Alors si l’on vous dit « la Côte d’Ivoire va bien. Elle est sur la voie de la paix », soit celui ou celle qui vous le dit est – un abruti – totalement coupé des réalités ivoiriennes, soit il s’agit d’un « communiquant » du régime, conditionné – comme un perroquet – pour dire les louanges de son président « Adoré », monsieur Ouattara, même si la Côte d’Ivoire devrait être au bord du gouffre, ou même à l’intérieur. Car il faut se l’avouer, à part ses voyages intempestifs à l’étranger et quelques coups de peinture ou de marteau par-ci et par-là, monsieur Ouattara n’a pas réussi grand-chose. Sinon se déchaîner sur son opposition, notamment le FPI. Une opposition déjà si mal en point, dont les multiples attaques des positions des FRCI, ont fini par sonner le glas. On dira, pour faire plus simple: « Sale temps pour l’opposition ivoirienne, sous Ouattara ».
Le ministre Koné Katinan, arrêté puis jugé au Ghana. Idem pour Laurent Akoun. Sauf que lui, est aux mains des autorités ivoiriennes. Opposants poursuivis et arrêtés comme des malpropres. Le décor est ainsi planté. Mais il y a pire : bruits de bottes ; Abidjan – serait – encerclée par des assaillants ; des hordes de FRCI déversées partout dans le pays, avec en perspective des exactions tous azimuts ; psychose au sein d’une population martyrisée… ; Voilà ce que monsieur Ouattara aura réussi en 16 mois. Cela au moins, on peut le lui concéder. Volontiers.
L’opposition, notamment le FPI, visiblement excédé et outré devant une telle situation, est sortie de ses gongs. Conférence de presse expresse : la direction de ce parti politique – crée par Laurent Gbagbo – dénonce, fustige, démontre, s’indigne, s’énerve même…, et finalement, alors que certains s’attendaient – peut-être – à des « actions concrètes », le parti demande la dialogue et en appelle à l’opinion internationale et nationale:
« Le FPI, conscient de son devoir devant l’histoire et l’Afrique est demandeur du dialogue et lance un appel pressant aux décideurs Internationaux (…). Je pense au Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, aux USA, à la France, à la Grande-Bretagne, au Canada, à la Chine et à la Russie. Je pense à l’UNESCO, à l’OIF, à l’UNICEF, à la Banque Mondiale, au FMI et à l’UNDPA. (…) aux forces politiques (…) aux leaders religieux, musulmans et chrétiens(…). Je pense à la société civile, notamment les organisations de défense des droits de l’Homme (…) ».
Pauvre opposition ! Qui l’écoutera ? Elle aura, au moins, eu le courage de s’exprimer. C’est déjà pas mal. Que pouvait-elle faire de plus ou de mieux ? Quand il y a en face monsieur Ouattara et son armée tribalo-ethnique, prête à appuyer sur la gâchette, au moindre individu qui osera « toussoter » contre le président « bien-aimé ». Elle est bien loin, l’époque du slogan « y a rien en face ». Ça, s’était quand on pouvait « insulter » – sans en être inquiété- le président d’alors. Celui qui est aujourd’hui prisonnier à la Haye. Une opposition « décapitée », réduite à quelques dirigeants qui, certainement, ne se font pas trop d’illusion sur le sort de prisonnier, sinon de mort en sursis qui est le leur. Merci – quand même – « au camarade » Miaka pour avoir parlé. C’est déjà ça. Mais – hélas – en face, il y a toujours « la démocratie par les armes » de Ouattara. Que peut y faire une opposition civile affaiblie et de surcroit en voie d’ « éradication » ? Croit-elle pouvoir compter sur ceux qui, hier ont soutenu mordicus Alassane Ouattara ? Pense-t-elle que ces derniers iront jusqu’à désavouer leur « poulain » ? A renoncer aux intérêts colossaux qu’ils ont mis toute leur énergie à défendre durant la crise post-électorale en Côte d’Ivoire ?
Que dire des religieux et de la société civile ivoirienne ? Que peuvent-ils faire, eux qui, jusque-là, se sont murés dans un silence coupable ? Qui se sont tus et qui se taisent jusqu’à aujourd’hui sur les nombreuses violations des droits de l’Homme sous le régime de Ouattara ? En réalité, ni les religieux, ni la société civile – plus tétanisée que l’opposition elle-même – n’a de courage, sous cette démocratie par les armes, conduite avec brio par Ouattara.
Alassane Ouattara est – finalement – parvenu à prendre les rênes de ce pays, la Côte d’Ivoire. Il l’a dit, lui-même : « je suis un économiste ». Complétons sa phrase: « et non un politicien » (ndlr), qui maîtrise et qui fait de la politique un art, un métier. En fait, monsieur Ouattara ne connait qu’une seule politique, celle des armes, de la force brutale et sauvage. Son accession au pouvoir – force est de le reconnaitre – a été marquée par la prise des armes, utilisées dans leur plus tragique expression: « Assassiner des êtres humains ». 16 mois après, il n’a pas renoncé à ce procédé machiavélique. Monsieur Ouattara, ne nous en cachons pas, règne sur ce pays, par la terreur. Ou, disons-le plus simplement : pare la force des armes. C’est ce qu’on appelle « la démocratie du plus fort ». Celle où, seules les armes gouvernent. C’est par elles qu’il s’impose aux populations de Côte d’Ivoire. C’est par elles qu’il règne, sans partage. Il n’y a que cette « démocratie » qui vaille pour lui.
Dans un tel contexte – ou un tel régime – les « paroles » du FPI ne s’apparente – finalement – qu’à du verbiage gratuit et inutile. Le FPI peut toujours « parler », Ouattara, lui, « mâte » l’opposition et met « des moyens additionnels » à disposition de son armée clanique. En toute sérénité, au vu et au su de tous.
Ainsi, après que l’opposition (le FPI) se sera indignée, aura dénoncé les travers du régime ouattariste, après qu’elle aura fini d’en appeler à l’opinion internationale et nationale, que lui restera-t-il à faire devant les armes de Ouattara, sinon croiser les bras et se tenir tranquille, de peur pour la vie de ses militants et de ses dirigeants ?
Pour ceux que cette option ne satisferait pas, allons plus loin et interrogeons-nous, partant du triste constat que nous venons de faire sur la situation socio-politique ivoirienne : « Y a-t-il plus fort que les armes – de guerre – Ouattara » ? Oui, bien évidemment. Certains nous diront : « l’absence de la peur de mourir ». Sauf que là encore, ne pas avoir peur de mourir ne garantit pas l’immortalité. Que faire donc ?
Si monsieur Ouattara exerce la démocratie par les armes, il l’exerce sur – et non pour – le peuple ivoirien. C’est donc le peuple, la clé de voûte, c’est lui qui détient la solution au problème de « la démocratie par les armes » de Ouattara. De lui seul dépend la présence de Ouattara et de l’existence de son régime. Car en effet, que valent les armes de guerre en face d’un peuple débout et déterminé ? Que vaut une armée, si puissante soit-elle, devant la force d’un peuple qui refuse l’embastillement et le musellement ? Rien. Absolument rien. L’histoire de l’humanité nous en donne les preuves. Mais pour y parvenir, il faut « des armes »…
Ces armes, l’opposition les a. Elle-même l’a si bien dit, donc elle en est consciente: « (…) le FPI pourtant fragilisé et donc sans armes matérielles mais qui dispose d’armes symboliques redoutables telle que la force et la pertinence de ses arguments politiques ».
Reste donc à définir – tout en restant courageux – comment et jusqu’où elle compte s’en servir pour en venir à bout de cette politique nauséabonde par les armes d’Alassane Ouattara.
Marc Micaèl La Riposte