La Libye détruite. Obama fait son « mea culpa » [ Mikhail Gamandiy-Egorov]

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Lorsqu’on approche la fin de son mandat présidentiel, il devient toujours plus facile de tenter de se donner bonne conscience. On avait beau à parler « d’exceptionnalisme » et de « mission particulière » des USA envers l’humanité, à un moment ou un autre, il faut bien se rendre à l’évidence.

Ou du moins tenter de se donner bonne conscience, voire sauver la face. Le président US sortant Barack Obama a déclaré tout dernièrement dans un entretien à la chaine Fox News, que « la pire erreur de sa présidence avait été le manque de suivi après l’intervention militaire de l’OTAN en Libye en 2011 ». Bien que considérant toujours (avec tout de même moins d’ardeur qu’avant) l’intervention « justifiée ».

Justifiée? Oui, bien sûr. Le pays ayant été l’un des plus stables de la région et du continent, leader en termes de niveau de vie en Afrique d’autant plus avec une politique sociale unique et où l’extrémisme était combattu avec succès, tout cela aujourd’hui n’est que du passé. Inflation constamment en hausse, pays divisé entre chefs de guerre, salaires des fonctionnaires payés avec beaucoup de retard, les ressources naturelles n’étant plus propriété du peuple libyen mais des multinationales occidentales, système de santé en déroute et Daech qui progresse rapidement (encore plus rapidement depuis les défaites en Syrie). Sans oublier l’immigration de masse (et pas seulement des migrants non-libyens qui transitent mais aussi les Libyens eux-mêmes qui fuient leur pays)…

Justifiée dites-vous? Alors que la Libye était durant l’ère du Guide Kadhafi un pays d’accueil des migrants, venants de différentes régions d’Afrique (et pas seulement), est aujourd’hui un Etat où les personnes à peau sombre font l’objet d’attaques racistes (aussi bien les ressortissants d’Afrique subsaharienne que les Libyens à peau sombre)… Mais tout cela les élites occidentales préfèrent faire semblant de ne pas voir.

Bref, que dire de ce semblant de mea culpa (ou de demi mea culpa) d’Obama? Sagit-il d’un regret sincère? Ou d’une simple tentative de sauver la face dans un monde ayant beaucoup changé? Probablement le second. Surtout au vu qu’il ne lui reste que quelques mois de présidence et surtout peut-être aussi en vue de redonner de la dynamique au camp « démocrate », loin d’être optimiste de remporter la prochaine présidentielle US.

De toute façon, après le chaos exporté en Libye, comme dans tellement d’autres pays du monde, peut-on parler de pardon? Il est à penser que non. Lorsque les élites d’un pays, accompagné de leurs satellites, continueront de penser avoir « un rôle spécial » pour l’humanité, cette même humanité ne pourra guère dormir tranquille. Lorsque un groupe de pays, communément appelés l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, qui aurait dû disparaitre parallèlement au Pacte de Varsovie (ne parlait-on pas de la fin de la guerre froide?), continuera à faire, ou du moins essayer de continuer à faire sa loi, le pseudo mea culpa occidental ne restera que dans le cadre de paroles hypocrites.

Faut-il le rappeler également, Obama n’avait pas manqué de critiquer le mois dernier Cameron et Sarkozy pour ce même manque de « suivi » d’après-guerre (ou plutôt après destruction de l’Etat libyen): « Lorsque je me demande pourquoi cela a mal tourné, je réalise que j’étais convaincu que les Européens — étant donné leur proximité de la Libye — seraient plus impliqués dans le suivi », déclarait Obama. Mais cela n’a rien de nouveau et ne fait que confirmer une fois de plus l’état de servitude des dirigeants ouest-européens envers Washington: le maître ordonne, les sous-traitants appliquent et en cas d’échec doivent en assumer la responsabilité.

Heureusement et une bonne partie de l’humanité le sait, le monde a effectivement changé depuis. Et a vu apparaitre des forces qui ont su prendre (ou reprendre) le rôle d’opposition au diktat néocolonial incontrôlé. La Russie et la Chine portent aujourd’hui ce rôle. Et avec eux, les peuples et les nations ayant décidé eux aussi de s’opposer à ce diktat. La Syrie, bien que martyrisée énormément, a malgré tout évité jusqu’à maintenant ce fameux scénario libyen. Et il est à croire qu’elle l’évitera et se lavera de ses souffrances, des souffrances importées de force eux aussi.

Obama a beau parler. L’effet d’Obamania n’est bien qu’un vieux souvenir. Nombre de ses citoyens, comme de personnes à différents endroits du globe, avaient espéré à voir en lui un président US qui cherchera la paix. Il n’en fût rien. La politique extérieure étasunienne n’est pas prête à changer.

La Libye est dans le chaos et rien ne prédit une amélioration de son état à court-moyen terme. La Syrie martyrisée mais sauvée jusqu’à maintenant du scénario catastrophe grâce à la résistance de son président, son armée, son peuple et ses alliées. Reste à espérer que désormais, d’autres pays encore seront sauvés des appétits criminels de ceux qui se présentent en « bienpensants » de l’humanité et qui prétendent promouvoir des « valeurs universelles ». Des valeurs tellement lointaines de ce qu’il en advient vraiment.
Ce n’est pas de vos mea culpa que le monde a besoin. C’est surtout que vous le laissiez en paix.

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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