Débat autour de la nouvelle Constitution – «Ouattara veut se succéder à lui-même parce qu’il n’a pas fini de rentabiliser son investissement», affirme Mamadou Koulibaly de Lider
Liberté et démocratie pour la République (Lider) a animé un débat public à son siège samedi pour analyser le projet de nouvelle Constitution envisagé par le chef de l’Etat. « Réforme constitutionnelle : enjeux et impératifs », c’est autour de ce thème qu’ont tourné les débats conduits par Arnaud Gohi (27 ans), délégué national Lider en charge de la Justice et de l’Etat de droit.
Intervenant en dernier ressort, Pr. Mamadou Koulibaly, président du parti a longuement expliqué les dessous de la mise en place d’une nouvelle constitution sous le régime Ouattara.
Selon l’ancien président du parlement ivoirien, Alassane Ouattara, de 1993 à 2011, c’est 18 ans d’investissement à la conquête du fauteuil présidentiel. Avec tout ce que cela comporte en termes de mobilisation de ses alliés ici et ailleurs, de financements et de mainmise sur les populations d’une grande partie du pays. Ce n’est donc pas en cinq ans encore moins en dix ans que Ouattara va rentabiliser tout cet investissement, à en croire le président de Lider. D’où sa volonté cachée de se maintenir au pouvoir en passant d’une réforme constitutionnelle dès le début à l’élaboration d’une nouvelle Constitution. « Ouattara n’a pas fini d’amortir ce qu’il a investi. S’il sort du champ politique en 2020, que deviennent toutes ses recrues de l’armée ? Qui peut garantir tout cela ? (…) La succession (à ne pas confondre avec la vacance de pouvoir, selon Koulibay) prend là tout son sens. (…) La seule personne qui peut garantir ses intérêts c’est Ouattara lui-même », a affirmé l’homme politique au bout de sa démonstration.
Commentant les propos tenus par le roi des N’zima Kotoko, Désiré Tanoé, Mamadou Koulibaly a dit qu’il faut les prendre au sérieux parce que ce roi n’est pas n’importe qui. C’est un intellectuel de haut rang, l’un des précurseurs des idées progressistes en Côte d’Ivoire. Sortir donc d’une audience avec le chef de l’Etat et tenir une telle déclaration, n’est qu’un voile levé sur la volonté réelle d’Alassane Ouattara de se maintenir au pouvoir, selon l’analyse de Koulibaly.
En décortiquant le thème du jour, Arnaud Gohi a, pour sa part, instruit l’auditoire sur les failles du régime présidentiel et répété la position de Lider sur la nouvelle Constitution. A savoir que Lider appellera à voter ‘’non’’ si le régime parlementaire n’est pas adopté.
En répondant à quelques inquiétudes des militants qui ont pris part au débat, M. Gohi a affirmé que Lider tissera des alliances politiques le moment venu mais le plus important est la sensibilisation du peuple de Côte d’Ivoire sur le danger du projet de Ouattara. « Il faut créer une volonté populaire. Le plus important c’est l’action du citoyen. Faites ce que vous avez à faire en organisation des rencontres de sensibilisation dans vos quartiers », a-t-il conseillé.
Le régime présidentiel, a-t-il soutenu est peu efficace car avec lui, le citoyen n’a pas de moyen de contrôle sur l’exécutif. Il s’est élevé contre la création d’un sénat en Côte d’Ivoire et d’un poste de vice-président qui compliquerait davantage le problème de succession, selon lui. Le sénat aux Etats-Unis, étaye-t-il, a sa place parce que ce pays est une fédération et le principe de représentation rend utile le sénat. Par contre, argumente-t-il, en Côte d’Ivoire nous avons un Etat unitaire et la création d’un sénat n’y est pas utile.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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