Apologie de l’Imposture : Quand journalisme thérapeutique et censure alimentaire font bon ménage !
L’un s’appelle Venance, l’autre Eugène. Une combinaison qui marche à coup sûr. Et pourquoi pas ? Ils souffrent tous les deux du même mal : la perte de mémoire. Enfin ; c’est ce qu’ils veulent plaider. Les juristes nous disent qu’en droit, la perte de mémoire ou la folie passagère sont d’excellentes excuses atténuantes voire absolutoires. Or Venance lui est juriste, Eugène ne se débrouille pas mal en journalisme. Alors l’un mis dans l’autre, l’un conseillant l’autre, cela donne une excellente cacophonie sans éthique.
Mais que voulez-vous ? Il y a plusieurs formes de journalismes. Il y a une certaine forme de journalisme qui se pratique sans éthique : c’est le journalisme griot, le journalisme d’apologie, le journalisme de la main tendue, le journalisme impérialiste, le journalisme de l’arrivisme, le journalisme du suivisme ethnique, le journalisme de l’imposture, le journalisme alimentaire. Ce genre de journalisme ne s’adosse à aucune idéologie politique, à aucune conviction, à aucune valeur ; l’éthique, la valeur morale, le choix idéologique sont le credo du journalisme citoyen, du journalisme professionnel, non celui du journalisme qui se fait chantre, sans état d’âme, pour claironner les éloges de celui qui donne à manger, fût-il un goujat et imposteur.
Venance est un vétéran de ce journalisme alimentaire. Et ses méthodes sont sans appel. Parce qu’il fait toujours un appel du pied. Il signale sa présence. Il rode encore et encore. Jusqu’à ce que l’on lui jette quelques os. Mais Venance a tout de même du potentiel à revendre. Il ne tarit pas en inspiration. Et il est doté d’une souplesse qui lui permet de faire des parades à 360 degrés. Autrefois chantre de l’Ivoirité, combattant engagé contre l’Imposture, Venance est devenu aujourd’hui le chantre de cette même Imposture. Non parce qu’il se serait trompé, mais simplement parce qu’il y a à manger de ce côté-là de nos jours. Sacré venance ! Toujours égal à lui-même.
Sans aucune honte dans son regard scintillant l’appétit du gain sans honneur, Venance tient un excellent fonds de commerce qui lui garantit une assiette toujours pleine : le journalisme alimentaire anti-GBAGBO. Mais pourquoi voulez-vous que Venance renonce à ce business qui lui permet de payer l’école des enfants, de s’offrir des vacances hors d’Afrique, de s’habiller et de se loger ? Même si on n’aime pas Venance, ne lui demandons pas de laisser tomber son gagne-pain. Tout de même !
Mais Venance ne manque pas de génie. Il a su trouver un remède à un problème qui le ronge depuis toujours et qui lui donne le sentiment d’être insuffisamment le mâle qu’il rêvait d’être. Lisez bien Venance. Il se soigne. C’est pourquoi il s’attaque sans vergogne à GABGBO, le Bagnon, le viril dit-on. Quand on a un problème insurmontable de virilité comme celui de Venance, on est toujours tenté de démontrer qu’on est un mâle, un vrai ; même là où cette démonstration n’est que pure vanité, il se sent le devoir de se mettre en spectacle. C’est ça le journalisme thérapeutique.
Quand tu pratiques ce genre de journalisme, tu te condamnes à manger sans cesse tes totems. Cela signifie renier les idéaux d’hier. Par exemple, Venance sait très bien que les Singo Maningan, Allou Konan, N’Zi Kan et bien d’autres ont juste entendu parler d’école. Ils n’y ont jamais mis les pieds. Cependant, ils ont été faits hauts cadres de l’Administration ivoiritaire qui l’alimentait hier. Aujourd’hui avec sa perte de mémoire, Venance se souvient que de Tapé Doh, qui a du s’asseoir quelques courtes années sur un banc d’école, est moins méritant que les irréductibles analphabètes évoqués ci-dessus. Venance est tellement débordant de mépris contre Laurent GBAGBO qu’il oublie même que Monsieur Tapé Doh qu’il brandit comme un symbole de mauvaise gouvernance, reste un militant du PDCI, ce jardin secret dans lequel il arrosait aux moyens d’articles parfois plein de sens, le concept de l’Ivoirité.
Mieux, Venance sait aussi que Koné Massamba est réparateur de congélateurs. Mais il a été bombardé ministre sur proposition du MPCI rebaptisé FRCI par son fondateur, Forces rebelles au sein desquelles il voit la nouvelle crème de l’intelligentsia ivoirienne. C’est vrai, dans le conglomérat de bandits à main armée ou à col blanc au service duquel Venance travaille aujourd’hui corps et âme, des ministres en activité et des soldats du rang promus officiers supérieurs, ont le niveau Analphabète plus 6 ou 7. Mais cela ne dérange pas Venance. Dès lors que son admiration manifestée à cette pratique abjecte lui vaut un juteux poste de directeur génial, non, que dis-je, directeur général.
Comme vous le voyez, dans l’exercice de ce journalisme thérapeutique, cette trouvaille de Venance dont il est le seul à en avoir le secret, l’adepte n’a point besoin de croire en quoi que ce soit. Il faut juste s’attaquer à Laurent GBAGBO, pour faire bonne figure, donner l’air d’être viril. Cela permet de recueillir quelques ovations en passant. Alors laissez tomber. Venance a besoin de se soigner. Il est un homme malheureux et désespéré qui a besoin qu’on ne doute point de sa virilité et de sa loyauté à l’Imposture.
Mais comme la charogne attire les mouches, Venance a été rejoint par son copain. Celui-ci s’est rendu compte que l’éthique ne nourrit pas Madame, maîtresses et enfants. Lui a donc choisit de faire de la censure alimentaire tout court. Le journalisme thérapeutique, à son âge, ne sert plus à rien. Ça aurait été peine perdue. Il a donc choisit de donner dans la censure alimentaire à l’état brut. N’en déplaise à quiconque prétend être un journaliste. Ne dit-on pas qu’ »un journaliste qui ne dérange pas n’en est pas un « ? Et alors. Venance dérange du bon côté. Que voulez-vous alors ? Personne ne prépare sa retraite avec des ovations ou des félicitations. C’est ce qui tombe dans la poche, dans le compte bancaire, dans le ventre de la famille qui est la Vérité ontologique. Alors s’il vous plaît, laissez le vieux préparer ses vieux jours.
Et puis quel est le problème contre Venance et Eugène ? Ça c’est moi qui vous le demande. Ils ont perdu la mémoire. De temps à autres, ils perdent même la tête au point de traiter certains ivoiriens d’imbéciles croyant au retour de Laurent GBAGBO. Ils vont jusqu’à traiter d’idiots ceux qui demandent que les lois nationales soient respectées afin que subsiste un Etat de droit qui à l’époque, lui permettait d’injurier sans être inquiété. Ils me répondront qu’un certain Kieffer aurait été inquiété. Mais par qui ? car celui-là, dit-on colonel de l’Armée française, se faisant passer pour un journaliste Expert en café et cacao, a disparu au moment où il a fait des révélations sur des opérations de spéculation non orthodoxes réalisées par le beau fils de l’Imposteur, lequel est patron d’une société anglaise de négoce de Cacao.
Alors, occupons nous de la Révolution Permanente, du combat panafricaniste, de la lutte contre l’imposture coloniale, du combat contre la razzia de l’Afrique. C’est pourquoi je vous prie de laisser ces deux bougres se soigner et s’alimenter. On ne raisonne pas quelqu’un qui a perdu la raison d’être raisonnable. Ni Venance encore moins Eugène ne changeront en ces jours mielleux pour eux. Mais soyez en rassurés, ils sauront se taire quand le moment viendra.
A très bientôt.
Hassane Magued