Ces Képis qui dirigent le Togo

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« Bien que la population voulait une alternance en 2005, les militaires ne le voulaient pas » rapporte un très proche de Faure au micro du Lynx. L’intéressé qui a pris sur lui de faire en 24 heures trois coups d’Etat, le répétât aux oreilles de qui veulent bien entendre chez les confrères de France Soir que : « s’il fallait recommencer [ndlr, coup d’Etat], je le ferai ». Faure n’a pas pris le pouvoir par une onction populaire. Ainsi, il n’a pas aussi des comptes à rendre à qui que ce soit dans la population. Les 62% des Togolais qui l’ont élu en 2010 et jamais remerciés peuvent se faire une idée ! Il sait qu’au lieu de venir s’arc-bouter sur une population qui a depuis tourné le dos à son père défunt, à lui et par ricochet à la famille Gnassingbé, il ferait mieux d’aller directement là où se trouve le pouvoir.

Du haut de ces képis, on peut sans coup férir dire que l’alternance est encore loin au Togo. Et Faure qui le savait à déjà averti au palais des congrès de Kara en 2005 entourés de ces hommes en képis : « Il faut trois mandats pour bien travailler pour le peuple ». Comme en 2005, il a eu besoin de ces képis pour s’asseoir royalement comme président. Peu avant les élections de mars 2010, qui ont vu sa réélection sur fond d’une contestation réprimée dans le sang, le prince était allé demander la bénédiction des hommes en képis. Pour fêter le nouvel an et se rassurer que les hommes en képis sont prêts à en découdre avec quiconque mettrait en péril son pouvoir, en 2011, il les a fait venir, et ils sont venus comme des moutons de panurge avec un rapport qui en dit long :

« Les militaires réaffirment leur fidélité au chef de l’Etat. Ils ont noté des avancées significatives dans la construction de l’Etat de droit, du renforcement de la démocratie et dans l’amélioration des conditions de vie et de travail des Togolais ». Les multiples cris d’une opposition sans repère sur les états généraux des Forces Armées Togolaises (FAT) et un changement de fond de l’armée comme le préconisait l’Accord Politique Global (APG) s’est soldé par un simple remaniement des postes dans la sphère militaire.

L’opposition togolaise toujours comme en 1990

Même Dieu des Armées est toujours du côté de l’armée qui a la meilleure artillerie. L’opposition togolaise qui semble n’avoir rien compris à la stratégie de conquête de pouvoir est aussi délabrée par sa manière de conduire la lutte que les treillis des soldats de rang de Faure. Demandez à Fabre, Agboyibor, Kofi Yamgnane, Agbéyomé, Abi Tchessa,  Péré Dahuku, Nicolas Lawson s’ils ont leurs propres hommes au sein de la grande muette. Ils vous répondront qu’ils ont la popularité et la Communauté Internationale. Dans ce duel Togo-togolais où d’un côté on a l’argent et la logistique militaire pour mater quand le besoin se fait sentir, il est à craindre que le pouvoir de Faure soit plus long que celui de son père. Avec Faure, l’armée peut toujours présenter, l’enfant qui a étudié économie à Paris-Dauphine avec un MBA à l’université de Georges Washington pour bien montrer le côté civil et intellectuel du pouvoir et en sous main faire gicler le sang. Tenez pour dit et suivez le regard du Lynx, la Communauté Internationale soutiendra, la France bénira. Et l’UE ouvrira les vannes du contribuable européen pour nourrir la dictature togolaise.

Une armée d’affairistes liée par un pacte secret

Au Togo, les officiers peuvent partir à la retraite et revenir quand le pouvoir vient à être grippé. On l’a vu en 2005 quand tous les apparatchiks de Faure ont remis les vieux treillis, arme au point, ceinture en bandoulière cherchant dans le tout Lomé ces Togolais qui refuseraient à Faure de les diriger. Des recoupements du Lynx, feu Gnassingbé avait un pacte secret avec tous les généraux et beaucoup d’officiers dans la hiérarchie militaire. Et ceci s’explique. De tous les officiers togolais, seuls les généraux Nabédé et Walla ne sont pas liés aux trafics de tous genres. Les plus grands dans le sérail qui ont toujours confondus treillis et argent sont les généraux : Gnofam, Titikpina, Mémène, pour ne citer que ceux-ci. Les officiers supérieurs avec rang de colonels, Lt- colonels, commandants et capitaines sont pour la plupart liés à des trafics abominables. Les câbles Wikileads recoupent un peu ces crimes secrets. Le rapport du général Zoumaro Gnofam sur le bateau PITEA suite au tonnes de drogue retrouvées mentionnent plus d’officiers Togolais que des civils. Ce n’est pas le Lynx qui le dit, les faits sont là. Une source de l’ambassade des Etats-Unis qui a requît l’anonymat confirme au Lynx : « Le problème au Togo est que ceux qui crient à la drogue sont aussi ceux qui la vendent. Votre portail se veut un site d’investigation. C’est pourquoi on vous a choisi pour en parler », avant de disparaître en laissant cette phrase: « L’armée togolaise est un condensé de dealers, de criminels, de voyous et de tribalistes ». Mais est-il toujours que rien ne se fait sans rien. Les Kabyès ont bien compris depuis la nuit des temps, qu’il fallait ce maillot militaire pour garder le pouvoir pour longtemps. On annonce pêle-mêle dans le même rapport 2010 que les FAT seraient composées environ 14.000 hommes. 11.000 hommes pour le nord seul. Les Kabyès se réservent la part qui leur revient de droit : 8000 hommes. On n’est pas loin d’une dictature que tout le monde sait déjà indécrottable. Et l’opposition togolaise qui est reconnue au monde comme la plus inconstante a du chemin à faire, un très long chemin encore pour prétendre prendre ce que les hommes en képis au Togo retiennent jalousement, sinon très jalousement : le pouvoir.

Camus Ali Lynx.info

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