Le Togo est devenu ce pays où les soi-disant dirigeants savent qu´ils sont mauvais, qu´ils font du mal, trop de mal à leur peuple; qu´ils sont haïs par ce peuple impuissant mais battant. Au Togo personne ne se cache plus pour dire que nous avons affaire à une dictature militaro-clanique dont les animateurs et les profiteurs se recrutent dans tous les coins de notre pays. Quand Faure Gnassingbé compte sur son armée presque familiale, donc sur la force, pour faire falsifier les résultats des élections présidentielles en sa faveur et se maintenir vaille que vaille au pouvoir, il n´est pas le seul profiteur. En dehors des membres de son entourage traditionnel dont la caractéristique principale est la méchanceté contre le peuple, il y a surtout de dangereuses sangsues de toutes sortes, qui gravitent autour: journalistes alimentaires, laudateurs d´un système politique suranné; toujours prêts à faire les cons pour avoir du foin. Toujours prompts à justifier les assassinats politiques et toutes les autres retombées négatives de la dictature.
Après avoir lu les circonstances politiques qui ont cours dans un tel pays comme le Togo, pour tout être humain, doté de toutes ses facultés mentales, les premières réactions doivent être la colère et la soif d´en savoir plus. Et quand on en sait plus sur le drame qui se joue dans ce pays aussi mal en point, on pense immédiatement à l´éventualité de l´existence d´une opposition qui aurait toutes les peines du monde pour se faire entendre. La solution pour une telle opposition serait une union sacrée pour arriver à bout d´un tel régime qui ne connaît que le langage de la force. Mais ce qui se passe dans notre pays du côté de l´opposition en termes de lutte pour la libération laisse tout observateur ébahi.
Nous sommes en 2020, et le mois de février est choisi pour les Présidentielles. Pour le régime de dictature, une formalité; parce que, malgré son impopularité et ayant rejeté tout processus normal pour améliorer les conditions pour un scrutin présidentiel digne de ce nom, il peut compter sur les institutions aux ordres et sur une armée familiale. Depuis l´éclatement de la C14 dans les conditions qu´on connaît, entre les leaders de beaucoup de formations politiques ce n´est plus la grande amitié. Monseigneur Fanoko Kpodzro entre dans la danse pour essayer de recoller les morceaux et d´amener les uns et les autres à la raison. D´où naquit l´idée de présenter un candidat unique de l´opposition. Et tout le monde connaît l´histoire qui a amené à la création de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), constituée de quelques partis politiques qui ont décidé de soutenir Messan Agbéyomé Kodjo à la Présidentielle de février 2020.
L´implication du prélat auprès du candidat de la dynamique portant son nom est l´élément catalyseur qui est à la base de la surprise créée par Agbéyomé Kodjo en remportant largement la victoire. Sans Monseigneur Kpodzro, sans la dynamique, le candidat du MPDD n´aurait pas fait le poids et aurait obtenu un minable score. Ces attaques infondées contre le vieux prélat auraient-elles eu lieu, si c´était ceux qui aujourd´hui envoient ces flèches empoisonnées, qui avaient été choisis comme candidat unique? Comment peut-on accuser quelqu´un qui a pu conduire un candidat sur lequel personne ne pariait un seul centime à la victoire, d´avoir semé le bordel au cours de la présidentielle de février 2020? En quoi la victoire de Agbéyomé Kodjo et sa résistance aujourd´hui pour récupérer le pouvoir qui lui revient de droit peuvent-elles constituer un chaos? Monseigneur Fanoko Kpodzro ne pourrait être comparé à un loup religieux qui aurait été invité par les brebis elles-mêmes pour se faire dévorer. Certes, chacun est libre d´apprécier ou de critiquer la manière dont Agbéyomé mène son combat. Sinon nous trouvons que les brebis de l´opposition togolaise devraient s´en prendre à elles-mêmes.
Vouloir désigner aujourd´hui le prélat comme le bouc émissaire des échecs d´une opposition togolaise durant les trente dernières années est malhonnête. Au lieu de faire notre auto-critique et reconnaître nos failles qui ont conduit à la situation actuelle, on préfère reporter nos fautes et nos incohérences sur les autres. Quant à notre modeste personne, notre soutien à la Dynamique Monseigneur Kpodzro est la suite logique de notre soutien à Gilchrist Olympio en 1998, à Bob Akitani en 2005, à Jean-Pierre Fabre en 2010 et 2015. Tout regroupement sérieux, organisé de l´opposition togolaise avait toujours eu notre soutien depuis le début de la démocratisation sans considération tribale, ni ethnique. Et notre soutien au candidat de la Dynamique Kpodzro, cette fois-ci encore, ne nous pas trahi; et ce ne sont pas les électeurs qui ont largement plébiscité Agbéyomé Kodjo le 22 février 2020 qui nous démentiront.
Nous ne pouvons pas accepter qu´au moment où toute l´Afrique parle d´union de tous les démocrates africains pour venir à bout de la dangereuse coalition des Chefs d´État contre leurs populations, on fustige le slogan de Tchèkpo du Professeur Léopold Gnininvi « Démocratie d´abord, multipartisme après », comme étant le point de départ de l´idée de la candidature unique que, selon eux, l´opposition togolaise devrait enterrer définivement. Que vaut un parti politique seul, quel que soit son poids, sous un régime de dictature comme celui que nous connaissons au Togo? L´idée de candidature unique n´est pas forcément mauvaise en soi. Elle n´est pas un moyen d´élimination du meilleur. Mais elle a des exigences: le sacrifice de soi, le renoncement, la sincérité, le respect des autres formations politiques, aussi petites soient-elles et non l´arrogance.
Pour terminer nous persistons et signons: nous sommes et serons aux côtés de la Dynamique Monseigneur Kpodzro aussi longtemps qu´elle aura besoin de notre modeste contribution pour nous battre pour la vérité des urnes. Il faut que cette méthode de voyous adoptée par ce régime d´un autre âge pour bloquer l´alternance dans notre pays prenne fin. Et c´est une position que devrait adopter tout opposant sérieux, à moins que certains ne se soient engagés depuis des decennies pour une finalité autre que celle de la libération du Togo.
Samari Tchadjobo
27 septembre 2020
Allemagne