Il n’est pas rare d’entendre autour de nous qu’untel a réussi dans la vie et que tel autre a réussi sa vie. Y-a-t-il une différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie?
Pour moi, réussir dans la vie, c’est s’assurer une situation confortable ou enviable dans la société (avoir un emploi, avoir les moyens nécessaires pour se loger, se déplacer, se nourrir, s’habiller, se soigner et s’occuper des siens) alors que réussir sa vie, c’est vivre en cohérence avec ses valeurs, principes et aspirations. C’est ici qu’intervient la morale.
On peut « réussir » dans la vie sans réussir sa vie. En effet, certains ont bâti leur réussite sur la souffrance ou le sang des autres, en exploitant, en tuant, en trichant, en trahissant des amis, en reniant leurs propres principes. Peut-on être fier d’une telle réussite? Non.
Mais on peut ne pas réussir dans la vie et réussir sa vie. Martin Luther King n’était pas milliardaire, n’avait pas plusieurs véhicules mais il a réussi sa vie en faisant ce à quoi il croyait de toutes ses forces: mettre fin à la discrimination raciale dans son pays. Je pourrais citer aussi l’exemple de Thomas Sankara qui en peu de temps au pouvoir a impacté positivement la vie de millions de Burkinabè.
On peut vivre avec peu de moyens et réaliser de grandes choses pour l’humanité à partir d’une vision ou d’un idéal. Car ce qui compte, en définitive, c’est l’héritage que chacun de nous laissera. Or l’héritage n’est pas que matériel. Quelle image avons-nous gardée de Mobutu, de Sankara ou de Rawlings?
Le plus important, à mon avis, est donc de réussir sa vie et non de réussir dans la vie.
Jean-Claude Djéréké