- 1. L’INHUMANITÉ BLANCHE D’UN POLICIER BLANC
- 2. BRUTALITÉ POLICIÈRE ET DÉSHUMANISATION
- 3. CRIME CONTRE GEORGE FLOYD : UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ DIGNE DU KU KLUX KLAN
- 4. INDIGNATION POPULAIRE : STOPPER LE RACISME ET L’ABOLITION DES DROITS CIVIQUES DES AFRO-AMÉRICAINS
- 5. LA HAINE DES NOIRS PAR DES NOIRS ENVERS LES NOIRS : UNE PROUESSE DES SUPRÉMACISTES MÂLES BLANCS
- 6. FRANCE : LE MEURTRE DE GEORGE FLOYD RELANCE L’AFFAIRE DU MEURTRE D’ADAMA TRAORÉ
- 7. CONCLUSION : EN CAS DE BAVURES POLICIÈRES, ENGAGER SYSTÉMATIQUEMENT LA RESPONSABILITÉ SANS FAUTE DE L’ÉTAT
Le 25 mai 2020 aux États-Unis à Minneapolis, le monde a pu assister en direct au meurtre de M. George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, non armé. Cela a déclenché des manifestations monstres partout dans les pays démocratiques, là où les bavures policières sont moins fréquentes qu’aux États-Unis, mais demeurent tout aussi médiatisées, quand elles sont connues.
1. L’INHUMANITÉ BLANCHE D’UN POLICIER BLANC
George Floyd, plaqué au sol, a été étouffé avec délectation pendant 8 longues minutes et 46 secondes par le genou d’un policier blanc de 44 ans, Derek Chauvin, -officier de police depuis 2001-, la main dans la poche et le genou appuyant sur le cou de la victime. Ce dernier était entouré de trois collègues policiers respectant les « ordres » de non-intervention à personne en danger de mort 1. Lorsque la victime avait réussi à dégager sa bouche alors qu’il était plaqué au sol, il a pu laisser échapper les mots suivants : « S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît, je ne peux pas respirer… “J’ai mal à l’estomac. Mon cou me fait mal. S’il vous plaît, s’il vous plaît. Je ne peux pas respirer 2».
Le policier Blanc, sans desserrer l’étau, et avec sa force et la pression continue de son genou sur la nuque de George Floyd, lui répond froidement et professionnellement « de rester calme ». Un autre policier maintenait à distance les passants tentaient de faire arrêter cette scène inhumaine, mais trop tard, George n’était plus conscient, et venait de vraisemblablement de rendre l’âme même si c’est à l’hôpital que le constat de son décès a été prononcé.
Des passants blancs qui filmaient la scène ont insisté pour que les policiers mesurent le pouls de la victime alors que le corps ne bougeait plus. Les passants ont insisté que le policier lève la pression du genou alors que le corps ne bougeait plus. Mais, le policier a continué à maintenir la pression de son genou sur le corps sans vie pendant au moins 2 à 3 minutes avant l’arrivée de l’ambulance. Les violences policières contre la communauté afro-américaine aux États-Unis venaient de faire une victime de plus, encore une de trop…
Deux personnalités américaines, une femme noire et un homme blanc ont bien résumé la situation.
Mme Kamala Harris, ancienne procureure de Californie et sénatrice noire a résumé la situation : il s’agit « d’un acte de torture » et « d’une exécution publique » dans une société marquée par le racisme. M. Joe Biden, l’ex-président américain et en lice pour être le candidat du parti démocratie, met en perspective le crime « C’est un rappel tragique que ce n’est pas un incident isolé, mais qui fait partie d’un cycle d’injustice systématique qui existe encore dans notre pays ».
Quant à Donald Trump, le Président des États-Unis, alors qu’il donnait une conférence de presse sur les indicateurs du chômage aux États-Unis qui avaient été prévus autour de 20 % de la population et a été constaté autour de 13 %, il a eu la phrase malheureuse suivante : « J’espère que George regarde ici-bas en ce moment et se dit que c’est une grande chose qui se passe pour notre pays. C’est un grand jour pour lui, c’est un grand jour pour tout le monde 3 ». Sans commentaires !
George Floyd a été inutilement asphyxié 4 et mortellement étouffé par M. Derek Chauvin, un policier blanc.
La réalité est que les policiers ont dans un premier temps été « démissionnés » de la police sans aucune charge. Rien de plus! Devant l’ampleur des manifestations de citoyens américains indignés et à la destruction des magasins, M. Derek Chauvin a finalement été inculpé de meurtre et ses acolytes de complicité et non-assistance à personne en danger. Face à la rue, et à la date du 25 mai 2020, la justice américaine vient de faire l’aveu d’une forme de racisme institutionnel en requalifiant son affirmation première, « meurtre au troisième degré », à savoir un homicide involontaire, en un « meurtre de deuxième degré », soit un homicide volontaire sans préméditation pour Derek Chauvin. Et pourtant, toutes les vidéos ne font qu’exposer la préméditation, surtout que les passants ont demandé à plusieurs reprises de relâcher la pression sur le cou de la victime. Les trois autres policiers J. Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao sont inculpés pour avoir « aider et encourager le meurtre au deuxième degré ».
Il y a manifestement un non-respect du droit et une non-assistance à personne en danger de mort et une justice américaine qui aurait vraisemblablement opté pour un meurtre au premier degré, à savoir homicide volontaire avec préméditation, si on avait assisté au cas inverse, un Noir qui étouffait un Blanc avec son genou pendant 8 mn ! Ainsi va la justice discriminatoire des États-Unis !
2. BRUTALITÉ POLICIÈRE ET DÉSHUMANISATION
Cet acte abject d’un officier de police blanc en uniforme fait écho à l’image d’un humain blanc déshumanisé. Les condamnations unanimes ont fait oublier qu’il est toujours laborieux, voire impossible, de savoir la raison effective de l’arrestation unilatérale de M. George Floyd, un afro-américain… Pour certains, l’allégation serait l’utilisation d’une « fausse » facture 5 d’un montant de 20 dollars des États-Unis (USD) à la sortie d’un magasin et pour d’autres, il s’agirait d’une vengeance du blanc sur le noir, suite à des rivalités amoureuses dans leur jeunesse, vraisemblablement lorsque tous les deux travaillaient comme des agents de sécurité d’un Club 6 « privé ». Mais rien de vient corroborer les détails de ces informations ! Bref, on ne sait pas exactement la raison pour laquelle la police américaine a décidé d’arrêter cet Afro-Américain à Minneapolis.
Ce crime raciste est un témoignage honteux d’une brutalité policière abjecte, de plus en plus préméditée, calculée et concertée et donc facilitée du fait de l’impunité institutionnelle, l’assurance non écrite mais bien réelle de l’affranchissement vis-à-vis de la loi d’une partie des forces de sécurité dont la police. Un groupe de gens, en uniforme ou pas, relié secrètement ou pas, par une culture commune, peut donc s’affranchir du respect de la Loi, dès lors qu’il s’agit d’un « nègre ».
Rappelons tout de même que ce qui permet de vivre ensemble dans la société humaine repose sur deux principes fondamentaux :
- Ne pas tuer, et
- Ne pas faire tuer.
Même si le deuxième principe a souvent disparu de certains livres religieux, il demeure fondamental dans la culture africaine. Les deux principes s’auto-équilibrent par le principe collectif et la pratique individuelle de la « confession négative 7». C’est cette dynamique qui fonde l’innocence, le principe sous-jacent à l’ordre ancestral africain fondé sur la « Maât », où droiture, vérité, justice, solidarité, ordre social et harmonie entre l’humain et le divin se conjuguent pour la construction d’un monde de paix.
Il y a manifestement un abus de droit et un abus de pouvoir de la police de Minneapolis. Introduire la « confession négative » au sein de la police de Minneapolis en pleine restructuration, ce chaque jour, ne peut que produire des effets positifs pour toute la communauté de Minneapolis.
3. CRIME CONTRE GEORGE FLOYD : UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ DIGNE DU KU KLUX KLAN
En voulant faire respecter leur « ordre social », la brigade policière de Minneapolis a déclenché, au plan international, non seulement une réprobation, une prise de conscience, une indignation, mais surtout un « désordre social et économique » qui a révélé les nombreux cas similaires en Europe, notamment en France et en Allemagne 8, où l’impunité institutionnelle tend à encourager les pratiques de non-droit de certains éléments de la police, surtout s’ils sont membres de réseaux secrets où la loi de l’Omerta et l’impunité fondent des liens inviolables.
Dans les pays non démocratiques, les cas d’homicides volontaires de la police sont mal recensés ou parfois pas du tout rapportés.
Toutefois, aux États-Unis et en Europe, l’origine de la culture de ségrégation ne peut se comprendre sans faire référence aux velléités cultuelles de plus en plus décomplexée de la suprématie voulue par certains, des peuples « blancs » sur les « peuples « non-blancs » ». Le subconscient et l’inconscient de certaines personnalités en mal de hiérarchisation de l’humain sur la base des critères de la pureté « blanche » de la race humaine génèrent des non-dits. Ces personnalités ont, en définitive, un vrai problème avec l’origine noire de l’Humanité 9.
Après l’avoir pressenti en 1954, c’est en 1967 que Cheik Anta Diop, l’égyptologue panafricain et sénégalais, affirma, à partir de ses études sur les origines de l’humanité actuelle et la parenté entre l’Égypte ancienne et l’Afrique noire profonde, que l’antériorité des civilisations nègres sur la civilisation blanche (assimilée à indo-européenne) était un fait établi. Vouloir aller contre ce fait historique constitue le fonds de commerce de la volonté des Suprémacistes blancs de tous bords et de toutes nationalités à vouloir systématiquement soumettre le « Noir », avec en filigrane de l’éradiquer d’Afrique et ailleurs. L’Afrique sans les Africains n’est pas nécessairement une vue de l’esprit. Les moustiques n’y sont pas arrivés avec la malaria. Ce n’est pas les suprémacistes blancs qui réussiront.
Le crime contre George Floyd est un crime contre l’Humanité et digne de l’époque du Ku Klux Klan, à moins que cette époque ne soit pas révolue.
Ce crime, exécuté avec une forme de délectation et de désinvolture par M. Derek Chauvin, un policier blanc, ne peut être assimilable à une « simple bavure policière » 10. De là à conclure trop hâtivement, du fait d’une foultitude de cas similaires aux États-Unis et ailleurs, que c’est en filigrane, l’éradication du « Noir » et la destruction de la civilisation noire 11 qui font émerger des crimes conjoncturels envers le « Noir », il y a un pas qu’il ne faut pas nécessairement occulter, de peur qu’il ne s’auto-réalise, à l’insu du Peuple noir occupé à oublier d’organiser sa défense contre des agressions inutiles. Car en regardant dans le rétroviseur de l’Histoire, les barbaries civilisationnelles sont principalement les œuvres de civilisations blanches pour dominer, exploiter, coloniser, faire travailler gratuitement et éradiquer les autres peuples 12. Les Indiens d’Amérique et les Noirs d’Afrique en savent quelque chose !
Il y a manifestement un abus de faiblesse vis-à-vis du Ku Klux Klan et ses dérivés secrets notamment les suprémacistes males blancs ayant infiltré la police. A cela se conjugue un abus de position dominante de réseaux secrets dans la société américaine, la police de Minneapolis n’y fait pas exception.
4. INDIGNATION POPULAIRE : STOPPER LE RACISME ET L’ABOLITION DES DROITS CIVIQUES DES AFRO-AMÉRICAINS
Rappelons que le Ku Klux Klan, plus connu sous le sigle KKK présent sur certaines marques de cigarettes et proche du Conseil des Citoyens Blancs (White Citizens Council 13), est une organisation suprémaciste blanche des États-Unis fondée le 24 décembre 1865 par des ex-officiers racistes de l’armée confédérée américaine sous forme d’une société secrète comportant plusieurs groupuscules plus ou moins autonomes. L’objectif des fondateurs et des membres actuels n’a que peu varié au cours du temps car fondé sur une idéologie ségrégationniste et xénophobe qui trouve ses racines de la supériorité de la « race » blanche sur la « race » noire. Cette idéologie du « suprémacisme blanc » est d’autant plus exacerbée qu’un métis, donc un Afro-Américain, donc un Noir, donc un Africain à savoir un certain Barack Hussein Obama, qui a grandi en Indonésie, est devenu le 44e Président des États-Unis, entre le 20 janvier 2009 et le 20 janvier 2017. Impensable il y a encore quelques décennies !
Assassiné lui-aussi le 4 avril 1968 à Memphis dans l’Etat du Tennessee, Martin Luther King, un Afro-Américain, avait un rêve, en fait une vision de la coexistence et de la cohabitation pacifiques entre tous les citoyens américains sans discrimination. Cela semblait à la portée des États-Unis… Mais hélas l’élan de son combat fut stoppé par son assassinat ! Encore un de trop ! Sans compter toutes celles et ceux restés anonymes !!! En filigrane et en embuscade, les suprémacistes blancs. Ne pas les identifier comme faisant partie des éléments fondateurs du racisme, c’est manifester son indignation presque pour « rien ». Puisqu’ils vont recommencer à nouveau, et sans hésitation !
Alors qu’il faisait son jogging comme à son habitude dans le quartier « huppé » à majorité blanche où il habitait, un Afro-Américain de 25 ans 14, Ahmaud Arbery, a été tué le 23 février 2020 à Brunswick, une ville côtière à mi-chemin entre Savannah en Géorgie (un Etat du sud des plus racistes) et Jacksonville en Floride par trois suprémacistes blancs 15, deux criminels Gregory McMichael, 64 ans (un policier), et Travis McMichael, 34 ans et un complice les accompagnant. L’officier de police aurait pu échapper à la justice, si un témoin n’avait pas fait en direct une vidéo. Paradoxalement, plus de 90 % des Afro-Américains pensent qu’il y a un problème racial, alors que la même proportion n’y croit pas et considère qu’il ne s’agit que d’une affaire de délinquance. La réalité est que sous l’Administration Trump, on a assisté à une augmentation de 20 % des crimes raciaux selon le Federal Bureau of Investigation (FBI) 16. La corrélation entre la libération de la parole raciste et le nombre de crimes racistes impunis, notamment des suprémacistes males blancs, risque de déclencher des réactions incontrôlables en chaînes.
Malcom X non seulement les avait pressentis mais les a subis dans la « chair ». Il fut assassiné le 21 février 1965 à Harlem dans l’État de New York. Les suprémacistes blancs, vraisemblablement membres de clubs racistes à l’image du Ku Klux Klan, ont brûlé la maison du père de Malcolm X quand il avait six ans 17. Il ne fallait pas s’étonner de la volonté de Malcom X et de ses partisans de trouver une solution pragmatique pour tenter de mettre fin à l’oppression, l’exploitation, le dénigrement, la ségrégation, le racisme, le non-respect des droits humains et des droits civiques des Noirs. C’est oublier que les suprémacistes blancs n’officient quasi-systématiquement jamais à visage « découvert ». Ils excellent dans l’élimination physique ou médiatique en usant et abusant, parfois par le chantage, le clientélisme et la violence, en passant par des intermédiaires, de préférence des délateurs, des espions, des agents-doubles/triples, des traitres, des corrompus, des jaloux ou des exécutants-mercenaires… ou clairement des racistes !
Derek Chauvin, la main dans la poche et le genou appuyant sur le cou de George Floyd, devait assurément avoir plusieurs de ces attributs. Sous d’autres cieux et d’autres circonstances en France, les assassins d’Adama Traoré devaient être du même acabit.
Pour Malcom X, il fallait tout mettre en œuvre pour que les Noirs organisent leur unité et combattent pour leur dignité en refusant les compromissions douteuses, les paroles mielleuses d’accommodation, l’intégration par l’assimilation, les campagnes de dénigrement médiatique fondées sur la corrélation systématique entre le Noir d’une part, et tout ce qui est mal, laid, dangereux, bref non-humain d’autre part.
Les « fake news collectifs » ont conduit de nombreux Noirs à douter d’eux-mêmes au point d’accepter la soumission comme une fatalité. Même dans la Bible des suprémacistes blancs, l’Ecriture a été « blanchisée », les personnages aussi… Et quand de toutes évidences, ils sont noirs et vivent sur le sol africain, les personnages sont convertis en des « sans couleurs » … En effet, il était difficile d’en faire un « blanc ».
Alors chacun peut comprendre la portée de la campagne médiatique autour du « Black is beautiful » aux Etats-Unis dans les années 1970 !!! Il fallait restaurer collectivement la dignité du Noir, et au-delà, la civilisation noire.
Les suprémacistes blancs et leurs relais noirs, car il y en avait, étaient devenus l’ennemi commun de l’émancipation de la communauté noire des Etats-Unis. En réalité, le suprémaciste male blanc a en fait un problème simple : la peur de devenir une minorité « blanche » et de se voir traiter comme il a traité ses congénères dans l’histoire… L’attaque étant la meilleure des stratégies, il fallait systématiquement organiser l’avilissement et l’asservissement du Noir, femme comme homme, ce de manière systémique, quitte à intégrer des Noirs pour assurer la division.
Les suprémacistes blancs contrôlaient le capital, les entreprises, les centres décisionnels administratifs, la justice, la police et les médias. Leurs actions se faisaient en informel afin de ne pas laisser de « preuves ». La réalité de 2020 n’est pas très différente. La preuve est leur soutien indéfectible au Président actuel des Etats-Unis.
L’indignation populaire face à l’assassinat par étouffement de George Floyd est devenue un symbole de plus dans la volonté de changer les lois américaines qui promeuvent le racisme, l’impunité et surtout tentent d’annihiler les droits civiques des Afro-Américains. Gageons qu’il y aura des avancées si les Afro-Américains votaient systématiquement dans le sens de leur intérêt collectif et moins leur intérêt particulier, quand ils décident d’aller voter ou ne sont pas éliminés des listes électorales, même aux Etats-Unis. La colère populaire face à l’assassinat de George Floyd a contribué à élargir le problème des Afro-Américains à toutes les communautés considérées comme minoritaires ou désocialisées, y compris celles parmi les populations blanches marginalisées par les élites arrogantes et les oligarchies du capital.
Il convient de rappeler que Malcom X a condamné à plusieurs reprises le racisme antiblanc et a milité pour le droit d’être respecté en tant que citoyen américain noir et non le droit d’être toléré, voire accepter par le citoyen américain blanc. Cependant, il n’avait jamais cessé de mettre en garde les « partis de la vieille droite américaine ainsi que tous les Blancs suprémacistes 18 » de leur non-droit sur les Noirs, et de leurs actions hors-la-loi.
L’idéologie suprémaciste blanche semble avoir retrouvé un espace médiatique par la conjugaison d’un soutien à la cause de ses protagonistes, tacite voire ouvertement assumé, de la part du 45e Président des États-Unis, un certain Donald Trump. Ce dernier prône lui-même une forme de nationalisme blanc, où l’opposition à l’immigration, l’anti-communisme et l’anti-socialisme primaires (au sein du milieu politique américain), font naviguer certains citoyens américains sans discernement entre racisme, ségrégation, discrimination, conspirationnisme anti-blanc, génétisme-nativisme, ostracisme, exclusion. Le dénominateur commun est paradoxalement la volonté de « gagner le maximum d’argent », une religion unificatrice qui brouille parfois les pistes entre les Blancs-Américains, les Afro-Américains et les Latino-Américains au point de laisser le racisme et l’impunité s’institutionnaliser aux États-Unis en prenant appui sur le populisme. A ce titre, il ne faut pas être naïf et croire que les corrélations se font d’elles-mêmes. Il y a des stratégistes pour cela.
Directeur général de la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, puis nommé Chef de la stratégie de l’administration de Trump après la victoire de ce dernier jusqu’au 18 août 2017, Steve Bannon, n’a jamais caché son intention de construire une infrastructure globale du mouvement populiste mondial. Cette vision l’a conduit à soutenir de nombreux mouvements politiques conservateurs populistes nationaux à travers le monde. Après avoir fait le job aux États-Unis et contribué activement à la victoire de Trump, le voici désormais installé à Bruxelles à deux pas du siège de l’Union européenne. Il est de notoriété publique que le gratin des responsables des principaux partis d’extrême-droite européens, entre-autres français, italiens, ou néerlandais, fréquentent régulièrement les bureaux de Steve Bannon. Est-ce un hasard ? Le problème est que tous ces mouvements populistes nationaux sont très « compatibles » avec les thèses des suprémacistes blancs. Certains Noirs, attirés par l’accès au capital qui leur est promis, naviguent souvent en « sous-marins » sans prendre conscience qu’il s’agit d’abord de diviser l’électorat potentiel noir qui pourrait se mobiliser contre les suprémacistes mâles blancs travaillant prioritairement au renforcement de « l’identité blanche 19 ».
En politique, les suprémacistes sont classés à l’extrême droite de l’échiquier politique. Ils n’ont pas d’autre objectif, explicite ou implicite, que de restaurer autant que faire se peut, la suprématie blanche. Le problème est que cet objectif est fondé sur une corrélation, aussi fausse que raciste, entre la suprématie blanche et l’abolition des droits civiques et sociaux des Afro-Américains. Autrement dit, il faut intégrer une partie des Afro-américains au parti Républicain par le soutien financier à leurs entreprises tout en les coupant de leur base de revendication pour leurs droits civiques et sociaux.
C’est du révisionnisme au sens d’une idéologie des suprémacistes mâles blancs devenus des adeptes et partisans de la réforme, voire de l’abolition des droits civiques et sociaux des Afro-Américains en fonction de leur propre conception idéologique du monde. Vouloir faire disparaître le nom de Barack Obama sur tout ce que ce dernier a pu faire de bien pour le Peuple américain s’inscrit dans cette même veine de pensée. Le problème est que le citoyen américain blanc pauvre, ainsi que celui de la classe moyenne, sont aussi les premiers à en faire les frais, au même titre que les Afro-Américains de cette catégorie. Ce n’est donc pas étonnant que de nombreux citoyens blancs, femmes comme hommes, jeunes et moins-jeunes, n’ont pas hésité à se joindre à la manifestation de l’indignation populaire. Merci à eux tous car ils pourraient se retrouver être les prochains sur la longue liste de ceux à qui les mésaventures, encore trop nombreuses, des brutalités policières arrivent.
Il y a manifestement une volonté d’institutionnaliser l’idée d’une « absence de contribution » des Afro-américains, et donc du Noir à la prospérité des États-Unis. Plus globalement, il est question de s’assurer que le Noir s’il s’enrichit, ne devient pas un adversaire des suprémacistes mâles blancs. Il ne faut donc surtout pas apporter une assistance à ces personnes surtout s’ils sont en danger de mort, encore moins de faire respecter le droit en leur faveur.
5. LA HAINE DES NOIRS PAR DES NOIRS ENVERS LES NOIRS : UNE PROUESSE DES SUPRÉMACISTES MÂLES BLANCS
Paradoxalement, en Afrique là où sévissent régulièrement des autocrates blanchis à la sauce de la fausse- démocratie, les manifestations de soutien à George Floyd ont été quasi-inexistantes. En effet, l’institutionnalisation des représailles et la brutalité des interventions des forces de sécurité africaines expliquent la faible mobilisation. Toutefois, cette force de sécurité africaine nationale est souvent au service d’une oligarchie minoritaire (politique, financière, économique) au pouvoir. Cette force est souvent confondue avec une police africaine incluant souvent des militaires, des gendarmes, des conseillers étrangers, souvent de l’ex-État colonisateur et mêmes des milices non inventoriées.
La réalité est que l’essentiel des décisions, des stratégies et des actions des suprémacistes blancs, – avérés ou qui s’ignorent – se fait au sein de structures secrètes, voire ésotériques. Dans ces « clubs » ou « clans » où le « mal » envers le Noir ou le Nègre, – considéré comme « une femme ou un homme de seconde zone » s’il n’est pas sous domination ou dépendance du Blanc -, doit systématiquement devenir un automatisme, un réflexe. Faire le « mal » ou « tuer le nègre », – c’est selon -, doit devenir une pratique institutionnalisée jouissant d’une impunité totale ou, à défaut, d’une impunité partielle. Et s’il doit y avoir des jugements, les juges doivent être partiaux dans leur jugement. On est donc bien loin de l’égalité devant la loi. Les réseaux ainsi constitués n’ont pas toujours été démantelés. Les membres de ces réseaux/clans/clubs ont infiltré les différents arcanes du pouvoir, notamment la police et la justice.
En Europe, l’équivalent du KKK se retrouve au niveau de celles et ceux qui se réclament du nazisme, du fascisme et des mouvements populistes d’extrême-droite. En infiltrant les institutions de la République comme la police, les tribunaux, les conseils de l’ordre des professionnels (médecins, avocats, notaires, etc.), les partis politiques et même parfois l’État, ces suprémacistes blancs continuent à sévir. Il faut donc bien prendre conscience qu’en Europe, l’on a troqué le concept de « non-Aryens » au profit de celui de « non-Blancs ». Mais du demeurant, la férocité blanche 20, individualisée, institutionnalisée, individualisée ou collective, demeure une constante avec laquelle une partie du Peuple noir a appris à vivre au quotidien avec, et à laquelle il ne s’habitue pas.
Une partie du Peuple blanc qui en a pris conscience et a témoigné de son indignation en manifestant pacifiquement avec le Peuple noir, en réaction à l’assassinat de George Floyd, mérite nos louanges et appréciations. Cette démarche citoyenne doit nous interpeller tous sur le fait que l’Humanité ne peut être régie par l’argent ou le mal, notamment celui de tuer ou de faire tuer, individuellement ou institutionnellement, pour dominer un autre être humain ou un autre peuple. A ce titre, il y aura un avant et un après George Floyd.
La relation paternaliste et post-coloniale des suprémacistes blancs avec l’Afrique n’a pas pris une ride par rapport à l’époque coloniale. Sauf que ces suprémacistes blancs trouvent des relais en Afrique avec des dirigeants africains – au pouvoir ou pas -, dans les secteurs, public comme privé, et plus particulièrement dans les confessions religieuses jusqu’au Vatican où les nébuleuses ésotériques fusionnent au point de constituer de véritables contre-pouvoirs au sein de l’Église, empêchant l’émancipation du Peuple africain.
Mais ces suprémacistes blancs, déconcentrés et relayés en Afrique par des Noirs africains adeptes de l’alignement puis de l’assimilation, sont à l’origine de la haine des Noirs par des Noirs envers les Noirs. Surtout si ces derniers sont incompétents et dotés d’un grand complexe du blanc et de sa supériorité « universelle ». Un véritable paradoxe !!! Cette culture de l’alignement est d’autant plus neutralisante pour l’émancipation du Peuple africain qu’elle avilit et promeut la culture de la servitude décomplexée et assumée. La corruption et la déresponsabilisation, pour plaire au « suprémaciste blanc », finissent par arranger tout le monde. Les intérêts compris sont alors bien partagés. La couleur de la peau a perdu de son importance, comme si elle en avait. A une nuance près, celle de l’autoflagellation culturelle niant les cultures africaines qui en constitue la toile de fond. Aux Africains d’en prendre conscience et de corriger d’urgence cet état de fait.
Le Président du Ghana, Nana Akufo Addo, fait partie des rares chefs d’État qui ont officiellement condamné le meurtre de George Floyd 21 en espérant que les dirigeants américains trouveront une solution à la « haine » et au « racisme systémique » qui gangrène une si grande démocratie. C’est aussi ce Président courageux qui avait réagi, en janvier 2018, en n’acceptant pas les insultes de Donald Trump « traitant l’Afrique de pays de merde ». Avec la finesse qui le distingue singulièrement de Trump, iI a eu la décence de ne pas poser la question de savoir lequel du Ghana ou des États-Unis serait « un pays de merde 22 » pour ce qui est des « bavures policières à répétition ». Aussi, que le Président ghanéen en profite pour identifier les ramifications des suprémacistes blancs au sein des réseaux ecclésiastiques ghanéens, cela ne peut qu’accélérer l’émergence socio-économique et culturelle du Ghana.
6. FRANCE : LE MEURTRE DE GEORGE FLOYD RELANCE L’AFFAIRE DU MEURTRE D’ADAMA TRAORÉ
En France, les manifestations en soutien à George Floyd n’ont pas manqué de réveiller les indignations enfouies sur le sort institutionnel réservé à l’affaire dite « Adama Traoré », affaire dans laquelle une partie de la justice française semble avoir pratiqué une politique du « deux poids, deux mesures ». L’ampleur de la protestation populaire a permis d’ouvrir la voie à une possibilité de correction du traitement judiciaire.
- Adama Traoré a été interpellé à Beaumont-sur-Oise le 19 juillet 2016 par la Police, suite à des brutalités policières de type plaquage ventral intempestif. Il en est mort. Les plaintes portaient surtout sur l’homicide involontaire en attendant d’être converties en homicide volontaire. Mais manifestement, il y a eu « non-assistance à personne en danger de mort », sans oublier les nombreuses entraves à la vérité lors du déroulement de l’enquête policière et le procès.
Sans « flagrant délit visuel » comme dans le cas de George Floyd, la porte était ouverte pour brouiller les pistes. C’est ce qui a été fait avec au moins deux expertises qui ont eu lieu à l’initiative de l’autorité judiciaire française et qui ont disculpé la police (Gendarmerie de Persan dans le Val-d’Oise). Mais l’expertise indépendante initiée par la famille Traoré a abouti à des conclusions accablantes pour les gendarmes français. L’instruction judiciaire qui avait été clôturée en fin d’année de 2018 sans que la responsabilité des gendarmes concernés ne soient engagée, a été ré-ouverte depuis 2019. Faire la part du vrai et du faux sur les causes réelles du décès d’Adama Traoré en regard des maladies cardio-respiratoires dont pourrait avoir souffert ce dernier n’est pas chose facile. Le problème est que s’il s’avère que des entraves à l’enquête et non-assistance à personne en danger sont avérées, il faut comprendre que le combat de la famille d’Adama Traoré, à l’instar de celui de la famille de George Floyd et portant sur un homicide volontaire ou involontaire, pourrait continuer à retenir l’attention des médias et surtout augmentera la pression dans les rues de Beaumont-sur-Oise comme à Paris. Après tout, chaque famille endeuillée ne demande que la Vérité, rien que la Vérité, mais toute la Vérité. Et cela ne peut émerger que dans le cadre d’une justice non raciste.
L’ensemble de la police française et américaine mérite un applaudissement pour les services rendus aux populations. Par contre, il n’est pas possible qu’une minorité, ici et là, instrumentalisée ou pas par des suprémacistes blancs, ou alors manquant de formation sur les devoirs et droits des citoyens des minorités dites visibles, à savoir les noirs, arabes, juifs ou blancs, discriminés du fait de bavures policières.
7. CONCLUSION : EN CAS DE BAVURES POLICIÈRES, ENGAGER SYSTÉMATIQUEMENT LA RESPONSABILITÉ SANS FAUTE DE L’ÉTAT
Si « ne pas tuer » fait référence à la culpabilité, « ne pas faire tuer » est une référence directe à la responsabilité. La culpabilité du policier blanc et ses acolytes ne fait pas de doute. Mais la responsabilité de l’État de Minneapolis est entièrement engagée car la police était aussi censée assurer la sécurité pour tous et surtout apporter une assistance en cas de danger de mort.
Manifestement, à Minneapolis, la définition de ce que représente « la mort de George Floyd » doit être différente pour le policier blanc qui semble marabouté par l’esprit et la culture des suprémacistes blancs. L’État a réagi avec la mise en accusation, mais le paiement de la caution d’un million de dollars pourrait permettre de voir l’inculpé se promener librement avec un bracelet électronique… Par contre en France, avec autant de rebondissements et d’expertise contradictoire sans compter les obstructions à la justice, « la mort d’Adama Traoré » fait émerger une possible collusion entre les autorités de la police judiciaire et celles de l’institution judiciaire. Il faut espérer que la pression de la rue, la clairvoyance des politiques fera la différence entre une police française souvent exemplaire au quotidien, et quelques brebis galeuses avec ou sans liens avec les suprémacistes blancs.
Aussi, pour éviter le procès en racisme, que ce soit aux États-Unis ou en France ou encore n’importe où ailleurs, dès lors qu’il y a eu des bavures policières avérées, la responsabilité sans fautes de l’État doit être engagé. L’assurance de la police d’État doit pouvoir faire une allocation d’accompagnement pour douleur morale, ce qui n’empêchera pas la justice de procéder à ses propres investigations et aboutir à ses conclusions indépendantes.
Si l’impunité est stoppée et son institutionnalisation et sa banalisation corrigées, il y aura assurément un après George Floyd aux États-Unis, et un après Adama Traoré en France. Finie la bouc-émissarisation. Ce sera le signe d’une véritable manifestation de respect de l’autre en tant qu’être humain. A n’en pas douter, ce sera une avancée vers une justice équitable et effective pour tous. Le racisme, la haine du Noir, mais la haine de la Police et même des Politiques reculera. Le vivre ensemble sera promu au même titre que la valorisation de dignité humaine. Mais il s’agit d’un combat de tous les jours. Personne ne doit dormir sur ses lauriers, encore moins faire l’autruche en annonçant naïvement ne pas « manifester » ou ne pas « faire de la politique ».
Chacun de nous peut être le prochain George Floyd ou Adama Traoré. Nos sincères condoléances à leurs familles et amis. La vie des « Noirs » compte 23, aux Etats-Unis, en France, comme partout dans le monde ! YEA.
11 juin 2020.
Dr. Yves Ekoué AMAÏZO
Directeur du groupe de réflexion, d’action et d’influence Afrocentricity Think Tank.
©Afrocentricity Think Tank
Notes:
- BBC (2020). “George Floyd: What happened in the final moments of his life”. In BBC News. May 30, 2020. Archived from the original on June 5, 2020. Retrieved June 1, 2020. Accessed 9 June 2020. From https://www.bbc.com/news/world-us-canada-52861726 ↩
- Ce sont toutes les paroles audibles de George Floyd qui ont pu être entendu et enregistré lors de l’interpellation au sol. ↩
- Huffington Post (2020). « Donald Trump : la baisse du chômage est “un grand jour” pour George Floyd ». In Youtube.com 5 juin 2020. Washington D. C. Accédé le 9 juin 2020, Voir https://www.youtube.com/watch?v=uLNk2JERvP0 ↩
- Pereira, I. (2020). “Independent autopsy finds George Floyd died of asphyxia”. ABC News. May 30, 2020. Archived from the original on June 1, 2020. Retrieved June 1, 2020. https://www.ksro.com/2020/06/01/independent-autopsy-finds-george-floyd-died-of-asphyxia/ ↩
- BBC (2020). Op. Cit. ↩
- Pegues, J. (2020). “George Floyd and Derek Chauvin “bumped heads” while working at nightclub, former coworker says”. In CBS News. June 10, 2020. Accessed June 10. See https://www.cbsnews.com/news/george-floyd-derek-chauvin-nightclub-bumped-heads/ ; George Floyd et Derek Chauvin ont travaillé comme Agent de sécurité dans un même Club (le premier à l’intérieur et le second à l’extérieur). Il a certainement eu des antécédents de frictions liées au fait que M. Chauvin était “extrêmement agressif” avec les clients « non-blanc » du club. Un témoin explique que le patron de George Floyd aurait demandé à ce dernier de remettre la paye de Derek Chauvin sous forme de chèque. M. Chauvin n’a pas accepté que ce soit un Noir qui lui remette sa paye. En fait, il y a eu des cas répétés d’actes relevant du racisme quotidien, mais difficile à faire valoir devant la police de Minneapolis. ↩
- Règle de la Maât. « La confession négative ». In “Egypt (Kemet): The Egyptian Book of the Dead- The Negative Confessions-Part 1 and 2; The Origins of the Egyptian Gods” https://hubpages.com/religion-philosophy/EgyptKemet-Alkebuland-The-Egyptian-Book-of-the-Dead-The-32-Negative-Confessions-Part-1. 7 décembre 2016. Accédé le 9 juin 2020. Voir https://lelivredesmorts.wordpress.com/tag/regle-de-maat/ ↩
- Voir la vidéo anonyme d’une bavure policière en Allemagne qui ne concerne pas que les Noirs, mais les minorités visibles ou les immigrés. Enregistré par Afrocentricity Think Tank, 09 06 20.