Des réflexions élaborées. Une conscience de soi. Une confiance en soi. Des relations socio-politiques complexes. Une grande capacité de résolution de problèmes. Une capacite d’aller vers les problèmes pour arracher les solutions. Voilà certains des caractères qui définissent l’intelligence politique du Président Laurent Gbagbo.
Ces valeurs font du Président Gbagbo, un homme qui va toujours au-devant de son destin. Prédestination qu’il a très souvent creusée dans le roc de l’adversité. C’est ce qu’il a fait en se déplaçant le 28 Juillet 2020 à l’Ambassade de Côte d’Ivoire en Belgique pour se faire établir un ‘passeport ordinaire’ et un ‘laissez-passer.’
Pour comprendre cet acte de Gbagbo, il faudrait ramener le curseur du temps à 1990. Mais avant ça, Gbagbo vit un exil politique de six ans (1982-1988) en France. Période au cours de laquelle il fait connaître le Front Populaire Ivoirien (FPI), son parti politique, à l’international. Pendant de ce temps, il rédige avec ses amis, les textes fondateurs du FPI. Publie des ouvrages—‘La Côte d’Ivoire, Economie et société à la veille de l’indépendance’ (1982), ‘Côte d’Ivoire: Pour une alternative démocratique’ (1983); ‘Spécial Côte d’Ivoire 1960-1984’ (en col, 1984), ‘Propositions pour gouverner la Côte d’Ivoire’ (en col, 1987). Chacune de ses publications expose sa pensée politique et son projet pour une Côte d’Ivoire démocratique et prospère.
Son œuvre achevée en Europe, Gbagbo décide de rentrer. Pour Houphouët Boigny, il est ruiné et fatigué par la dure vie d’exilé. Les Français de leur côté redoute un remake de l’affaire Ben Barka. Ils veulent retarder son retour. Mais Gbagbo doit affronter son destin. Il rentre en Côte d’Ivoire le 13 Septembre 1988. En Novembre 1988 avec 19 de ses camarades dont Aboudramane Sangaré, feu Emile Boga Doudou, Simone Ehivet, et Jeannette Koudou, ils tiennent dans la clandestinité le Congrès constitutif du FPI dans une plantation à Dabou.
Profond pacifiste, reprenant la lutte politique, Gbagbo réussit à ‘cultiver’ un climat de luttes idéologiques fait de débats contradictoires. La libre-pensée et expression politique devient une ‘religion.’ un symbole de paix. Un mouvement de résistance à l’oppression fondé sur le principe de totale non-violence fait pression sur le régime du PDCI-RDA. Le 30 Avril 1990, il craque. Houphouët tremble, cède et décrète le multipartisme.
Le lendemain de la proclamation du multipartisme qui est la victoire du Président Gbagbo, il se présente à la Préfecture d’Abidjan pour légaliser son parti. En l’absence du Préfet, le Secrétaire Général se désengage à traiter ce dossier. Mis au courant des faits, le Préfet remonte l’information à Léon Konan Koffi, Ministre de l’Intérieur (1981 à 1990) de Félix Houphouët.
Konan Koffi sollicite Houphouët. Ces deux complices en 1970 dans l’assassinat de Kragbé Gnagbé—créateur du Parti Nationaliste Africain (PANA)—et le massacre des Guébié—4 000 morts, (statistiques officielles sous-estimées), qui réclamaient la reconnaissance du PANA—évitent de s’éclabousser. Alors Houphouët lui ordonne d’accorder au FPI l’autorisation d’exister et de fonctionner. Le FPI devient le premier parti d’opposition à être légalisé.
A Bruxelles, comme à chaque fois que Gbagbo poursuit son destin, il le creuse même dans un roc. Après plusieurs demandes infructueuses d’établissement d’un passeport diplomatique, auprès du Ministère des Affaires Etrangères à Abidjan, le Président Laurent Gbagbo s’est déplacé [ce 28 Juillet 2020], auprès de l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles, pour introduire une demande de passeport ordinaire et d’un laisser-passer.’ Informa Me Habiba Touré, avocate du Président Laurent Gbagbo.
Comme pour l’obtention de l’agréement du FPI, tout se bouscule. L’Ambassadeur se trouve dans la position du Préfet d’Abidjan il y a 20 ans. Il fait monter l’info à Abidjan. Tout se met en branle.
Le lendemain 29 juillet 2020 ce qui est considéré comme un Conseil des ministres traite en priori ce dossier-Gbagbo. Sidi Tiémoko Touré, porte-parole du gouvernement (?) Ouattara déclare. ‘Notre Chancellerie à Bruxelles, nous a informés de la réception d’une requête de passeport par monsieur Laurent Gbagbo et le dossier est en cours de Traitement.’ Il poursuit. ‘C’est un Ivoirien comme tout autre, il recevra ces documents après la procédure de traitement.’
Désormais, l’objectif de cet homme qui a laissé tout un peuple orphelin pendant dix ans est de les retrouver. Un voyage chargé d’Histoire, d’émotion dans un pays où il a mené de longues années de lutte pacifique. Un retour pour prôner le pardon et la réconciliation.
Puis, reprendre là où il l’avait laissé le combat pour l’indépendance de son pays, sous le joug colonial Français depuis trop longtemps.
Feumba Samen