Près de 8 demandes de libertés provisoires introduites par le conseil du Président Gbagbo ont été tout simplement refusées en accord avec le régime de M. Ouattara
Pour que les Ivoiriens se réconcilient réellement, il y a une chose importante à faire : libérer le Président Laurent Gbagbo, le ministre Charles Blé Goudé, la première Dame Simone Gbagbo, tous les prisonniers politiques et le retour des exilés.
Sur cette condition, nous sommes tous d’accord et depuis le 11 avril 2011, les Ivoiriens sont mobilisés pour interpeler la communauté internationale, l’opinion publique nationale et internationale. Mais malgré ces interpellations, les marches, les actions diplomatiques et autres, le Président Laurent Gbagbo a été contraint à un procès.
Alors comment faire pour obtenir la libération du Président Gbagbo ne serait-ce que provisoirement pour qu’il revienne en Côte d’Ivoire en vue d’entamer un réel processus de réconciliation dont il sera lui-même acteur ?
Même si certains pays africains et même européens se sont proposé à la CPI d’accueillir le président Gbagbo pendant sa liberté provisoire, et même si la CPI elle-même pouvait en être d’accord, il n’en demeure pas moins que le gouvernement dictatorial de M. Ouattara s’y oppose farouchement. Près de 8 demandes de libertés provisoires introduites par le conseil du Président Gbagbo ont été tout simplement refusées en accord avec le régime de M. Ouattara.
Lors d’une conférence organisée à Paris par le COJEP de M. Charles Blé Goudé, avec pour invité spécial l’avocat congolais maître Aimé KILOLO qui avait lui aussi été incarcéré à la prison de Scheveningen pendant 11 mois, l’avocat congolais avait clairement soutenu que le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé avaient des chances de sortir de là, mais à condition que le régime en Côte d’Ivoire change et qu’à sa tête il y ait une personnalité favorable à leur libération.
Cette logique, partagée par plusieurs observateurs de la scène politique ivoirienne est beaucoup plus claire et compréhensible car le cas du président kenyan en est une parfaite illustration. Toutes les charges contres lui ont été abandonnées par la procureure de la CPI puisque justement lui, (le président kenyan) étant aux affaires, des lois ont été votées par leurs députés et leur gouvernement y était aussi favorable. Alors, le changement de régime en Côte d’Ivoire, en cette année électorale 2015 doit être aussi une préoccupation des Ivoiriens et surtout tous ceux qui luttent pour la libération du Président Laurent Gbagbo.
Avons-nous la possibilité d’obtenir un changement de régime en Côte d’Ivoire par la voie démocratique ?
A cette question, nous pouvons répondre OUI. Tout se joue en ce moment au niveau de l’opposition ivoirienne. La réalité c’est que cette opposition réalise enfin qu’elle doit s’unir dans une large coalition anti-Ouattara pour être forte et obtenir les acquis d’une élection libre, transparente et démocratique. Notamment : la CEI, le conseil constitutionnel, la candidature de M. Ouattara, le code électoral, les listes électorales, la sécurité sur toute l’étendue du territoire etc…
La preuve, la nouvelle direction du FPI (Front Populaire Ivoirien) avec à sa tête le président Sangaré est membre de cette coalition. Donc jusque-là nous sommes tous d’accord qu’il faut un changement de régime en Côte d’Ivoire. Et si telle est le cas, nous pouvons croire que le Président Gbagbo ne sera pas contre une telle démarche.
Sauf qu’il y a en ce moment un ballet de visite qui s’opère en direction de la prison de Scheveningen par certains candidats déjà déclarés à l’élection présidentielle d’octobre 2015. Deux d’entre eux ont occupés de hautes fonctions en Côte d’Ivoire depuis 2011. L’un est député de la république et l’autre a été à la tête d’une institution qui devait réconcilier les Ivoiriens avec un budget de près de 16 milliards.
A aucun moment, depuis 2011, ces personnalités n’ont mis au centre de leur combat politique, la libération du Président Laurent Gbagbo qui est subitement devenu le centre d’intérêt de leur conquête du pouvoir. Pendant qu’ils étaient aux affaires avant l’année électorale, leur rang aurait pu servir de tribune pour faire entendre la voix de la libération de Gbagbo et cette voix serait certainement entendue.
Dans ce défilé pénitencier, il est important de ne pas mélanger les personnalités. Le ministre d’Etat Essy Amara, depuis 2011, dans l’ombre, car c’est un homme de l’ombre et très discret, a mené des démarches en faveur de la libération du Président Laurent Gbagbo. D’abord il a manifesté son opposition au transfèrement du président Gbagbo à La Haye en le signifiant directement par téléphone à M. Ouattara qui en a fait la sourde oreille.
Il a fait la même chose pour le ministre Charles Blé Goudé. En 2012, le ministre d’Etat Essy Amara, toujours dans l’ombre a mis à profit son carnet d’adresse pour entamer un certain nombre de démarches auprès de ses anciens collègues des nations Unies, des anciens chefs d’Etats et président d’institutions sur le cas de la libération du Président Gbagbo.
En 2013, il a officiellement saisie les organisations des Droits de l’Homme internationales et nationales en vue de la libération du Président Gbagbo pour entamer une vraie réconciliation entre les Ivoiriens. Toutes ces actions du ministre d’Etat Essy Amara ont été menées dans le but de ramener la paix et la cohésion les Ivoiriens, mais hélas !
C’est pour cette raison qu’il a décidé de lui-même de sortir de l’ombre et d’être à la lumière afin de concrétiser toutes ses actions de l’ombre. Le ministre d’Etat Essy Amara ira certainement voir son frère Gbagbo à La Haye, mais pas pour une visite électoraliste.
Il n’a pas attendu les élections avant de mener des actions en faveur de la libération de son frère Gbagbo. Alors s’il dit qu’il vient pour réconcilier les Ivoiriens, c’est qu’il le pense vraiment. Il faut une personnalité neutre pour réconcilier les Ivoiriens et cette personnalité, nous pouvons penser que le ministre d’Etat Essy Amara l’est.
Marie Pierre Fargaux