Alassane Ouattara n’est pas éligible pour l’élection présidentielle de 2015
À la veille des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, de nombreuses questions tendent à refaire surface, de l’éligibilité du Président sortant, Alassane Dramane Ouattara à la composition de la Commission Électorale Indépendante. Ainsi, l’environnement politique apparaît inadapté aux élections présidentielles à venir.
Se basant sur l’article 35 de la Constitution ivoirienne qui avait invalidé la candidature d’Alassane Ouattara en 2000, certains partis de l’opposition ivoirienne estiment que la Constitution n’ayant subi aucune modification référendaire, elle demeure d’actualité. En effet, selon l’article, le candidat à la présidentielle doit remplir plusieurs critères dont :
◾être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine
◾n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne
◾ne jamais s’être prévalu d’une autre nationalité
Par conséquent, « Alassane Ouattara n’est pas éligible pour l’élection présidentielle de 2015 », affirment-ils. Selon eux, le Président Alassane Ouattara n’a pu participer aux élections de 2010 qu’après l’application de l’article 48 de la Constitution qui l’autorisait « à titre exceptionnel » à se présenter. De ce fait, ils demandent une transition politique qui mènera le pays vers des élections transparentes.
Quant au président du parti d’opposition LIDER (Liberté et Démocratie pour la République) Mamadou Koulibaly, il semble se désolidariser des requêtes de ses camarades de l’opposition qui pourraient ramener le débat sur l’ivoirité. « Ouattara a voté en Côte d’Ivoire. Il est donc détenteur d’une carte nationale d’identité et d’une carte d’électeur », martèle-t-il.
Le Chef de l’État ivoirien, lui, a estimé que la transition réclamée par son opposition peut être assimilée à un appel à l’insurrection. Il a tenu à être ferme sur la question : « il n’y aura pas de transition en 2015 ».
En plus de l’article 35 qui semble diviser la classe politique ivoirienne, il y a également la question de la composition de la CEI. Le maintien de Youssouf Bakayoko à la tête de l’institution n’est pas du goût des adversaires d’Alassane Ouattara. En effet, le président de la CEI était déjà à ce poste lors des élections de 2010.
Selon l’opposition, il est peu crédible et a une grande part de responsabilité dans le déclenchement de la crise post-électorale qui a endeuillé le pays. La recomposition de la CEI et la démission de Youssouf Bakayoko sont des conditions préalables à la tenue d’élections crédibles dans le pays, soutient l’opposition. Le Gouvernement ivoirien semble ne pas partager cet avis. Lors d’un meeting à Séguéla (Nord Ouest de la Côte d’Ivoire), le Président ivoirien a lancé à l’endroit de ses opposants : « Tous ceux qui veulent des élections transparentes et apaisées savent qu’avec l’expérience et l’intégrité de Youssouf Bakayoko, c’est l’homme qu’il fallait à la place qu’il faut. Donc il est à sa place ».
L’intransigeance est de mise dans chaque camp, de sorte que la classe politique ivoirienne semble marcher dans les sillons du schéma électoral de 2010, une élection qui a provoqué la mort de plus de 3000 personnes et fait des milliers de déplacés. Le pays tout entier retient son souffle.
Berthe Bognini