairs co-fondateurs lui ont confié la direction.

De ce point de vue, il n’est pas moins un danger public que son (désormais) âme soeur, Faure Gnassingbé. Les deux sont non seulement liés par un étang de sang d’innocents togolais mais aussi par un agenda secret d’évacuation, voire d’extinction pure et simple de la démocratie au Togo. Comment un chef de parti dont le rôle est de transformer dans le réel l’espoir de ses militants – s’il n’a pas des intérêts obscurs différents de ceux du peuple – peut-il signer un accord aussi aliéné et dingue que celui que monsieur Olympio a conclu avec le RPT pour un faux partage du pouvoir ?

Le fils du père de l’indépendance, plus que ses anciens compagnons de misère de l’opposition, est la réalité la plus humiliante des vingt ans de lutte des togolais pour la démocratie.On est même arrivé à une situation insolite où c’est lui-même (Gil) qui a pris la tête d’une dissidence largement soutenue par le pouvoir contre le Bureau national resté fidèle aux idéaux du parti. La portion congrue qu’il détient de l’UFC s’est retrouvée sous la coupe réglée du Ministre de l’intérieur, pascal bodjona qui manage son calendrier. Et, c’est avec le RPT qu’il organise son congrès, non plus au quartier populaire de Nyékonakpoè mais – cela se comprend – dans le confort de l’hôtel Ibis de Lomé, en bordure de mer.. Gilchrist Olympio, c’est fini, disent la grande majorité des togolais. “La grosse bête que le RPT brandit au bout de son hameçon est bien morte”.

Ceux qui ont été assassinés pour des motifs politiques – ils se comptent par milliers – doivent se retourner dans leurs tombes. Mais, à quelque chose, malheur est bon : on peut accorder à Gilchrist le crédit d’avoir servi, s’il en est encore besoin, d’instrument de mesure du record d’impopularité atteint par le régime. Ce qui est navrant, c’est qu’il n’y ait, parmi les six millions d’âmes qui peuplent ce territoire, une seule ayant l’autorité et la sagesse pour dire à Gil que c’est un crime de sa part de jeter le manche après la cognée.Les togolais médusés et trahis ne trouvent pas d’autres explications : le « dieu argent facile » étant solidement aux comandes dans leurs pays, la sagesse a foutu le camp. Quel gâchis !

Kodjo Epou, Washington DC, USA.

[1] Il a été destitué mardi de son poste de président de l’UFC

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