Bouffonnerie électorale à l’UMP : C’est Gbagbo qui doit bien se marrer à Scheveningen !

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Crise post-électorale à l’UMP

Tout avait pourtant si bien commencé ! L’UMP était censée donner une belle leçon de démocratie à la France et au monde en cette journée du 18 novembre 2012. Quelle ne fut donc la stupéfaction générale quand vers 23h30, on vit Jean-François Copé, Secrétaire Général de l’UMP apparaître à la télé pour se déclarer vainqueur des élections, suivi quelques minutes plus tard de François Fillon, ancien Premier Ministre,  revendiquant la même chose ! Depuis lors, la bataille entre les deux protagonistes fait rage. La médiation d’Alain Juppé, créateur du parti n’y changera rien. Au grand dam des militants de droite, le combat homérique engagé entre les deux dauphins potentiels de Sarkozy est en train de mener leur parti vers une implosion. Par contre, pour les journalistes, les commentateurs et autres observateurs de la vie politique française, cette guerre des chefs entre Copé et Fillon est du pain béni. Chacun y va de son analyse.

D’aucun essaye d’expliquer les dessous de cette crise par des arguments relevant de la stratégie politique. Il s’agirait d’une opposition entre les stratège copéiste désirant rogner sur l’électorat de l’extrême droite et les tacticiens fillioniste pensant qu contraire qu’il serait plus judicieux d’aller chasser sur les terres centristes voir social-démocrates afin d’affaiblir François Hollande. Pour d’autres, il faut chercher les causes profondes de cette bataille fratricide dans les ramifications de la psychologie freudienne. On serait en train d’assister à un affrontement entre une droite décomplexée copéiste et une droite conventionnelle fillioniste, les deux droites étant cependant d’accord pour tuer le père Sarko ! Les plus méchants justifient ces hostilités par des arguments plus sonnants et trébuchants à savoir, la récupération de la poule aux oeufs d’or que constitue l’UMP, parti crée par Chirac et Juppé.

On se perd en conjectures quand à l’issue de cet affrontement au sommet. L’UMP éclatera-t-elle, laissant ainsi le champ libre au Front National de Marine Le Pen ? Fillon et Copé finiront-ils par trouver un terrain d’entente ? L’UMP légitimera-t-elle une victoire à la Pyrrhus de Copé ? Nos deux compères continueront-ils leur bataille au risque de voir un troisième larron du genre Sarko ou Juppé surgir pour s’emparer du jackpot ? D’ailleurs, Les observateurs avertis croient deviner que Sarko joue la carte du pourrissement pour se rendre indispensable dans la perspective des présidentielles de 2017.

De l’UMP à la Cote d’Ivoire

N’eusse été le parallèle tragi-comique qu’on est amené à établir entre l’élection du président de l’UMP et l’élection du président de république de Côte d’Ivoire en 2010, tous ces savants calculs, laisseraient de marbre tous les Africains, victimes sempiternelles de la politique française. Ils étaient donc nombreux, les Africains de France et de Navarre à suivre attentivement les élections à l’UMP, histoire de voir comment fonctionne une vraie démocratie. Quoi de plus logique puisque pour la première fois, une élection était organisée par le parti de Chirac, l’ami de l’Afrique qui jadis estima que cette dernière « n’était pas encore mure pour la démocratie ». Les Africains de métropole suivaient attentivement le déroulement des votes pour aller enseigner à leurs parents restés en brousse comment organiser des élections propres. Après tout, ces élections étaient organisées par le parti de Sarkozy, l’homme qui désirait tant faire « entrer le paysan africain dans l’Histoire » !

Manque de pot, ce 18 novembre, tard dans la nuit, tous ces observateurs avides de connaissances démocratiques durent déchanter. Ils ont été amenés à constater que L’UMP et l’Afrique, c’était « même pipe, même tabac ».

Ils se souvinrent brusquement de la position de la classe politique française dans sa quasi-unanimité réclamant une intervention militaire en Cote d’Ivoire pour résoudre un contentieux électoral. Le recomptage des voix réclamé dans le temps à cor et à cri par le président Gbagbo fut balayé d’un revers de main. Les médiations entreprises par l’Union Africaine et la Cedeao ne furent tolérées que du bout des lèvres par les parrains français mais l’on n’accorda aucune attention aux recommandations des médiateurs. Pourtant il y avait parmi eux des personnalités aussi illustres que Thabo M’becki (ancien Premier Ministre d’Afrique du Sud) ou Joseph Kokou Koffigoh (ancien Premier Ministre du Togo). La France de Sarko, Juppé, Fillon et Copé était claire : il fallait absolument bombarder Abidjan et renverser Gbagbo…

A l’UMP, le discours contre le régime Gbagbo était dur, guerrier et néocolonialiste. On se souvient encore de Nicolas Sarkozy bave aux lèvres, lançant un ultimatum de 24h au couple présidentiel Ivoirien pour quitter le pouvoir et faire place nette pour son ami Ouattara. Cet ultimatum ressemble étrangement à celui lancé par Copé à Fillon pour que ce dernier dissolve le groupe parlementaire qu’il venait de créer ! D’aucun dirait qu’on ne change pas les habitudes de la maison.

Aujourd’hui, ironie de l’Histoire, c’est à l’UMP qu’il y un contentieux électoral. C’est à l’UMP que Fillon accuse Copé d’avoir fraudé. C’est à l’UMP que Copé réclame l’annulation du scrutin des bureaux de votes où des fraudes ont été constatées (Gbagbo n’a pas réclamé autre chose pour les scrutins entachés de fraude au nord de la Côte d’Ivoire). C’est à l’UMP que deux candidats se proclament Président. C’est à l’UMP que les tentatives de médiation échouent. C’est à l’UMP que les militants souffrent et réclament la fin de cette bouffonnerie affligeante. Pourtant, on n’entend aucune voix s’élever pour réclamer la résolution de ce contentieux électoral par la force. On ne réclame ni l’envoie des CRS, ni l’envoie des policiers et encore moins l’envoie des militaires pour bombarder le siège du parti. Si on n’avait eu la même sagesse en Afrique, si on avait appelé au calme et au règlement pacifique de la crise, la Cote d’Ivoire aurait fait l’économie d’une guerre, et des milliers de vies humaines auraient été épargnées.

Bien que la Côte d’Ivoire soit un Etat et que l’UMP ne soit qu’un parti, la comparaison de la gestion du contentieux électoral dans les deux cas (ceteris paribus) et surtout les réactions de la classe politique française dans les deux situations illustrent à merveille le caractère profondément injuste et sournois de la Francafrique.

Gaëtan Gbati ZOUMARO

Coordinateur CRI-TD

Pays-Bas

 

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