CPI Côte-d’Ivoire: Le témoin de Bensouda accuse « la communauté internationale » d’avoir tué des innocent

0

La défense de Laurent Gbagbo a commencé à interroger le témoin ce lundi 21 novembre [suivie de celle de Blé Goudé ce mardi]à la Cour pénale internationale. « Junior Gbagbo », ancien combattant libérien, a raconté les bombardements contre la résidence présidentielle en avril 2011, accusant la communauté internationale d’avoir tué de nombreux innocents.

Point par point, la défense de Laurent Gbagbo est revenue sur les déclarations du témoin faites la semaine dernière devant la Cour. Jérôme Tarlue Junior, ancien combattant des forces libériennes Lima, a de nouveau raconté toute son histoire, de sa fuite vers la Côte d’Ivoire en 1990 à la crise postélectorale de 2011. Andreas O’Shea, l’un des avocats de l’accusé, a interrogé le témoin sur les forces en présence lors de la guerre au Libéria puis lors du conflit ivoirien de 2002. L’ex-combattant n’en a pas dit beaucoup plus mais a donné quelques informations sur la rébellion qu’il combattait aux côtés des forces régulières ivoiriennes dans l’ouest du pays. Le témoin a notamment évoqué les chefs rebelles, dont Sam Bockari, surnommé « Mosquito » et décrit les combats contre des ennemis lourdement armés et nombreux, assistés par des forces extérieures, notamment des combattants burkinabé.

Crise de confiance au sein des armées

Les questions ont finalement portées sur la crise postélectorale de 2010-2011, lors de laquelle le témoin résidait à Abidjan. Une nouvelle fois, « Junior Gbagbo » a expliqué comment il avait rejoint la résidence présidentielle, environ quatre mois avant l’arrestation de Laurent Gbagbo. « C’est Dieu qui nous a sauvé pour arriver à la résidence », a-t-il déclaré. Assurant la Cour de sa fidélité envers l’ancien président, l’ex-combattant a ensuite évoqué la crise de confiance au sein même des forces armées à cette période, expliquant qu’« on ne savait pas à qui faire confiance ». Le témoin a notamment insisté sur le rôle trouble de Séka Séka, le garde du corps de Simone Gbagbo, sous les ordres duquel auraient travaillé les combattants libériens à l’époque.

Séka Séka les auraient ainsi conduit dans une mission périlleuse, au niveau de Petroci, où les Libériens ont été violemment attaqués. « Il nous a quitté, je n’arrivais pas à le joindre. Nous avons perdu cinq hommes, j’étais très fâché », a avoué « Junior Gbagbo », expliquant qu’il ne « faisait pas confiance » à Séka Séka. « C’est grâce à des personnes comme nous que le président est toujours en vie », a répété à plusieurs reprises le témoin, insistant sur « le courage » et « la fidélité » sans faille des combattants libériens envers Laurent Gbagbo.

La communauté internationale, partie prenante de la crise post-électorale

Jérôme Tarlue Junior a ensuite raconté comment l’ancien président avait été isolé lors de la crise postélectorale, ses communications destinées à la population étant interceptées et bloquées par la communauté internationale. « Tout ce qu’il disait de bon, personne ne pouvait l’entendre », a déploré « Junior Gbagbo », précisant que les messages d’Alassane Ouattara étaient par contre relayés à la radio.

Visiblement remonté, le témoin en a ensuite profité pour se livrer à une violente diatribe contre la communauté internationale, dénonçant les abus auxquels s’étaient livrés « les Blancs » lors de cette crise. « Junior Gbagbo » a notamment parlé des Snipers et des bombardements intensifs sur la résidence avant l’arrestation de l’ancien président. Selon ses dires, cinq hélicoptères des forces françaises et de l’ONU ont bombardé les lieux sans relâche, causant la mort de nombreuses personnes. « La communauté internationale qui prétend défendre le droit humanitaire n’a jamais montré une seule photo des personnes tuées dans la résidence de Gbagbo », s’est énervé le témoin, « ce n’était pas la peine de tuer des innocents ». « Junior Gbagbo » a ensuite dénoncé le « double-jeu » de la communauté internationale. Celle-ci aurait manipulé des images pour faire croire que les pro-Ouattara avaient eux-mêmes arrêté Laurent Gbagbo. « Je suis peut-être un homme mort mais je suis ici pour dire la vérité », a lancé Jérôme Tarlue Junior, s’insurgeant contre « l’interférence des Blancs » dans les affaires africaines. « Vous n’êtes pas ici pour parler politique », a finalement coupé le président.

Camille Dubruelh

 Ivoirejustice.net

 

 

Partager

Laisser une réponse