En Côte d’Ivoire, beaucoup de femmes vivent difficilement leur statut de célibataire. Belles et riches, pour certaines d’entre elles, elles endurent si mal la solitude qu’elles sont obligées de se lier avec des hommes mariés. Avec le pacte tacite ou non de tenir cachée leur vie amoureuse, loin des yeux et des oreilles de la femme légitime de leur amant.
Ce statut de ‘’deuxième bureau’’, Mariam, cadre de banque, le revendique et l’assume. Agée de 40 ans environ, cette belle dame qui possède deux grosses voitures dans le garage de sa luxueuse villa du quartier chic de ‘’Cocody’’, vit avec ses deux filles de 15 et 10 ans.
Une femme de ménage complète ce cadre féminin. Trop féminin, à tel point que Mariam a senti le besoin d’y adjoindre un homme. Il est arrivé, mais problème : il est marié. Conséquence de ce statut, il ne peut être toujours aux côtés de Mariam, d’où ‘’il ne vient que les week-ends s’il n’est pas en mission’’.
Moins que sa présence, Mariam était au début indisposée par la nature de la relation qu’il développait avec l’homme. ‘’Du fait qu’il était marié, je n’en voulais pas par respect pour ma personne et surtout pour celle (sa femme légitime) qui vit déjà avec lui », confesse la quadragénaire, avant de reconnaître que le temps faisant son œuvre et par peur de la solitude elle a fini par tout accepter de son homme jusqu’à le vouloir toute seule.
‘’Je pleurais, dormais mal à l’idée de savoir qu’il se rapprochait de sa famille’’, avoue Mariam qui n’en pouvant plus fait ‘’une dépression’’ qui lui vaut un séjour en clinique.
Aujourd’hui, qu’elle s’est fait une raison en acceptant son statut de ‘’deuxième bureau’’, Mariam n’en est pas moins amère sur ses 10 ans de vie d’illégitime cachée : ‘’Vous savez, les hommes attachent peu d’importance à leur maîtresse en dépit de l’amour qu’ils éprouvent, elles ne comptent vraiment pas dans leur vie affective ».
Catherine, 35 ans, est habitée par le même mal vivre. D’où sa déchirante confession : ‘’nous maitresses, nous nous contentons de peu. Cette absence de celui que nous aimons, pèse sur le couple, étant entendu qu’une relation de couple n’est pas seulement que les ébats passionnels mais aussi le vécu quotidien ».
Si à la différence de Mariam, Catherine habite dans un logement payé par son amant, il reste que la jeune femme a du mal, comme la cadre de banque, à accepter les apparitions furtives de son bien aimé.
‘’Il passe pratiquement tous les soirs avant de rentrer chez lui’’, indique Catherine, qui après le départ de son ‘’homme’’, se sent trop seule dans son appartement qu’elle a pris en location pour ne pas continuer de vivre aux crochets de sa sœur.
Par peur de se retrouver complètement seule et parce que, gentleman, l’amant lui a avoué les yeux dans les yeux que bien que marié il tenait à elle et n’aimerait pas faire voler en éclats leur concubinage en se faisant coincer par sa femme, Catherine a fini par accepter de ne pouvoir vivre au grand jour son amour. Un pis-aller auquel la jeune femme s’accroche de toutes ses forces, car, dit-elle, ‘’l’absence d’un homme dans le foyer est un désastre’’.
Patricia, la trentaine, vit, elle, un ‘’drame’’ avec son amant qui lui impose une vie de moine. ‘’Depuis deux ans qu’il m’a trouvé ce studio au Plateau Dokoui, je n’ai plus droit à des visites de personnes qui lui sont étrangères’’, se désole Patricia avant d’ajouter que son homme l’a battue à plate couture, un jour qu’il a trouvé un plombier dans les toilettes de leur appartement.
Le ‘’drame’’ de Patricia, c’est qu’elle est couverte de cadeaux que son ‘’homme’’ menace de lui retirer à la moindre incartade. ’’Nous vivons le calvaire avec les hommes mariés qui menacent pour un oui ou non de tout nous arracher : voiture et maison. Si en plus de vivre seules, nous sommes l’objet de chantage, c’est difficile la vie de maitresse », se lamente Patricia.
Cette dernière, tout comme Mariam et Catherine, ne voit qu’une solution à son sort : ‘’légaliser la polygamie ». Cela pourrait, disent les trois femmes, donner ‘’la chance à toutes les femmes de vivre sous un toit avec un homme, quitte à le partager avec une autre femme ».
En attendant que la loi ivoirienne se penche sur la proposition de ces ‘’deuxièmes bureaux’’, Pierre N’da, psychologue, leur conseille de cesser de ‘’se juger ou de se culpabiliser » car, estime-t-il, elles contribuent à banaliser leur ‘’détresse’’ laquelle est déjà incommensurable quand elles sont, pour beaucoup, obligées de ‘’faire le deuil de la maternité ».
Vie et Couple
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