Ouagadougou, Université Joseph Ki-Zerbo, 28 novembre 2017. « Il n’y a plus de politique africaine de la France! »…lançait Emmanuel Macron devant un parterre de 800 étudiants et dans un amphithéâtre stratégiquement populé pour la circonstance!
L’Afrique toute entière, défigurée par près de soixante années de Françafrique exhalait… Pour la sortie la plus importante du debut de son quinquennat, le président de la République française savait qu’elle importance attacher à sa rhétorique. Déguisé derrière un discours platonique, Macron affabulait, interrompu de temps à autre par des coupures intempestives d’électricité qui en disaient long sur l’échec cuisant d’une coopération trop intéressée de la France avec ses anciennes colonies. Le loup, dans le rôle de l’agneau, venait de se glisser dans la bergerie en nous déclarant qu’il n’était « fauve que d’apparence! »
L’épisode estudiantin de la première sortie de Macron en Afrique n’était que le cache-sexe pudique d’un périple qui devait le conduire à Accra le 30 Novembre 2017. Objectif : « draguer » les poids lourds anglophones de l’Eco, la nouvelle monnaie désormais piratée par Macron et ses potentats d’Afrique francophone.Dans un de nos composés précédents (Ante Bellum), nous avions évoqué la question de la subjugation de l’économie des Etats francophones d’Afrique par l’Élysée et ses multinationales impérialistes aux nombre desquelles se trouvent BOLLORÉ, TOTAL, ORANGE, BOUYGUES, AREVA, EDF et tutti quanti.
L’Aveu fatal
Le cas du Togo est un cas d’espèce qui désormais fait jurisprudence en Afrique. En effet, lorsque la juge française Isabelle Prevost-Desprez obtient un aveu du magnat francais Vincent Bolloré, corrupteur-en- chef au Togo dans le drame politico-financier du Port Autonome de Lomé, c’est un coup de tonnerre dans les cimes du Fouta-Djalon qui retentit!c’est la Boite de Pandore de tous les drames économiques et électoraux en Afrique francophone, qui vient d’être éventrée. Et comme il n’existe pas de corrupteur sans corrompu, la loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur.Bolloré n’est plus à présenter. C’est l’un des chefs de file des moteurs francafricains, nouvelle formule, avec Total, Areva etc, qui, contrôlent l’exploitation de plus d’une dizaine d’industries de souveraineté en Afrique francophone. Ils entretiennent des rebellions ou opérent des coup d’état constitutionnels cherchant à faire élire ou maintenir au pouvoir des africains corrompus. Pour ceux qui ne le savent pas, quasiment toutes les filiales africaines du groupe Bolloré en Afrique sont des ramifications locales du Renseignement français et des cellules africaines du Quai d’Orsay et de l’Élysée. Cette affiliation prive le gouvernement français de tout bénéfice du doute en ce qui concerne son implication dans les forfaitures du groupe en Afrique. Au Togo, Bolloré est un faiseur de roi. D’opérations de lobbying politique en manipulation de la presse française et étrangère, il apporte une caution précieuse au régime Faure qui n’a donc que faire des bulletins de votes.Le Port Autonome de Lome est passé à la trappe. Mais aussi le contrat juteux de l’audiovisuel qui, après un appel d’offres « annulé » par la HAAC en 2017, a vu comme par enchantement CANAL+ se dresser sur les cendres de MEDIA +. À la longue liste des entités Togolaises cédées à la France par Faure, s’ajoutent désormais la CEET qui serait en passe d’être engloutie par la française EDF.La grande question ici est de savoir comment nos États africains francophones, en l’occurrence le Togo, peuvent-ils se développer et offrir à la jeunesse et aux couches vulnérables et défavorisées de notre société, opportunités et bien-être si toutes leurs ressources et leurs efforts sont littéralement consacrés au soutien du niveau de vie de la France et des français chez eux, ainsi que de celui de leurs dirigeants? Le nouveau visage de la Françafrique est subtil. Il met en avant des stratégies mercantilistes et s’adosse sur des pantins complexés, adoubés à la tête de nos États. Aussi s’impreigne-t-il des motifs d’invasions terroristes et des rebellions pour justifier sa présence en Afrique.
L’Alibi du Terrorisme
Le plus jeune doyen des chefs d’État dans l’histoire de la sous-region a compris le message. Sa nouvelle trouvaille pour se rendre incontournable dans la region et se maintenir aux affaires pour longtemps encore c’est la lutte contre le terrorisme. Pour cela il est prêt à tout:- explosion du budget des FAT pour s’équiper outrageusement offrant à la France des contrats mirobolants d’achats d’armes et d’aéronefs contre une menace terroriste très hypothétique;- tournée dans toutes les garnisons pour annoncer le branle-bas de combat contre le terrorisme;- offensives diplomatiques doublées d’inutiles rencontres aux sommet afin de se positionner dans la région comme le chef de la riposte antiterroriste. – etc.
L’Effort de Guerre
En avril 2022, les français iront aux urnes pour élire un président de la République. Macron, candidat à sa propre succession va comme se doit la « tradition », recevoir le ballet des chefs d’Etat Africains qui doivent tout à la France. Ils arriveront les mâles bourrées de deniers du contribuable africain pour participer à l’effort de guerre en vue de la réélection du président sortant. Vous les verrez en gentils Bonobos, donner l’accolade à leur maître sur le perron de l’Élysée heureux d’avoir été reçus par celui de qui ils tiennent leur « légitimité « .Pour la circonstance, Macron a jugé bon de ramener la tenue du sommet France-Afrique, initialement prévu pour Novembre 2021 à Montpellier, à Juillet 2021, et pour cause!
Un Autre Sommet de l’infamie
En Juillet 2021 à Montpellier, la grande messe Francafricaine sera dite par Macron, en présence de l’essentiel des dictateurs inamovibles que regorge l’Afrique. Ce n’est pas l’effet du hasard si cette race de chefs d’état ne se retrouve principalement qu’en Afrique francophone.La supercherie de Macron envers l’Afrique ferra certainement peau neuve avec un autre discours d’ébeniste.Faure Gnassingbé y sera en première loge en tant que Doyen des chefs d’état francophones de l’Afrique de l’ouest. Pour celui qui n’a jamais gouverné pour le Togo mais plutôt pour la France à qui il doit entièrement et totalement sa place à la tête de l’Etat Togolais, c’est un rendez-vous à ne pas manquer!Macron lui fera t-il encore la promesse de le soutenir en fermant les yeux sur, les violations flagrantes des droits de l’homme et des libertés publiques au Togo, sur les crimes économiques et autres abus grotesques, contre sa contribution à saboter l’avènement d’une vraie monnaie unique en Afrique et ses largesses envers les milieux capitalistes français, au prix du mieux-être des Togolais?
Un an déjà…
Depuis le 22 Février 2020, sous la férule de Faure, presque rien n’a positivement changé dans le quotidien des Togolais. Au contraire. Mis à part la multitude de videos insipides et vides qui font en ligne, la publicité de la gouvernance de Victoire et de Faure, affirmant avec arrogance que « la pauvreté à été réduite de 50% au Togo, Faure n’a rien à montrer.
Les Togolais attendent toujours que la vérité des urnes, suite au élections du 22 février 2020 se manifeste quite à confirmer le président de la République de facto ou à ouvrir une transition vers le vrai vainqueur. Mais « en attendant Godot », la France se prépare pour un autre baiser de Judas avec l’Afrique comme victime expiatoire.
Jaurès Tcheou