La montagne accouche enfin d’une souris. Sauf changement de dernière minute, les agents de l’administration publique auront à partir de janvier 2012 une augmentation de 10% sur leurs maigres salaires. Chaque fonctionnaire peut commencer à manipuler sa calculatrice à toutes fins utiles. Après 5 ans d’intenses négociations sur fond de diversions et d’achats de consciences des responsables syndicaux, voici donc ce à quoi va ressemble la fameuse revalorisation des salaires tant promise et toujours claironnée par le prince et ses thuriféraires dont Ahoumey-Zunu, le nouveau show boy de la maison. Pascal Bodjona n’étant plus sollicité pour ce genre d’exercice, c’est lui Arthème Séléagodji Ahoumey-Zunu, l’un des rescapés de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) qui fait office de nouveau haut parleur de la présidence. Pour la petite histoire, à chaque fois que cet arriviste de dernière heure ouvre sa bouche pour débiter ses groupes de mots maison déjà maintes fois entendus, la tension de certains Togolais monte. Parlant d’achats de consciences, ce n’est Mathias Hlomador, le patron des conducteurs (il est secrétaire général de l’Union Syndicale des Conducteurs Routiers du Togo) qui n’a jamais été ni chauffeur ni propriétaire de véhicule et Tsikplonou Ephrem (Union Générale des Cadres du Togo), tous deux de l’intersyndicale qui nous démentiront. En tout cas, ces derniers ont suffisamment eu pour leurs comptes au moment où les autres travailleurs sont appelés à se serrer encore et encore les ceintures.
Un agent à 100.000 F CFA de salaire aura un petit rajout de 10000 F. Or, ceux qui perçoivent 100.000 F et au-delà n’étant pas aussi nombreux dans la Fonction Publique togolaise, ce qui signifie que les ¾ du personnel composés d’agents permanents et de cadres intermédiaires dont les salaires n’atteignent pas 100.000 F CFA n’auront pas 10.000 de plus sur leurs soldes. Ainsi, ceux qui rêvaient d’une augmentation substantielle de l’ordre de 25% et plus devront patienter encore. A partir de janvier, les Togolais les verront tous défiler sur les écrans de télévisions pour défendre cette augmentation comme étant une « magnanimité du chef de l’Etat » ou s’inscrivant dans la droite ligne de la « sage et pragmatique politique du président faite de gestion clairvoyante des deniers publics ». Et pour couronner tout, d’autres monteront au créneau pour dire encore une fois que les recommandations de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en matière de finances publiques sont assez claires : le ratio entre la masse salariale et les recettes fiscales ne doit en aucun cas dépasser 35%. Mais personne d’entre ces thuriféraires ne dira pas que le Togo reste loin des autres pays de l’UEMOA quant aux salaires. La stratégie du pouvoir est restée telle : à chaque fois qu’il se trouve en difficulté, le voilà brandir la carte des critères de l’espace UEMOA auquel le Togo fait partie. Jamais on ne parle aux Togolais des salaires en vigueur dans les autres pays pour ne pas susciter davantage leur courroux. Or, le monde étant devenu un village planétaire où l’information circule à une vitesse grand V, ceux-ci arrivent à savoir ce qui se passe chez les voisins sans y être forcément.
Cette petite augmentation de 10% sur les salaires à compter de 2012 qui est loin de satisfaire les agents publics ajoutée aux problèmes du monde estudiantin qui vient de se faire entendre à l’université de Kara et d’autres, l’année prochaine sera lourde pour Faure et sa clique. Vendredi, Faure s’est résolu à faire un saut à Kara pour humer l’air sec et poussiéreux qui y règne par ces temps d’harmattan. Les étudiants très en courroux qui réclamaient la libération de leur champion Kpatcha lui ont dit ce qu’ils avaient sur le cœur et l’ont renvoyé à ses copies. Un président qui reste dans sa tour d’ivoire, ne communique que très rarement avec son peuple et qui se complaît dans un laisser-aller suicidaire, combien de temps y restera-t-il caché pour emprunter les mots du Bassari Ouyi Tassane de regrettée mémoire.
Taffa Biassi Lynx.info