C’est fait ! Le natif de Siou vient de prendre ses responsabilités. Il rentre dans la politique et nous sommes désormais priés de l’appeler homme politique togolais à côté du treillis, des galons et du roman qu’il nous a fait honneur d’écrire. En décidant de rentrer en politique, Gerry Taama rentre aussi dans les annales de l’histoire comme premier officier togolais à faire de la politique. Du temps du vieux Eyadema, nous ne savons pas si cela aurait été vu d’un bon œil. Mais nous sommes au temps du jeune Faure. Et tout semble marcher comme sur des roulettes actuellement.
Mais au delà des coups de gueule, des sorties disproportionnées réfléchies comme non réfléchies sur les différentes crises au Togo, ses écrits contre Jean-Pierre Fabre que le soldat accuse de ne pas aimer son pays en boudant le dialogue togolo-togolais, plusieurs zones d’ombres qui entourent la création d’un parti politique par l’officier écrivain peuvent nous taper au visage. Mais Gerry a son niveau martèle, que c’est l’échec de la classe politique et surtout le laxisme de l’opposition qui l’a poussé à en créer un parti à 37 ans emboîtant le pas à feu Tavio Amorin qui avait crée le PSP à 34 ans.
Au demeurant, le soldat à beau nous livrer un cour magistral des valeurs, de politique, il faut aussi être naïf pour lui jeter des fleurs à tout va quand on sait que dans le landerneau politique au Togo, on ne fait rien pour rien ! L’agenda est toujours caché et le peuple finit par découvrir le vrai visage du sauveur quand celui-ci a déjà eu le temps de rentrer « bouffer » et de prendre le large. C’est cette crainte qui nous amène à parler des chances et des désavantages du soldat-romancier.
Gerry Taama : A côté du treillis, quelques réussites !
Son roman écrit en tant que militaire fait déjà de lui quelqu’un qui peut prendre langue avec le public sans « casser » les jambes et les cotes de la langue de Molière comme on le voit avec le chef d’État major des FAT Atcha Titipkina comme hier, avec le self made général défunt Eyadema. Ici, le soldat a une avance considérable. Aussi, le fait qu’il soit resté le seul à aller vers les étudiants à Kara comme à Lomé table pour lui. La nature à horreur du vide et là où ; toute l’opposition a refusé d’aller mettre les doigts dans le cambouis, Gerry y était bien là. On parle des faubourgs dans le grand nord comme dans le sud qu’il visite sporadiquement. Fanatique des nouveaux réseaux sociaux comme face book, twitter et sites web, il est de loin celui qui a le plus de fans parmi les politiques. Sa jeunesse, son intelligence et sa forme athlétique parlent aussi pour lui. Après tout, les peuples attendent de leurs présidents qu’ils soient non seulement intelligents mais aussi beaux !
Gerry Taama : Des points d’interrogation sur la création de son parti politique !
En récompense à la création de son parti politique, que donne le soldat , sinon notre national Gerry Taama au pouvoir actuel ? Les hommes, la logistique, les cadres, l’argent, l’espionnage, le contre- espionnage…? C’est connu en Afrique que c’est avec un coup d’État que les soldats abattent leurs cartes. Mais il se fait qu’au Togo, le désormais opposant avait même eu à faire des yeux dans ses écrits au tyran défunt. Faut-il le croire encore ?
Qui tire les ficelles et qui a permis à Gerry Taama de se mouvoir et de parler politique à sa guise comme s’il était en territoire conquis dans le petit jardin réservé aux Gnassingbé et à eux seuls ?
La France n’est-elle pas derrière comme toujours quand on sait que pour les gaulois, St-Cyr est un passage obligé pour eux à côté des bruits de bottes qu’ils apprennent à nos militaires africains de les positionner quand ils veulent réécrire l’histoire des peuples en Afrique ? D’ailleurs le soldat Gerry Taama qui voue une admiration tenace pour cette France ne s’en cache pas et martèle : » J’ai l’amitié pour l’armée française à qui je dois ma formation saint-cyrienne ».
Sur quelle tendance va-t-il positionner son nouveau joyau ? On a vu des socialistes au Togo qui n’avaient que seulement le mot dans la bouche. Les ingrédients qui font d’un parti pour qu’on le taxe de parti socialiste n’y étaient pas. On a vu des conservateurs pour qui, faire les Evalas à Kara et refuser de médiatiser le vodou à Aného était un vecteur de développement. De ces mêmes conservateurs togolais on a aussi appris que sans les Gnassingbé, le Togo meurt et il n’y aura jamais de paix. On a vu ceux qui viennent à la mangeoire et repartent sans avoir dit aux Togolais ce qu’ils sont venus faire . On en finirait pas. C’est dans se brouhaha que Gerry a choisi de greffer son parti aux 81 déjà existants !
Au-delà de tout ce que Gerry dira, il est clair que les Togolais mettrons beaucoup de temps pour lui faire confiance. D’abord le treillis, signe d’ assurance dans les autres pays, est au Togo, signe de toutes les brimades. Un militaire au Togo, c’est pour la population comme quelqu’un de ténébreux, de cynique, de faux et de méchant. Et dans le cas de Gerry, cette méfiance peut se rejaillir dans les milieux estudiantins et intellectuels. L’histoire de ces soldats qui rentraient dans les amphithéâtres dans les annés 1990 pour espionner les étudiants récalcitrants sont dans toutes les mémoires. Aussi, la tendre jeunesse de Gerry n’a pas été sanctionné par une lutte reconnue. Il est tombé dans le traquenard ivoirien comme beaucoup de militaires ouest africain et en est ressorti avec un penchant révoltant pour la rébellion ivoirienne. Ceci ne joue pas en sa faveur. Pour le Togolais et l’Africain moyen, il est aussi coupable que la France qui a tué les ivoiriens et Alassane Ouattara qui a ouvert le sanctuaire.
Le dernier exercice pas aussi facile est qu’il devra prouver aux Togolais qu’il n’ a pas une accointance avec la dictature immonde qui les broie depuis près de 50 ans. Et l’exercice peut s’avérer être trop difficile pour Gerry. Un bon soldat c’est celui aussi qui prend aussi le destin des peuples en main. Un papier pour recadrer les comportements de ses frères d’armes au Togo n’a jamais été écrit moins une action d‘envergure comme nous l’avions vu sur la côte ouest africaine avec ses frères d’armes n’a jamais été entreprise. Pour les Togolais, le fait même d’être à l’aise au milieu de leurs bourreaux est un signe de complicité. Ici, Gerry semble ne pas bien connaître ses frères togolais. D’ailleurs, les thuriféraires du RPT qui nous ont laissé des mails parlent d’un parti pro Faure donc pro RPT que Gerry serait entrain d’ériger. Vrai ou faux, l’histoire nous le démontrera.
Mais au-delà de tout ce qu’on peut dire, personne ne lui reprochera d’avoir essayé. Personne ne l’en voudra d’avoir échoué. Bien au contraire il en sortira aguerri si le rêve ne se réalisait. Et sur ce point c’est toute la rédaction du Lynx qui souhaite bon vent au soldat dans sa nouvelle aventure politique !
Camus Ali Lynx.info