Une nouvelle bizarrerie, sortie tout droit des laboratoires de la « ouattarandie » : le dialogue républicain. Qu’est-ce que ce machin ? Rien d’autre en effet, sinon de la poudre aux yeux. Une autre mascarade inventée par le régime en place, cette fois, pour masquer l’échec retentissant de la réconciliation nationale, parfum Alassane Ouattara.
Quoi de neuf sous le ciel ivoirien ? Sinon une manœuvre destinée à « mettre hors d’état de nuire » la Commission Dialogue Vérité et réconciliation (Cdvr) qui a osé se plaindre du « bulldozer » qui efface les traces derrière elle. Une commission qui ne pensait pas si bien signer son arrêt de mort en dénonçant le sabotage de la réconciliation nationale par le régime en place. Son président monsieur Charles Konan Banny, accusé de capitulation et d’incapacité est désormais l’homme à abattre. Il aurait commis un de lèse-majesté : avoir déploré les arrestations de prétendus déstabilisateurs par le régime de monsieur Alassane Ouattara.
Ainsi donc, on enlève le blanc-bonnet, on le remplace par le bonnet-blanc et le tour est joué. C’est cela la nouvelle stratégie du pouvoir. Le dialogue républicain, en lieu et place de la Cdvr, quasiment disqualifiée. Raison officielle : faire croire à l’opinion nationale et internationale que le régime est dans la dynamique d’une quête effrénée de paix, de réconciliation et de dialogue. Paix et dialogue, des idéaux qui seraient si chers à monsieur Ouattara, nous dit-on. D’autres sources très au parfum des projets du régime, avancent que le pouvoir en place, aurait finalement reconnu que « sans un climat politique apaisé, les actions en faveur de la relance seraient gravement menacées ».
A vouloir gober la thèse du régime Ouattara, qui se découvre subitement de qualités de grandeur d’âme, on en reviendrait tout simplement à croire que le Père Noël existe. Malheureusement, les faits trahissent et confondent tous ceux qui voudraient bien accorder un iota de crédit au stratagème de ce régime aux abois. Avec un chef à l’agenda bourré de mots tels que: frapper, ingouvernable, rattraper, mélanger (ou ‘’gnagami’’, si vous voulez)…, le prix Nobel de la paix, n’est pas pour aujourd’hui. De même si ce chef lui-même, par ses écarts, trouble le processus de réconciliation nationale, ce n’est bien évidemment pas monsieur Ahoussou Jeannot, premier ministre de façade, nommé juste pour faire plaisir au Pdci, qui réussirait à colmater les fissures d’une société en pleine déliquescence. Sait-il seulement, monsieur Jeannot, que la mission à lui assignée est en réalité de porter haut l’étendard des apparences trompeuses du pouvoir qu’il croit servir ? Bien sûr, on peut l’affirmer, sans risque de se tromper, au regard de ses antécédents, lorsqu’il était encore ministre de la Justice. De plus, l’homme a désormais de quoi meubler son temps et un prétexte tout trouvé pour justifier l’argent du contribuable qui lui est reversé comme salaire.
Les faits qui trahissent
Comment compte s’y prendre le régime pour réussir son énième coup ? C’est justement là que se trouve le couac. Car entre temps, ce régime continue d’inculper les opposants. Certains le sont même pour « génocide ». Ce même régime qui dit vouloir le bonheur des populations qui ont trop souffert, continue de torturer, emprisonner, embrigader les libertés collectives et individuelles des ivoiriens. De toute évidence, un régime passé maître dans l’art de lancer les mandats d’arrêt. Un régime en contradiction avec lui-même, disant rechercher la réconciliation pendant qu’à l’ouest du pays, le génocide du peuple Wê continu et que l’expropriation des terres bat son plein. Un régime qui aura réussi au moins une chose: instaurer l’insécurité et la misère au sein des populations déjà traumatisées. En tout état de cause un régime qui dit vouloir une chose et qui agit de façon contraire en posant des actes contre-nature.
Non, dans de telles circonstances, ce ne sont évidemment, ni le dialogue, encore moins, la paix qui sont recherchés. Il s’agit ici de livrer l’opposition, notamment le Fpi à la vindicte populaire, si éventuellement ce parti se refuse à mouiller dans des arrangements saugrenus. Il s’agit non plus, de détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale des problèmes de fond : à savoir, des opposants inculpés pour génocide pendant que les réels génocidaires sont promus ; Laurent Gbagbo élément incontournable pour la réconciliation et la paix en Côte d’Ivoire, injustement maintenu en prison ; des milliers d’exilés séparés de leur terre natale. Dans de telles conditions, la pilule réconciliation-et-paix reste et demeure difficile à avaler. C’est pourquoi, pesant nos mots, nous déclarons, notamment à l’endroit de certains esprits stickés « anti-Gbagbo », cette dure mais claire réalité: sans Laurent Gbagbo, tenter de raccommoder les fractures sociales, par des subterfuges puérils, ne peut être qu’une solution d’ores et déjà vouée à l’échec. Se soustraire à cette idée, c’est tout simplement, pour le pouvoir en place, persister dans sa détermination à amuser la galerie.
Alors, permettons-nous d’insister : toute rencontre opposition-pouvoir, tout tête-à-tête premier ministre-responsables de partis ou tout dialogue républicain – appelez cela comme vous voulez – doit faire place aux actes concrets et non aux verbiages inutiles. Ne vous y trompez surtout pas, on ne recherche pas la paix, le cœur plein de haine, de rancune et de vengeance. De même qu’on ne saurait prétendre nouer la paix avec son voisin pendant qu’on détient en otage les enfants, la femme et les de ce dernier. On ne demande pas à son prochain de se renier ou de vendre son âme au diable parce qu’on a le pouvoir d’égorger et de massacrer sans état d’âme. On ne traine pas de force sa victime devant les média par ce qu’on veut avoir une bonne image de soi et juste pour faire croire que la paix est enfin revenue. Non, cela est contraire à l’idée que l’on puisse se faire d’une cohésion sociale réussie.
Ainsi, tant que prospèra l’idée que le camp qui a « perdu » doit se soumettre au camp des plus violents et qu’il doit, contre son gré, accepter toutes les humiliations, tant que les problèmes de fonds seront ignorés, cette chose appelée dialogue républicain, ne restera qu’une poudre jetée aux yeux des ivoiriens.
Marc Micael La Riposte