Arrestation de Gilbert Diendéré : Il faut vivement retrouver la deuxième boîte noire

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En définitive, les racines du système Compaoré correspondent à la deuxième boite noire qu’il faut nécessairement retrouver

 

Au lendemain de la victoire du peuple burkinabè sur l’indécente et malheureuse intrusion de l’ex-RSP dans le déroulement de la Transition, la politique a repris ses droits. En effet, presque tous les partis, ou du moins ceux qui bénéficient encore des faveurs de l’opinion, se sont signalés à travers des déclarations, des conférences de presse ou des visites à des média affectés par l’innommable sortie des éléments de ce qui était considéré comme le « membre cancéreux » de notre Armée. De ces différentes sorties, deux propos ont attiré notre attention que nous nous proposons d’analyser.

Tirant les leçons de ces événements, Monsieur Simon Compaoré, 2eme Vice-président du MPP, a soutenu qu’avec la dissolution du RSP, on venait d’arracher les racines de l’arbre du système Compaoré ; l’insurrection n’ayant consisté qu’à en couper les branches. En d’autres termes, c’est la défunte garde prétorienne qui alimentait le reste du régime. De son côté, Monsieur Nestor Baissière de l’UNIR/PS, soutient qu’avec le Général Dienderé aux arrêts, on tient ainsi « la boîte noire du système Compaoré ». Pendant que le premier use de la botanique pour se faire comprendre, le second recourt à l’aéronautique.

En prenant l’exemple de l’arbre, le Vice-président du MPP nous apprend qu’à son image, le régime de Blaise Compaoré avait deux parties. Cette comparaison pose à notre avis un problème scientifique. En effet, dire que l’arbre comprend deux parties ne nous satisfait pas car, nous avons toujours appris qu’il en compte trois : les feuilles, le tronc et les racines. Nous sommes parfaitement d’accord que le système Compaoré ressemblait à un arbre avec exactement le même nombre de parties. Blaise et son dernier cercle correspondent effectivement aux feuilles emportées par l’insurrection. Logiquement, avec le harakiri des locataires de Naaba Koom II, nous venons d’assister au départ du tronc et il reste à rechercher les racines qu’il faut déterrer. Le tronc et les feuilles ont le malheur d’être visibles et facilement repérables !

Pour trouver les racines qui leur ont assuré santé et longévité, il faut être attentif à l’histoire et au fonctionnement de ce système. Pour notre part, nous dirons que l’ex-RSP a été conçu par des hommes (essentiellement des civils) qui avaient une vision de la politique avec la violence comme moyen de soumission des adversaires. Blaise Compaoré ressemblait au Zeus de la Grèce antique, entouré de ses innombrables enfants, légitimes et incestueux. Les enfants légitimes constituaient les piliers du système en tant que concepteurs. Ils étaient à toutes les phases du système dont ils n’ignorent aucun secret. Ils en étaient les « racines principales ». Ils constituent les racines qu’il ne faut pas commettre l’erreur de laisser repousser. Même si nous ne pouvons pas les déterrer, nous devons tout faire pour qu’elles ne donnent plus jamais naissance à un nouveau tronc et à un autre Zeus. Laissons-les pourrir là où elles sont aujourd’hui dissimulées. Quand aux enfants incestueux, « les racines secondaires », on leur faisait appel selon les circonstances. Leur participation aux affaires alternait avec des périodes de disgrâce. Ils étaient conditionnés pour être autant à l’aise dans l’opposition que dans la majorité.

Il suffit de considérer seulement les trajectoires d’Hermann Yaméogo et de Namdouda Gilbert Noel Ouedraogo pour s’en rendre compte.

Pour ce qui est de l’image prise par Nestor Bassière, elle suggère que, le système ayant explosé comme un avion, détenir le Général putschiste, équivaut à en trouver la boîte noire. Il a parfaitement raison en le comparant à la boîte d’un avion. Toutefois, il aurait dû dire « une » et non « la » boîte noire. En effet, sauf ignorance de notre part, un avion (surtout un long-courrier comme le régime Compaoré) est toujours équipé de deux boîtes noires. Pour que la comparaison soit complète, il faudrait admettre que le putschiste constitue, non pas l’unique mais une des deux boîtes noires. Comme les racines, la deuxième boîte noire doit être retrouvée et analysée. N’est-ce pas qu’à tout espionnage correspond un contre-espionnage ? Si le Général Dienderé peut être considéré comme « la boîte noire sécuritaire et militaire », d’autres informations se trouvent dans « la boîte noire civile, politique et intellectuelle ». Les enregistrements de la première seront certifiés par ceux de la deuxième. En effet, la partie civile est celle qui a tout conçu ; toute arme ayant d’abord été théorisée avant d’être matérialisée. Les informations que fournira le Général Dienderé ne seront fiables que si elles sont complétées par celles détenues par la partie qui a défini sa mission.

En définitive, les racines du système Compaoré correspondent à la deuxième boite noire qu’il faut nécessairement retrouver. Si nous sommes conscients de cette nécessité, la tâche en sera facilitée. Pour cela, il suffit de se rappeler qu’avec le « crash », certaines pièces (dont l’une des boîtes noires) peuvent se retrouver loin du lieu de l’impact. C’est ce que Newton Ahmed Barry,dans sa chronique du 02 octobre 2015, disait en estimant qu’avec l’arrestation du Général, on venait de mettre la main sur les « tueurs » et qu’il restait maintenant à retrouver les « voleurs ».

BANDAOGO Abdoul-Karim

, Etudiant à l’Institut des Hautes Etudes Internationales, Loumbila, Burkina Faso. E.mail : bandoul2000@yahoo.fr ; 78105585

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