Edem Kodjo ! Témoignage de Me Ayité Maxmibubé Sitti

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Mon second rendez-vous manqué avec la politique sur la terre de nos aïeux !  

Il était temps d’aller voir un « Ailleurs» moins hostile où l’on pourrait enfin avoir besoin de moi.

Ce sera le départ pour l’exil, un exil qui va se transformer en une école d’initiation aux mystères de l’univers, sous la houlette du «Dieu d’Afrique et de l’univers», un univers régi à environ 85% par de la matière noire, qui reste sa marque exclusive dont la nation noire et l’humanité au départ  sont  les héritières !

Gagnant au change en somme, le recalé de la politique togolaise,  et je ne m’en plains pas, loin de là !

Je rencontrai Edem Kodjo pour la toute première fois à une réunion du bureau exécutif de l’APED (Association pour la Promotion de l’État de Droit) sur invitation de son président, Djovi Gally. C’était dans le courant de l’année 1991, je crois,  sous le contrôle de mon ami, maître Gally

A une question assez critique de maître Zeus Ajavon sur le parti unique, sa réponse me laissa songeur. « Ils ont  fait le parti unique RPT, car à l’époque, on leur disait de faire le parti unique !»

Entretemps, Gabriel Agah, fondateur et propriétaire du premier hebdomadaire de la presse privée d’opposition, « Forum Hebdo », me fit appel pour prendre la direction de son journal et j’eus alors l’honneur de publier « l’appel au Grand Pardon », lancé depuis Paris par l’ancien Secrétaire général du RPT.

Au lendemain des journées de soulèvement populaire à l’appel du FAR (front des associations pour le renouveau), il me fit contacter et aux termes d’une rencontre franche, ouverte où la complicité intellectuelle le disputait déjà à une collaboration pleine de promesses, j’acceptai son offre d’être son premier vice-président à l’Union pour la Démocratie Togolaise (UTD), qu’il venait de fonder.

Sa conversion à la démocratie après ses déboires avec le RPT dont il a été la cheville ouvrière, me paraissait sincère et sa stature d’homme d’État pouvait être, à mon sens,  un gage.

Je sus, après mon départ de l’UTD en pleine conférence nationale, qu’il me surnomma affectueusement « le Jean-Pierre Chevènement de l’UTD », en référence à un homme politique français de gauche aux principes et convictions affirmés.

Les choix politiques  de Edem Kodjo étaient faits très souvent de façon solitaire, presque jamais discutés au sein du parti. Lui,  s’inscrivait plus dans le court terme, alors que je suis par contre  porté sur le long terme.

Cette différence d’approche et de perception de la politique fut à l’origine de ma première offre de démission, à la veille de  la convocation de la conférence nationale souveraine. Mon offre fut rejetée, mais ce ne fut que partie remise !

Zeus Ajavon et Hyppolite Kuévi, ancien directeur du port autonome de Lomé, s’en souviennent encore, très certainement.

Deux fois premier ministre sous le père et le fils Gnassingbé, il n’aura pas pu ou su saisir sa chance pour enfin, se réhabiliter auprès de ses compatriotes ! Il n’aura finalement réussi qu’à consolider un régime odieux et abject !

Au moment où il va frapper aux portes de l’éternité, il nous laisse un sentiment de gâchis.

A sa famille et à tous ceux qui l’ont aimé, nos condoléances les plus sincères !

AMS

Le 05 juin 2020

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