ANALYSE DE CVU-TOGO-DIASPORA DU 06 NOVEMBRE 2017
Sur la base de la Constitution de 1992, il devient de plus en plus évident que l’avenir des Togolaises et des Togolais est lié à une décision de départ pacifique de Faure Gnassingbé, le Président du Togo dont le mandat s’est terminé en 2015. Le temps supplémentaire à la tête de l’exécutif togolais, imposé par les militaires non républicains, les multiples modifications constitutionnelles unilatérales, le refus de la mise en œuvre effective de l’Accord politique global de 2006, prend fin. En effet, des marches préparatoires organisées par le parti politique Alliance nationale pour la Changement (ANC) de Jean Pierre Fabre et les partis partenaires étaient prémonitoires, mais ne gênaient pas l’exécutif togolais.
1. NE PLUS CÉDER A LA PEUR MAIS EXIGER LE DROIT A AUTODÉTERMINATION
C’est après avoir formé ses membres à la non-violence et au respect de la personne humaine, que Tikpi Atchadam avec le Parti National Panafricain (PNP) a réussi, le 19 août 2017, à sortir l’ensemble des Togolaises et Togolais d’une certaine léthargie anesthésiante. Oui, le silence du Peuple togolais, plus particulièrement celui de sa jeunesse, de sa société civile et sa Diaspora indépendante, n’était pas un chèque en blanc pour continuer à opprimer le Togo au plan social, économique, culturel et même ésotérique.
Alors, ce Peuple togolais, par la grâce de la conjonction du ras-le-bol généralisé face à l’incompétence du régime cinquantenaire d’un système militaro-civil des Eyadéma et leur système clientéliste, a choisi de ne plus céder à la peur, ni au chantage, et même à exiger son droit à l’autodétermination. Ce droit a été tout simplement confisqué depuis l’assassinat en 1963 de Sylvanus Olympio. Aussi, si c’est au Togo que le premier coup d’Etat africain a eu lieu, il ne faut pas s’étonner que ce soit au peuple togolais, qu’il revient de montrer le chemin, qui conduit au retour de l’autodétermination. Le peuple de la République démocratique du Congo est en train de s’en inspirer en refusant de céder à une usurpation du pouvoir par la force par l’exécutif de ce pays.
Quelle est la situation aujourd’hui au Togo ? Entre ceux qui souhaitent le changement et ceux qui veulent conserver le statu quo au Togo, il existe néanmoins un consensus parfait sur la nécessité d’opérer des réformes constitutionnelles afin de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels. La différence est qu’il ne s’agit plus d’un arrangement entre le pouvoir et le système Eyadéma et une opposition des partis politiques, mais bien d’une rupture de confiance entre le pouvoir Eyadéma et son parti UNIR et la grande majorité du peuple togolais y compris la Diaspora, cette 6e région du Togo non recensée et à qui l’on refuse le droit de vote.
Personne ne peut croire à la bonne foi de Faure Gnassingbé, ni à son gouvernement pour mener des négociations et non des dialogues sur l’avenir du Togo. La Constitution de 1992 n’offre pas la possibilité à Faure Gnassingbé de rester au pouvoir jusqu’en 2020. La seule concession est que Faure Gnassingbé remercie le Peuple togolais de l’avoir toléré depuis 2015, alors que depuis cette date il est illégitime. Maintenant, sur la base d’un mea culpa accepté par le Peuple, ce dernier pourrait, peut-être, reconsidérer sa position de maintien de Faure Gnassingbé jusqu’en 2020 si le Gouvernement dirigé par le Premier ministre Komi Selom Klassou démissionne immédiatement. Un gouvernement de transition verrait le jour où l’essentiel des prérogatives de sécurité et de finance serait géré par les autorités de transition.
2. LA CEDEAO DIRIGÉE PAR LE BEAU-FRÈRE DE FAURE GNASSINGBÉ
Les positions officielles des Etats-Unis, de la France et de l’Allemagne méritent d’être confirmées. En effet, se contenter de demander que les marches pacifiques se déroulent en semaine et avec la protection des forces de sécurité togolaises est déjà en soi un grand progrès. Mais, conseiller aux responsables de l’opposition togolaise, tout en excluant la Diaspora togolaise, de dialoguer avec ceux dont le pouvoir unilatéral ne sert qu’à brimer les populations, relève d’une hypocrisie qu’il convient de corriger rapidement. Le Gouvernement de Faure Gnassingbé a fait la démonstration que le dialogue avec les forces de l’alternance, ne peut qu’être une source de duplicité et un alibi pour mieux gagner du temps et se maintenir au pouvoir par la force et la violence.
D’ailleurs, si la négociation consistait à accepter d’aller à un référendum pour faire adopter ce qu’un référendum a déjà adopté en 1992 à 97.6%, il faut croire que cette option viendrait confirmer que Faure Gnassingbé considère qu’il a roulé les citoyens togolais dans la farine de manioc.
Alors que Le président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Marcel de Souza, est le beau-frère béninois de Faure Gnassingbé, aucun togolais ne peut encore accepter que la crise togolaise trouve une solution avec ceux qui dépendent de la famille Eyadéma pour leur nomination et leur existence. Un cadre familial vicié ne peut servir d’espace de résolution de la crise togolaise.
Une négociation avec la participation de l’Organisation internationale de la Francophonie et de l’Organisation des Nations Unis, de l’Union africaine, des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la France et des chefs d’Etat africains choisis individuellement ne peut donner un résultat satisfaisant pour le Peuple togolais. Toutes ces structures ont soit légitimé le régime de Faure Gnassingbé, soit passé l’éponge sur les crimes et atteintes aux droits humains, aux respects des libertés et du droit à l’information.
Les soient-disant « leaders responsables » qui, curieusement, appartiennent à la même tribu ésotérique sont malheureusement déconsidérés par la population. Les médiateurs qui s’auto-proclament prédestinés pour jouer les bons offices doivent se rappeler que le Peuple Togolais ne leur a donné aucun mandat et que le mandat donné par Faure Gnassingbé, ou par une puissance tutélaire, sera considéré comme une atteinte directe au droit à l’autodétermination du Peuple togolais.
Néanmoins, la démonstration de force des marches pacifiques, devra systématiquement être filmée avec des photos et des documentations précises pour permettre à l’opposition de monter un dossier juridique recevable auprès des tribunaux compétents au Togo, en Afrique, à l’international et surtout en Belgique avec une compétence universelle. Aussi, si ces marches pacifiques ne sont pas interrompues violemment et unilatéralement par la force, par Faure Gnassingbé et les milices cagoulées non identifiées mais qui ne sont en rien gênées par les services de sécurité du pouvoir, alors les décideurs du monde entier devront se poser la question de savoir ceci :
3. QUI VEUT CONSERVER FAURE GNASSINGBÉ AU POUVOIR TRAVAILLE CONTRE LE PEUPLE TOGOLAIS
Qui a intérêt à ce que Faure Gnassingbé, otage ou pas de son propre système, reste au pouvoir le plus longtemps possible ? Les forces du marché et plus particulièrement les entreprises multinationales françaises, mais aussi italiennes et autres contrôlant les parties les plus « rentables » du Togo à savoir le port autonome, le phosphate et le pétrole offshore doivent nécessairement faire l’objet d’investigations.
Que cela plaise ou non, la population y compris la Diaspora, les acteurs politiques et ceux de la société civile optant pour l’alternance au Togo devront accepter de clarifier leur position sur l’après Faure Gnassingbé avec une proposition crédible d’un Gouvernement de transition. La capacité de nuisance d’anciennes puissances politiques et des entreprises multinationales qui n’hésiteront pas à diviser le futur nouveau pouvoir de l’après Faure Gnassingbé, ne doit pas être sous-estimée.
Si le projet de réforme constitutionnelle a été adopté uniquement par les députés de la majorité présidentielle au parlement, les députés dans leur composition actuelle ne reflètent pas la réalité du paysage politique togolais. Aussi, la dissolution du parlement devrait rapidement devenir une question d’actualité. Les conditions d’instauration d’un parlement transitoire n’est pas une mince affaire. Aussi, il est sage pour le pouvoir en place de se rappeler que c’est unilatéralement qu’il a fait modifier la Constitution de 1992. Aussi à ce titre, il lui suffit de retirer le texte controversé qui n’a pas pu obtenir les 4/5e des votes au parlement actuel, ce qui a conduit au recours à l’article 144 de la Constitution pour la tenue d’un référendum qui doit finalement relégitimer le référendum de 1992. Il n’y a qu’au Togo que de telles aberrations juridiques sont maintenues sous prétexte d’une ‘non-rétroactivité’ unilatérale imposée par le pouvoir de Faure Gnassingbé.
Pourtant, de même que Faure Gnassingbé peut démissionner immédiatement suite à la pression du Peuple, de même il peut réintroduire un nouveau texte au Parlement dupliquant la Constitution de 1992. Une bonne foi de sa part pourrait conduire le Peuple togolais à faire des concessions sur son maintien au pouvoir jusqu’en 2020, dès lors que l’ensemble du Gouvernement Klassou est « démissionné » et remplacé par un gouvernement de transition avec des personnalités éthiques acceptés par les principaux protagonistes sur une base consensuelle. Mais, la Diaspora togolaise indépendante et la société civile togolaise indépendante ne peuvent en être exclues.
4. UN BOULON, CELA SE DÉVISSE… DOUCEMENT !
Que l’on soutienne ou pas le mouvement de dignité et de retour au droit à l’autodétermination qu’a fait émerger Tikpi Atchadam et l’ensemble des forces du changement au Togo et dans la Diaspora, force est de reconnaître que sans une démonstration de force pacifique, Faure Gnassingbé et ses affidés trouveront un nouveau stratagème pour s’éterniser au pouvoir. Aussi, les manifestations pacifiques du 7, 8 et 9 novembre 2017, qui devront être encadrées par les forces de sécurité de Faure Gnassingbé, participent du marathon démocratique au Togo. Que Dieu veille sur le Peuple togolais et ses dirigeants indépendants et éthiques afin qu’avec l’ensemble de la population y compris la Diaspora, le droit à l’autodétermination fonde les bases du retour à la vérité des urnes au Togo !!!
Le temps de la répression et du refus de libérer les prisonniers politiques, va bientôt se terminer pour ouvrir l’espace à la traduction devant les tribunaux :
des criminels et leurs commanditaires, ceux qui ont tiré ou fait tirer à balles réelles sur le Peuple togolais en marche vers son indépendance ;
des réseaux mafieux ; et
du régime togolais, -civilo-militaire- soutenu de l’extérieur et de l’intérieur de l’Afrique.
Aussi, face à une telle injustice, la question n’est plus de savoir si le peuple togolais s’est saisi de la question à savoir si Faure Gnassingbé est indéboulonnable, mais plutôt de savoir quand est-ce que les marches finiront pas dévisser ce boulon dont le pas de vis à foiré depuis que la Constitution de 1992 en a fixé le terminus à l’an 2015.
Faure Gnassingbé et ses soutiens ne sont pas dénués de bon sens. La foi en la violence et en la force brute peut se retourner contre eux, sans que l’on n’y prenne garde ! Le Peuple togolais le sait et transformera ses marches en marathon démocratique. YEA.
06 novembre 2017
Dr Yves Ekoué AMAÏZO
Coordonnateur, Collectif pour la Vérité des Urnes-Togo-Diaspora
yeamaizo@cvu-togo-diaspora.org
© CVU-TOGO-DIASPORA – Collectif pour la Vérité des Urnes.
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