Laisser entendre que les journalistes s’entendent, coopèrent en toute harmonie, ce n’est pas vrai. Une analyse des interactions entre journalistes appartenant ou non à un même espace social journalistique le prouve. Dans le traitement de L’‘affaire Belinga,’ ils torpillent les faits, violent les récits, étouffent et cachent la vérité ou la rendent flatteuse et mielleuse pour leurs lecteurs ou employeurs—le patron de presse ou la personne externe qui commande le papier-lyncheur. De ce fait, pas de mur de solidarité pour lui. Il est le coupable indiqué selon un certain canon.
Condamné sans être jugé
Interpellé au petit matin du 6 février, plus besoin d’investigations selon l’entendement des ‘antiBelinga.’ L’enquête peut être bouclée et la page Martinez tournée. Ce verdict sans instruction renseigne sur une chose. Les ‘antiBelinga’ ne cherchent pas à rendre justice à Martinez, mais à assouvir leur haine de Amougou. Sur ce, une question s’impose et ‘L’Activateur,’ (7 février) la pose. ‘Entre les assassins de Martinez Zogo et Amougou Belinga, qui recherchez-vous au juste?’ Le clou de cette question se justifie dans la mesure où, d’un côté, les enquêtes recommandées par le chef d’Etat, ‘sont en cours pour retrouver les vrais coupables du crime crapuleux contre l’homme des media’, et de l’autre, Amougou ‘jouit encore de la présomption d’innocence’ (‘L’Activateur,’ 7 février). Néanmoins, certains ont activé le semi-vrai, le faux, l’absurde, pour tenter de le caser derrière les barreaux.
La presse physique y participe. Le sensationnel et le spectaculaire se bousculent à leur ‘une.’ Un peu comme pour le ridiculiser, des mots-forts comme mis aux ‘arrêts’ (‘La Nouvelle Expression,’ 7 février), mis en ‘cage’ (‘Le Popoli,’ 7 février), ou ‘appréhender’ (‘Emergence,’ 7 février), ou encore ‘coup de filet’ (‘Le Messager,’ 7 février), sont mis en exergue pour qualifier son interpellation. Une ‘sommation’ qui ne devrait en principe pas enflammer la presse puisque tous s’y attendaient. Pourtant, la ‘fête’ fut belle. ‘Le Popoli’ qui avait déjà pondu un fake la veille, retrouve son zèle dévastateur et rédige le scenario du ‘Pradophile’ en cage!’ Le ‘film d’une arrestation spectaculaire (‘Le Popoli,’ 7 février) —celle de Amougou Belinga. Mutations’ n’est pas en reste. Parce que ‘Le patron du groupe et trois de ses proches collaborateurs ont été interpellés et conduits au SED,’ (‘Mutations,’ 7 février), il offre à ses lecteurs un titre clownesque— L’Anecdote décapitée.’ Vœux ou simple désir de nuire, seule sa rédaction pourrait le dire. ‘Le Messager’ comme à chaque fois qu’il doit exposer un pan du ‘Groupe ‘l’Anecdote,’ ne s’est pas masturbé les méninges. Il a replâtré la ‘une’ de son édition no 6000 du 21 avril 2022. Ce jour-là, se référant à Parfait Ayissi, ex-PDG demis de ‘Vision 4 tv,’ à qui il avait ouvert ses colonnes plus par ‘stratégie-concurrentielle’ que par sympathie, il titrait, ‘l’anecdote de ma vie.’ Aujourd’hui, c’est ‘l’anecdote d’un coup de filet…’ (7 février). Ces titres et commentaires à la fois provocateurs et jouissifs, font la joie de tous ceux comme ‘La Nouvelle Expression’ seraient heureux de voir ‘Amougou Belinga aux arrêts’ (‘La Nouvelle Expression’ 4 février). ‘Cameroon Tribune’ et ‘Emergence’ du 7 février ont un même titre décliné en trois mots—‘Amougou Belinga interpellé.’ Titre qui décrit parfaitement l’événement.
Les lignes fortes qui définissent l’ensemble des media sont résumées avec professionnalisme par ‘Cameroon Tribune.’ Il écrit, ‘le président du Groupe ‘l’Anecdote’ a été conduit hier matin au Groupement de Gendarmerie Territoriale du Mfoundi. Deux de ses collaborateurs ont également été pris. De sources sécuritaires, cette opération se situe dans le cadre de l’enquête mixte prescrite par le Chef de l’Etat en vue de faire la lumière sur l’assassinat du chef de chaîne de la radio Amplitude FM.’
Seuls dans les vagues
Le ‘déferlement [de haine]savamment orchestré sur la toile’ (‘L’Activateur,’ 7 février) et dans les media traditionnels contre Amougou Belinga, ‘pourvoyeur d’emplois décents, créateur de richesses, et animé d’une ambition pour le développement du Cameroun,’ (‘Panel Hebdo,’ 30 janvier) fait de lui un être abominable, détestable, et répugnant. Pire, depuis ‘le macabre assassinat de Martinez Zogo’ (‘L’Indépendant,’ 6 février), il est devenu ‘l’homme à abattre’ (‘L’Indépendant,’ 6 février). Et ses confrères semblent presser de le voir ‘crever.’
Le clap du ‘film de son arrestation’ (‘Le Popoli,’ 3 février), qui par ailleurs était une fausse information venue des réseaux sociaux est donné à ‘22h00’ par ‘Le Popoli’ (3 février) avec pour titre ‘La fin du Zomloa!’ Ce 3, ‘le jour’ affiche côte-à-côte à sa ‘une,’ les photos de Martinez Zogo et Amougou Belinga. Ce montage semble ne pas être innocent. Il enverrait un message à l’opinion—qui pourrait l’interpréter comme si l’un était ou serait la victime ou l’assassin de l’autre. Les pans de mensonge sur l’arrestation des prétendus assassins de Zogo sont également publiés par ‘Investig Infos,’ et ‘The Guardian Post.’ ‘Suspected killers of Martinez Zogo arrested.’ ‘But government conceals identity of arrested suspects, says others on the run’ (3 février). Et ‘aucun n’échappera’ (‘Mutations,’ 3 février). Ce ‘aucun’ se référerait à Amougou Belinga.
Criminaliser la réussite
‘Pourquoi tant de haine envers ce patriote?’ (‘Panel Hebdo,’ 30 janvier). La ‘Campagne de déstabilisation’ (‘Reporter Hebdo,’ 6 février) de ce ‘magnat des media camerounais, président du consortium ‘l’Anecdote’ étrangement et depuis fort longtemps, persécuté par une meute d’aigris, de jaloux et d’antipatriotes, manipulés par les forces occultes du pays’ (‘Panel Hebdo,’ 30 janvier), fait penser qu’il est ‘condamné par la haine au faciès’ (‘Reporter Hebdo,’ 6 février).
Le bannissement de Amougou Belinga soutenu à la fois par la presse traditionnelle et les ‘web-activistes appelés à la rescousse dans une campagne de démolition savamment huilée pour jeter aux orties cet investisseur et créateur de richesses qui, parti de rien, concentre à la fois toutes les frustrations, les fantasmes et les passions d’une société qui criminalise la réussite’ (‘L’Indépendant,’ 6 février), ne va pas s’arrêter de sitôt. Mais ne pourra pas ruiner son empire.
Feumba Samen