La bataille pour la libération pure et simple du député de la Kozah Kpatcha Gnassingbé embastillé depuis bientôt trois ans dans une rocambolesque affaire d’atteinte à la sureté de Faure et amis ne fait que commencer. Cette fois-ci, les sympathisants et supporters du gros comme on l’appelle à Lomé sont décidés à aller jusqu’au bout pour voir jaillir les lueurs de droit. Kara, fief de l’homme est déjà en ébullition permanente avec les étudiants. En attendant l’entrée en scène d’autres forces tampons tapis dans l’ombre, c’est Faure et son carré qui perdent le sommeil dans des coups tordus visant à briser les rêves des amis de Kpatcha. Dissolution annoncée et maintes fois différée du RPT, création d’un nouveau parti, Kpatcha fait trop courir le plus « Faure » des Togolais et sa cour. Depuis sa prison, il n’a cessé de provoquer de l’insomnie chez son demi-frère de président qui manœuvre pour l’anéantir même libéré. Qui dit que la fin de la guerre entre les deux frères héritiers est pour demain matin ?
« Une surprise désagréable attend Faure et ses amis lors des législatives à venir. Beaucoup dans la partie septentrionale du pays comptent sur ces joutes électorales pour exprimer leur mécontentement de la manière dont le président et ses amis ont géré l’affaire Kpatcha. Que voulez-vous, en pays kabyè, Kpatcha demeure populaire quoiqu’on dise de lui. Il est à l’écoute des populations qui le sollicitent à chaque fois qu’elles en ont besoin. Quant aux autres enfants du général, ils restent très hermétiques et difficiles d’accès. Kpatcha a très tôt érigé un domicile ici pour se rapprocher des populations tandis que certains de ses frères n’ont même pas un poulailler à Kara, pour emprunter les mots au général Tittikpina qui parlait de son frère Atti à la barre lors du procès dit d’atteinte à la sureté de l’Etat. Faure se fait construire un peu partout des villas luxueuses mais pas à Kara. A Agou chez ses oncles maternels, il s’est fait bâtir une demeure sur la colline où il aime aller se reposer.
Chez nous ici, les gens considèrent que cette affaire Kpatcha est une honte non seulement pour la famille Gnassingbé mais aussi pour le peuple kabyè et pour ce faire, ils veulent en finir avec la sérénité retrouvée dans la famille». Cette confidence faite le samedi 03 mars dernier lors de notre visite à Kara dans le cadre des funérailles en pays kabyè par un important chef de la localité dont nous taisons le nom, témoigne de l’atmosphère restée délétère dans cette partie du Togo et au sein de la famille Gnassingbé depuis que Kpatcha a été embastillé par son frère de sang pour une histoire de pouvoir. Une affaire que les sages du pays kabyè notamment les oncles maternels de Pya Akéi Maloudè (chez Malou, ndlr) de feu Eyadema, père des deux protagonistes, ont tenté à plusieurs reprises de régler sans succès. Les oncles maternels de Kpatcha à Kouméa s’y sont essayés aussi en vain. Ces derniers n’ayant surtout digéré le pilonnage dans la nuit du 12 au 13 avril 2009 du domicile de leur petit neveu. Faure ne voulant rien entendre, avait évité soigneusement ces rencontres arguant que les sages devraient unanimement condamner l’acte que s’apprêtait à poser son demi-frère avant toute assise à ce propos. Or ces sages ne savaient même si effectivement les accusations portées contre Kpatcha étaient fondées ou non. « Bien avant le déclenchement de cette affaire, nous avons invité les deux frères en froid à s’entendre et à éviter surtout le clash mais personne ne nous a écoutés, chacun des deux princes héritiers campant sur ses positions. Aujourd’hui, nous regrettons amèrement que cela ait entamé sérieusement la cohésion au sein de la famille. Quoiqu’on dise, Faure s’est plus fragilisé dans cette affaire alors que son demi-frère engrange des points et devient plus populaire. Surtout que l’on a parlé de la gestion de l’héritage paternel », a soufflé un proche de la famille sous couvert de l’anonymat.
Dans une telle atmosphère à la limite sulfureuse, le plus « Faure » des Togolais appuyé par ses amis, les nouveaux riches de Lomé, suivez très bien nos regards, a pris sur lui d’abréger l’existence du parti porte-malheur du peuple togolais, le RPT non pas pour sauver les Togolais des griffes du démon noir de ce parti mais pour d’autres mobiles faciles à cerner. Toujours dans ce combat entre princes héritiers, l’arrestation de l’homme d’affaires Sow Agba Bertin et le matraque médiatique dont le tout puissant ministre de l’Administration Territoriale et porte-parole du gouvernement Pascal Bodjona est victime, s’inscrivent dans le registre des dégâts collatéraux. Ces deux personnalités sont de la localité de Kouméa d’où est originaire Marie-Madeleine Manguiliwè, la mère des jumeaux Kpatcha et Toi Gnassingbé.
Kpatcha est certes au gnouf depuis trois ans bientôt mais son ombre massive pèse sur Faure et ses potes qui, même dans leur sommeil, le voient arrivé. Ainsi vaudrait-il mieux pour le prince de mettre fin à tous les symboles dont Kpatcha pourrait se servir pour monter en flèche au cas où. Lui qui est demeuré très populaire au sein du vieux parti créé par le père et dont les militants louent les largesses et l’oreille attentive à leurs problèmes.
Le tintamarre organisé autour de la mort sous prescription du RPT s’inscrit bel et bien dans cette stratégie de couper l’herbe sous le pied de Kpatcha et ses nombreux soutiens qui sont très loin d’avoir dit leur dernier mot. Vagues de mécontentements répétées dans la partie septentrionale du pays surtout à Kara où les étudiants ne se laissent pas distraire, anciens militaires et soldats en fonction en embuscade, tous ceux qui se reconnaissent dans les méthodes et la personnalité de Kpatcha n’ont pas encore déposé les armes. A l’heure où vous lisez ces lignes, de nombreux sympathisants du député appuyés par d’anciens militaires attendent passer sérieusement à l’offensive en vue de forcer la main à Faure à libérer le plus célèbre des prisonniers politiques togolais, leur champion. Les jours à venir promettent des étincelles. Entre nous, pourquoi Faure ne passe jamais la nuit à Kara, sa localité d’origine?
Désirée Bigui Lynx.info