Des centaines d’activistes, de syndicalistes, de journalistes surtout y sont pris en main
Ces 25 mai, la presse africaine reprenait massivement un « sondage » qui affirmait que « 73% des Africains sont favorables à une limitation à 2 du nombre de mandats présidentiels ». Un sondage qui tombe à pic pour justifier la politique de changements de régime planifiée par Washington en Afrique. Une information qui va sans aucun doute contribuer à la déstabilisation des états visés par l’administration Obama et relancer l’agitation dans ceux déjà touchés (dont le Burundi au cœur du sondage).
La dépêche largement reprise dans tous les médias africains précisait ce qui suit : « Une enquête publiée le 25 mai par le consortium d’instituts de sondages Afrobarometer a révélé que 73% des Africains sont favorables à une limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Ce chiffre est le résultat de la compilation d’une série de sondages qui ont eu lieu dans une trentaine de pays du continent depuis 2011 ». Info reprise pour argent comptant par des centaines de médias et de journalistes, sans aucun recul, sans aucune critique, sans aucune vérification, sans aucune préoccupation sur le fait que le standard des « deux mandats » est précisément celui des USA. Pas un ne s’est demandé qui avait publié ces « sondages », qui se cachait derrière cet « Afrobarometer ». Nous allons le faire pour eux !
UNE VASTE OPERATION DE DESTABILISATION DE L’AFRIQUE DECIDEE A WASHINGTON EN AOUT 2014
Mais faisons un détour indispensable pour comprendre.
Début Août 201 à Washington se tenait le « Sommet USA-African Leaders » sur invitation d’Obama. Un piège tendu aux chefs d’état africains. Obama et Kerry y annoncent une vague de changements de régimes en Afrique (1), désignant même 13 chefs d’état. Le modèle : le soi-disant « printemps arabe ». Le but : recoloniser l’Afrique au profit des USA (2), en liaison avec le travail de prise en main des armées africaines par l’AFRICOM (créé par Bush II en 2007), le Commandement US pour l’Afrique.
Au même moment, se tenait aussi à Washington un « sommet alternatif » (3) organisé par un organisme d’état US (créé par Ronald Reagan), financé sur le budget américain, la NED, que certains analystes qualifient de « vitrine légale de la CIA ». En collaboration avec une de ses filiales, la NDI (lui aussi un organisme d’état US, financé sur le budget américain), l’USAID, l’Open Society de Soros et un ensemble d’ONG et médias que l’on retrouve depuis 15 ans dans les « révolutions de couleur » en Eurasie et le « printemps arabe ». Des centaines d’activistes, de syndicalistes, de journalistes surtout y sont pris en main.
Car pas de « révolution de couleur » sans une intense préparation médiatique, à la fois au niveau du pays déstabilisé, mais aussi international. Ici soutien dans les autres pays africains. Support dans les grandes capitales occidentales. Rapidement les groupes de jeunes activistes sont organisés, sur le modèle des Serbes dOTPOR/CANVAS (les tombeurs de Milosevic en 2000, la première des révolutions de couleur). Et tout aussi vite la conformisation de la presse africaine est mise en place, d’autant plus facilement qu’un vaste réseau dONG, Instituts et médias existe déjà. Soutenu, financé, organisé à la fois par les Réseau Soros et la NED et ses pseudopodes. Voici le décor planté.
AFROBAROMETER DANS LA GALAXIE DE SOROS ET DE LA NED
Afrobarometer se présente sur son site comme « un projet d’enquête et de recherche, non partisan, dirigé en Afrique, qui mesure les attitudes des citoyens sur la démocratie et la gouvernance, l’économie, la société civile, et d’autres sujets ».
En fait, Afrobarometer est directement lié à une Galaxie d’ONG, d’instituts, de fondations, dont les pôles sont les Réseaux Soros et la NED, contrôlée par Washington.
L’histoire d’Afrobarometer commence en 1999 : « Trois projets indépendants de recherche, conduit par le Dr Michael Bratton, le Dr Robert Mattes, et le Dr Emmanuel Gyimah-Boadi, ont été fusionné pour créer Afrobaromètre. Les trois principaux partenaires d’Afrobaromètre sont: Michigan State University (MSU), Institute for Democracy in South Africa (IDASA), et le Center for Democratic Development in Ghana (CDD-Ghana). »
Quelques exemples sont plus parlant que de longs discours.
Parmi les fondateurs, dirigeants ou experts d’Afrobarometer, on retrouve Michael Bratton est lié à l’USAID, Robert Mattes est lié à la NED, lIDASA est lié à la Soros Founation, le CDD-Ghana appartient aux mêmes réseaux.
* Qui est Michael Bratton ?
Il est américain, professeur émérite en science politique et en études africaines à l’Université d’État de Michigan (MSU). Il a travaillé comme consultant pour la Banque Mondiale, le Programme de Développement des Nations Unies, l’USAID, et d’autres bailleurs de fonds internationaux ainsi que des ONGs. Il est co-fondateur et ancien directeur exécutif d’Afrobaromètre et maintenant joue le rôle de conseiller principal.
Il est aussi « Research Council Member » de la NED (4).
* Qui est Robert Mattes ?
Il est professeur de science politique et directeur de l’Unité de Recherche sur la Démocratie en Afrique dans le Centre de Recherche en Sciences Sociales à l’Université de Cape Town. Il est également co-fondateur d’Afrobaromètre.
Nommé en l’honneur de deux des principaux fondateurs de la NED, l’ancien président Ronald Reagan et lex Congressman Dante Fascell, le programme boursier REAGAN-FASCELL DEMOCRACY FELLOWS PROGRAM a été créé en 2001 par le Congrès américain « pour activer la démocratie, les militants, les décideurs, les universitaires et les journalistes du monde entier, afin d’approfondir leur compréhension de la démocratie et de renforcer leur capacité à promouvoir un changement démocratique. Les Bourses Reagan-Fascell sont généralement de cinq mois dans la durée et se concentrent sur les aspects politiques, sociaux, économiques, juridiques, culturels ou de développement démocratique.
En 2004-2005, le REAGAN-FASCELL DEMOCRACY FELLOWS PROGRAM a accueilli des militants, des journalistes et des universitaires de toutes les régions du globe, y compris l’Australie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Tchétchénie, la Chine, l’Equateur, le Kirghizistan, le Malawi, le Monténégro, le Nigeria, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, le Tadjikistan, la Turquie et les Etats-Unis. Grâce à ses efforts de sensibilisation, le programme Reagan-Fascell cherche à relier ses semblables avec les médias, la politique et les milieux universitaires à Washington DC. Le programme organise un calendrier actif de présentations publiques par les boursiers, et favorise les contacts entre les boursiers et les experts du Congrès américain, du Département d’Etat et d’autres organismes gouvernementaux, ainsi que dans les universités, les think tanks et les organisations des médias ». En Mars-Juillet 2005, Robert Mattes est l’hôte du programme de formation continue de la NED. Le 17 Juin 2005, Mattes présente une conférence publique à la NED, intitulée «La démocratie sans le peuple: Réévaluer le miracle sud-africain » (5).
* Le CDD-Ghana sur son site donne parmi 15 liens … la NED (6) !
Normal puisque la NED finance le CDD-Ghana, partenaire principal d’Afrobarometer, auquel il est lié organiquement ! Voici ce que confirme la NED sur son site : « Ghana Center for Democratic Development. $ 60,000. Pour renforcer le réseau West Africa Election Observers Network (WAEON), nouvellement créé, et renforcer la capacité de ses membres à effectuer des observations crédibles comme observateurs électoraux nationaux, CDD-Ghana organisera trois réunions sous-régionales au Libéria, au Sénégal et au Mali pour discuter des prochaines élections, familiariser les membres de WAEON avec les systèmes électoraux en Afrique de l’Ouest, et démontrer un soutien sous-régional pour l’observation citoyenne des élections. CDD-Ghana servira de secrétariat pour le réseau et fournira l’expertise administrative et logistique. CDD-Ghana et WAEON recevront également une assistance technique du National Democratic Institute (NDI). (7) »
* L’un des fondateurs d’Afrobaromètre, le Professeur Gyimah-Boadi « est également le directeur exécutif du Centre pour le Développement Démocratique (CDD-Ghana) à Accra. Il est professeur dans le Département de Science Politique à l’Université du Ghana-Legon et titulaire d’un doctorat de l’Université de Californie-Davis ».
Il est aussi un « Research Council Member » de la NED.
« La vaste gamme d’organismes internationaux auxquels Gyimah-Boadi a fourni des services de conseil comprend la Banque Africaine de Développement, UNECA, UNDP, DFID, USAID, GTZ/GIZ, la Banque Mondiale, et Transparency International. » (8)
IDASA, « PRINCIPAL PARTENAIRE » D’AFROBAROMETER, AU CŒUR DES RESEAUX SOROS EN AFRIQUE
La remarquable enquête « GEORGE SOROS AND SOUTH AFRICA’S ELITE TRANSITION » de Michael Barker explique comment IDASA (fermée en 2013), « principal partenaire » dAfrobarometer, a été au cœur de la stratégie d’implantation des réseaux Soros en Afrique, au départ le l’Afrique du Sud :
Extraits: «Depuis ces jours (ndla : de la lutte contre l’Apartheid), l’Institute for Democracy in South Africa (Idasa) est devenu un bénéficiaire privilégié de l’aide étrangère, l’obtention de subventions lucratives d’organismes comme l’Agence américaine pour le développement international USAID, et de plus petits mais importants financements d’organismes comme le National Endowment for Democracy (NED). Rien d’étonnant donc que cette organisation médiatrice, IDASA, ait joué un rôle clé dans le lissage de la transition de l’apartheid (…) la diffusion de l’idéologie en faveur du projet néo-libéral a continué sans relâche dans l’ère post-apartheid. Dans cette période, IDASA a des idées avancées qui semblent propager l’idée que le maintien des personnes à l’écart des véritables leviers du pouvoir, c’est-à-dire l’économie, est une bonne chose. Des exemples des rapports entretenus par IDASA et les élites libérales, en 1996 le chef de l’Institut, Wilmot James, est devenu un administrateur de la Fondation Ford (un poste qu’il a conservé jusqu’en 2008); également le dernier président de IDASA, Njabulo Ndebele, est un ancien chercheur résident de la Fondation Ford. Ndebele est également administrateur de la Fondation Nelson Mandela et il servait aussi dans la Fondation Open Society actuelle de l’Afrique du Sud aux côtés du membre du conseil (et ancien administrateur de la Fondation Rockefeller) Mamphela Ramphele. Ancien membre du conseil d’administration de la Fondation Open Society de l’Afrique du Sud, Khehla Shubane, a aidé à établir la Fondation Nelson Mandela, tout en servant de chef de la direction du commerce de la Map Foundation (…)
L’Open Society Foundation d’Afrique du Sud se trouve être au centre des entreprises de George Soros, et Soros a recruté Slabbert pour devenir le président fondateur de cette organisation quand elle a été fondée en 1993. En plus de Ramphele, deux autres membres notables du conseil d’administration de la Fondation sont l’éditeur du Financial Mail, Barney Mthombothi (qui est membre du conseil de l’Institut international de la presse de la démocratie), et Jody Kollapen, l’ancien président du principal organe des droits de l’homme de l’Afrique du Sud, la Commission des droits. Incidemment, Kollapen était un membre du conseil de IDASA et le président de son Centre de ressources juridiques. Le Juge Fikile Bam, un ancien membre du conseil d’administration de la Fondation Open Society de l’Afrique du Sud, a servi en tant que directeur du Centre de ressources juridiques à Port Elizabeth en 1985, et est actuellement membre du conseil d’administration du Centre de développement de l’entreprise, un think tank qui met l’accent sur « les questions de développement et de leur relation à la croissance économique et la consolidation démocratique», qui a reçu une subvention de la NED en 2006. »
De l’Afrique du Sud, la grande ombre de Soros s’étendra sur toute l’Afrique. Suivons toujours Michael Barker : «En 1997, George Soros a l’intention d’étendre ses ambitions en Afrique, et part de la Fondation Open Society pour l’Afrique du Sud pour aller travailler dans dix pays d’Afrique australe, et encore Slabbert l’a aidé à mettre en place son dernier géant philanthropique. Le vice-président actuel de cette fondation est l’épouse de Max Sisulu, Elinor Sisulu, qui est la porte-parole et le directeur du bureau de la Zimbabwe Crisis Coalition, financée par la NED, à Johannesburg, dont elle a contribué à létablissement en 2004. En outre, Reginald Matchaba-Hove, l’ancien président de la Fondation Open Society pour l’Afrique australe, est membre du comité de direction du Mouvement mondial de la NED pour la démocratie (aux côtés du directeur exécutif d’IDASA, Paul Graham), et il est le président du Zimbabwe Election Support Network, soutenu par la NED. Deux autres membres du conseil de la fondation de la démocratie, liée à la NED, de Soros comprennent Godfrey Kanyenze, qui a servi pendant une longue période, comme directeur de la Zimbabwe Congress of Trade-Unions, financée par la NED, et Immaculée Birhaheka, (…) qui était le gagnant du Prix 2006 de la démocratie de la NED et est le co-fondateur et président de la Fondation Appui aux Initiatives des femmes, financée par la NED (…) Un membre particulièrement importante du conseil consultatif de la Fondation Free Africa est le théoricien « de la promotion de la démocratie » Larry Diamond, qui est membre du conseil d’administration du Bureau américain des amis d’ IDASA, et est co-directeur du Forum international pour les études démocratiques de la NED. »
PARLONS ARGENT. QUI FINANCE L’AFROBAROMETER ?
Sur son site, Afrobarometer explique sans vergogne qui sont ses financiers officiels : « Pour nous aider à atteindre notre objectif, nous sommes financés par les organisations et institutions ci-dessous » (9).
« Les principaux donateurs pour les séries 5 et 6 d’Afrobaromètre comprennent » :
•Mo Ibrahim Foundation
•Swedish International Development Cooperation Agency (SIDA). Que l’on retrouve dans les attaques (sur les ventes de pétrole) contre le gouvernement de Guinée Equatoriale, du Cameroun et du Tchad.
•Department for International Development (DFID) (Royaume-Uni)
•United States Agency for International Development (USAID) (que lon retrouve dans le financement de la plupart des révolutions de couleur)
•Banque Mondiale
« Des financements supplémentaires sont fournis par » :
•Institute for Security Studies (Afrique du Sud)
•United States Institute of Peace
•Transparency International Que l’on retrouve dans les attaques contre le gouvernement de Guinée Equatoriale.
•Bill & Melinda Gates Foundation
Voilà. Vous savez maintenant ce qu’est Afrobarometer.
Plus un journaliste africain ne pourra dire “je ne savais pas”. Voici les manipulateurs de foules en détresse et les spécialistes des changements de régime qui sont derrière Afrobarometer et ses forts opportuns « sondages » …
Luc MICHEL pour PANAFRICOM