François Hollande : Tapis rouge pour Denis Sassou N’Guesso

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Les mauvaises nouvelles arrivent toujours trop tôt ! Denis Sassou N’Guesso sera reçu à l’Elysée dans les prochains jours

Je ne sais pas si on peut déjà parler de revirement. Mais il est vrai que d’un point de vue politique François Hollande ne fait pas exception. Cela fait des mois que François Hollande repousse sans arrêt le moment où il devait recevoir le dictateur sanguinaire congolais Denis Sassou N’Guesso à l’Elysée.

Selon nos informations, c’est désormais bien acté, le vieux dictateur congolais Denis Sassou N’Guesso sera reçu à l’Elysée par François Hollande dans les prochains jours.  A Oyo où le vieux dictateur et son clan s’apprêtent à accueillir de nombreux invités à l’occasion de la cérémonie officielle de pose de la première pierre de la future agence de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) de cette même localité, le 15 mars prochain, on sabre le champagne, le sujet est sur toutes les lèvres.

Comme chacun pouvait s’en douter, il n’en fallait pas plus pour que Denis Sassou N’Guesso et ses griots jubilent et versent déjà dans le triomphalisme, concluant ainsi : « on savait dès le départ que Hollande ne ferait pas exception. Comme tous les autres, il devait toujours finir par se plier, ce n’était qu’une question de temps ».

En effet, dans ce que l’on pourrait qualifier par le « bras de fer » qui oppose depuis son arrivée à l’Elysée François Hollande à  Denis Sassou N’Guesso, ce dernier a toujours été convaincu qu’il l’emporterait sur François Hollande, comme sur d’autres avant lui. Eh bien, c’est désormais chose  faite. Le bras de fer n’aura finalement duré que 10 petits mois avant que François Hollande ne cède à son tour.

A Brazzaville, son entourage a toujours avancé que François Mitterrand avait fini par changer, tout comme Nicolas Sarkozy, après quelques mois d’un exercice de pouvoir difficile avec pleine de réalités imprévisibles. Pourquoi pas François Hollande ? « Wait and see », disaient-ils, convaincus que, comme toujours, ils auront raison.

Quant à ses camarades dictateurs africains, ils étaient eux aussi tous convaincus, qu’après être allé très loin, François Hollande sera obligé de baisser d’un cran, sa ligne actuelle envers Denis Sassou N’Guesso, étant intenable à long terme. Surtout en ces temps de crise ! Ce n’était donc bien qu’une question de temps.

Alors, chacun comprend aisément qu’entre faire plier les dictateurs africains en mettant en œuvre de la « rupture de la françafrique » ou courber l’échine, manifestement la France n’a pour seule alternative que la seconde option pour la simple et bonne raison qu’il y a une question majeure qui se pose : Face aux perspectives économiques mondiales moroses, avec une croissance en berne et un déficit des échanges commerciaux devenu abyssal, la France a-t-elle les capacités de s’en sortir sans recourir à son pré-carré africain ? En tout cas, chacun l’aura compris, ce n’est pas en défiant les dictateurs africains ou en faisant de grandes déclarations sur la démocratie et les droits de l’homme que l’on règle le problème de la croissance de la France.

La difficulté, en effet, c’est que beaucoup de grandes entreprises françaises vivent avec des contrats africains. Ce sont elles qui empêchent que les décideurs politico-économiques français soient plus fermes à l’égard des dictateurs de ces pays africains comme de nombreux griots de Denis Sassou N’Guesso aiment justement le répéter à satiété, à l’instar du député Sylvestre Ossala, je cite « […] nous savons tous qu’historiquement au Congo avec le président Sassou, les crachats qui lui sont jetés à la figure se transforment généralement en barils de pétrole ou en gisements pétroliers qu’il exploite, qu’il vend et qui le rendent puissant… »

A l’endroit de la France, le vieux dictateur congolais a toujours penché pour les gouvernements de droite. C’est l’une des raisons – mais pas la seule – pour laquelle la méfiance sera au rendez-vous de cette rencontre entre François Hollande et Denis Sassou N’Guesso. Mais, realpolitik oblige, l’échange entre François Hollande et le vieux dictateur congolais sera certainement pragmatique sur les dossiers économiques. Paris souhaitant favoriser l’accès des entreprises françaises au marché congolais et redresser le déficit des échanges commerciaux, devenu abyssal.

Officiellement, cette rencontre aura donc pour but d’améliorer les relations économiques et commerciales entre la France et le Congo mais sur les questions politiques (le respect scrupuleux de la Constitution et de ne pas briguer un troisième mandat en 2016) et judicaires en cours (les Biens Mal Acquis, les Disparus du Beach), qui congèlent les relations entre Paris et Brazzaville, François Hollande jouera-t-il cartes sur table ?

En clair, la question est : François Hollande sera-t-il obligé à s’engager, au nom de la realpolitik, à «récuser tout soutien à la démocratie sous quelque forme que ce soit» ou va-t-il malgré tout archiver son serment de rompre avec la Françafrique ?

Nous rappelons toutefois qu’en dépit des millions de dollars dépensés chaque année par Denis Sassou N’Guesso pour le lobbying auprès des cercles proches du Président Barack Obama, ce dernier n’a jamais accepté de le recevoir en tête-à-tête ni dans le bureau ovale à la maison blanche ni même ailleurs. Pourtant son pays (les Etats Unis) est également grevé de dettes et perclus de déficits budgétaire et commercial.

Pour les Congolais, le moins que l’on puisse dire c’est que les mauvaises nouvelles arrivent toujours trop tôt !

Bienvenu MABILEMONO

S.G. du Mouvement pour l’Unité et le Développement du Congo – M.U.D.C.

 

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