Des élections législatives sont annoncées en grande pompe en Côte d’Ivoire. D’aucuns diront qu’ils ne se sentent pas concernés par cette aventure qui n’est en somme que pure distraction. Parce que, parler à nouveau, dans le contexte actuel, d’élections dans ce pays sinistré, c’est aussi soulever l’épineuse question qui divise encore bons nombre d’ivoiriens : « Qui a remporté l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire ? »
Pour mémoire, sachons qu’il y a bientôt un an déjà que la Côte d’Ivoire organisait des élections présidentielles. Des élections censées la sortir de la grave crise qu’elle traverse depuis plus d’une décennie. Seulement, en lieu et place, la confusion, des douleurs et des larmes ont été servies aux ivoiriens et ce, par la volonté de mains obscurs aux antipodes des aspirations véritables du peuple ivoirien. Dans le désordre surréaliste savamment orchestré, deux hommes ont prêté serment au titre de présidents élus de la république de Côte d’Ivoire. « Du jamais vu », titraient les journaux nationaux et internationaux à leur une : « un pays, deux présidents ». Mais rassurez-vous, à côté du faux, il y a toujours du vrai. Si le mensonge est là, c’est qu’il existe à côté, la vérité.
Et l’usurpateur, tout comme le légitime, avaient leurs partisans: dans chaque camp, des hommes et des femmes convaincus de la victoire de leur champion. Pourtant, l’on aurait pu régler ce contentieux, comme on aurait réglé une affaire ordinaire, mettant en jeu des hommes civilisés. Ces hommes civilisés auraient saisi la justice, et chacun, devant un jury aurait plaidé sa cause. Et le jury à son tour, après les délibérations, aurait rendu son verdict, et le juge, sur la base des délibérations aurait désigné qui des deux protagonistes a raison ou tort. Bien entendu ce schéma, qui n’est qu’une illustration, s’applique à des gens soucieux de préserver l’intérêt national et désireux de faire triompher la justice et le droit. Mais hélas, ceux qui se sentaient morveux ne se sont pas fait prier pour se moucher, et de la plus triste des manières. De peur de voir leur forfaiture dévoilée, ces imposteurs ont cru devoir s’imposer aux ivoiriens par la seule force de leurs armes, avec une violence inouïe. Rappelons-nous, lorsque l’Union Africaine, dans sa fuite en avant sur le dossier ivoirien, recommandait à Alassane Ouattara d’aller se faire investir par le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire. Croyez-vous que ce monsieur se soit préoccupé un seul instant du bain de sang que son attitude de va-t-en guerre faisait courir à ce pays ? Au début, ce fut le commando invisible qui endeuilla la nation. Leurs cibles privilégiées : policiers et gendarmes, pris au dépourvu et sauvagement assassinés. Puis entra dans la danse, les soldats de l’onuci, à travers leur appui technique et logistique aux assaillants. L’armée française, la Licorne, quant à elle occupa les zones stratégiques de la ville d’Abidjan et fit nuitamment entrer sur le sol ivoirien, armes lourdes de tous genres et des soldats venus des autres bases militaires françaises d’Afrique. La suite tout le monde la connait.
Huit mois après, la question que nous ne cesserons de poser à Sarkozy, Alassane Ouattara, Obama et consorts, est la suivante : « Et maintenant, croyez-vous que Monsieur Alassane Ouattara soit en mesure de gouverner pacifiquement et souverainement ce pays ou voulez-vous insinuer que vous pouvez vaincre les ivoiriens sans les convaincre» ?
Dans la même veine, Alassane Ouattara aussitôt assis dans le fauteuil présidentiel s’est empressé de lancer une opération dite de : « recherche de caches d’armes », car n’ignorant certainement pas ce dicton selon lequel « celui qui règne par les armes, périra par les armes ». Il mit alors en branle toute sa bande hétéroclite qui lui sert d’armée, afin de rechercher et trouver ces fameuses armes qu’auraient dissimulées les partisans de Gbagbo. Cette opération qui n’était rien d’autre qu’un prolongement de la traque aux pro-Gbagbo dans nos villages et hameaux, connue son corollaire de dérives tribales, de dérapages et de tueries systématiques de jeunes gens supposés avoir combattu aux côtés des forces loyalistes au président Gbagbo. Car ce qu’il faut savoir, c’est qu’en Côte d’Ivoire, la détention des armes à feu, revient exclusivement aux ‘’vainqueurs’’ (sans gloire) de la guerre postélectorale. Les armes sont une affaire de milice Dozos (chasseurs traditionnelles) et des rebelles FRCI au grand dam des policiers, gendarmes et militaires (ex-FDS), pourtant qualifiés à porter et utiliser ces armes.
Aujourd’hui, nous sommes en effet loin des heures chaudes où des obus et des mortiers franco-rebelles pleuvaient sur Abidjan et sur la résidence du président Gbagbo. Les armes ayant finalement montré leurs limites. Le pays est toujours en crise. Les nouvelles autorités, malgré elles, doivent à présent faire face à l’aspect civil de cette crise. Celle qui préconise que les problèmes politiques soient réglés dans un cadre purement politique et démocratique.
Pour tous ceux s’insurgent contre le coup d’état qui a vu l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, c’est une nouvelle opportunité qui s’ouvre. Dans cette perspective, quelle stratégie adopter face à des hommes qui ne savent qu’utiliser la violence, les menaces et à la fourberie comme armes dans l’arène politique ? En effet, il nous faut y répondre à notre tour avec nos propres armes, étant entendu qu’une arme est un instrument d’attaque mais aussi de défense, de peur de se voir proprement « écraser » par Ouattara.
Et des armes, nous en avons, en quantité suffisante. Plus efficaces que celles des FRCI, Onuci et forces françaises Licorne réunies. Avec ces armes nous pouvons défaire ce pouvoir vacillant, jusqu’à sa chute brutale. Ouattara pense t-il avoir vaincu et désarmé les ivoiriens? Eh bien qu’il se détrompe ! Car nous avons de ces armes-là qu’on ne peut nous arracher. Des armes qui n’ont pas besoin de munitions, qui ne peuvent ni s’enrayer, ni souffrir d’aucun défaut. Les seules armes capables de convaincre le peuple ivoirien car en adéquation avec ses aspirations les plus profondes. Ce peuple qui au fil du temps a pris conscience de notre destin commun, à savoir la préservation de sa liberté et de son indépendance. Des notions qui certes semblent devenir évasifs et insaisissables pour certains de nos compatriotes perdus dans une profonde léthargie. C’est pourtant dans ces notions fortes que nous tirons nos armes. Ce sont elles qui doivent sous-tendre notre combat en tout temps. C’est bien pour ces notions d’affirmation de sa souveraineté qu’elle a voulu traduire en actes concrets que la Côte d’Ivoire s’est vue attaquée par des forces étrangères avec la complicité de certains de ses fils corrompus.
Dans cette lutte sans merci, mettant en jeu la survie même de la nation ivoirienne, le pays n’appelle que les fiers ivoiriens sur qui elle peut compter. Non pas ces félons qui, pas assez convaincus, sont mû par cette propension à fuir le bateau lorsque celui-ci semble prendre de l’eau de tous parts. C’est à cette mobilisation sans faille que nous appelons tous les ivoiriens. Une guerre sur le terrain politique, sans passion ni fuite en avant. Dans un pays qui croule sous le poids de prisonniers politiques, qui vit au rythme effréné d’arrestations arbitraires et d’emprisonnements d’hommes politiques et de journalistes, qui fait du projet de rapatriement musclé des exilés politiques son cheval de bataille, qui initie l’omerta comme principale politique interne…, il est temps de se mettre en ordre de bataille. Les uns solidement soudés aux autres pour faire échec à cette imposture qui n’a que trop durée.
Marc Micael